| DÉMANGER, verbe trans. Démanger qqn ou à qqnA.− [Le suj. désigne la cause de l'irritation] Être cause d'une irritation qui donne envie de se gratter. Quand le temps vient à changer, sa plaie lui démange (Ac.).Ses boutons de la nuit le démangèrent (Gide, Caves Vatican,1914, p. 777): 1. ... elle m'a lancé de la boue sur la joue, des gouttelettes de boue qui me démangent comme de l'urticaire, ...
Vercel, Capitaine Conan,1934, p. 239. ♦ P. métaph. : 2. ... je suis toujours un bêta de français, et mon vieux chauvinisme me démange sous ma septième peau comme une gale rentrée.
Hugo, Correspondance,1853, p. 147. − Au fig. Provoquer chez quelqu'un une forte envie de faire quelque chose. L'envie de la tuer démangeait Augustin (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 117). ♦ Emploi passif. Être démangé. Être démangé du désir de. Avoir grande envie de. Il suffit d'acheter un makhilàs neuf pour que l'on soit aussitôt démangé du désir d'en éprouver l'élasticité en rompant l'échine à son meilleur ami (Jammes, Mém.,1921, p. 78). B.− [Le suj. désigne la partie du corps où est éprouvée l'irritation] Faire éprouver une irritation qui donne envie de se gratter. La peau du corps lui démange sous les vieilles bandelettes qui la serrent (Flaub., Tentation,1849, p. 473).Vieux chevaux (...) à qui le dos démange en été (Claudel, Endormie,1883, p. 17). − Au fig. Faire éprouver le besoin de faire quelque chose. Les doigts lui démangeaient déjà de ne plus écrire (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 4, 1859, p. 64). ♦ Expr. La main me démange. Il me prend envie de battre. La langue me démange. Il me prend envie de parler. Mais la langue lui démangeait tellement, qu'elle reprit bientôt (Zola, Faute Abbé Mouret,1875, p. 1218).Il y a des fous dangereux, et j'en connais un que la main lui démange de vous envoyer un pastisson! (Pagnol, Marius,1931, I, 10, p. 85). − Impers. Cela me démange de; il me démange de. Il nous démange de savoir de quelle couleur était sa barrette (Musset, Lettres Dupuis Cotonet,1836, p. 674). Rem. On rencontre ds la docum. a) démangeant, ante, adj. Qui démange. Les midges, c'est une espèce de petit moucheron aussi venimeux que des serpents à sonnettes qui vous assaillent par millions et vous font venir sur la peau du visage et des mains des chaînes de montagnes horriblement démangeantes (Mérimée, Lettres ctesse de Boigne, 1870, p. 130). b) Démangeur, euse, adj. Qui démange. Et, dès le matin, l'œil à la piste, la main démangeuse, le serviteur de police, (...), était sur la place de la Bastille (Balzac,
Œuvres div., t. 2, 1850, p. 406). Prononc. et Orth. : [demɑ
̃
ʒe], démange [demɑ
̃:ʒ]. Prend un e devant a et o dans la conjug. : démangeait, démangeons. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1227 « ronger, mordre, dévorer » (G. de Coinci, Miracles, éd. V. F. Kœnig, Mir. ND, I Mir 11, 926 et 1012) − 1571 (Belleforest, Secr. de l'Agric., p. 31 ds Gdf.); b) dernier quart xiiies. « picoter, faire sentir ou sentir une démangeaison » (Lexique Abavus ms. Douai 62, éd. ds M. Roques, Lexique fr. du Moy.-Age, t. 1, p. 54, 2122); 2. xiiies. [date ms.] au fig. « tourmenter, obséder, exciter » (Herbert, Lucidaire, Richel. 2168, fo233 vods Gdf.), attest. isolée; xves. id. (Eloy d'Amerval, Diablerie, éd. Ch. F. Ward, 59 a ds IGLF); xvies. « exciter, pousser à agir » (Du Bellay,
Œuvres, éd. H. Chamard, IV, 194, ibid. : Tousjours le style te demange). Dér. de manger*; préf. dé-* (lat. de). Fréq. abs. littér. : 97. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, passim. − Goug. Mots t. 3 1975, p. 254. |