| DÉLUSTRER, verbe trans. A.− TECHNOL. Débarrasser (une étoffe) du lustre donné par l'apprêt ou l'usure. Synon. décatir; anton. lustrer.Pour délustrer la manche, il faut tordre la pattemouille le plus serré possible, poser la pattemouille et passer le fer légèrement (Dreyfus, Manuel apiéceur,ant. à 1953, p. 38). − P. ext. Ternir, ôter l'aspect brillant (de) : La toiture de feuilles (...) laissait insidieusement filtrer sur les réfugiés des rameaux, sur les hôtes familiers des branchages des filets de pluie qui délustraient les plumages et engourdissaient les ailes.
Pergaud, De Goupil à Margot,1910, p. 181. ♦ P. métaph. Peut-être aurais-je aussi quelque blason illustre Qu'une rouille de sang à cette heure délustre (Hugo, Hernani,1830, I, 2, p. 11). Rem. Certains dict. gén. (Lar. 20e, Lar. encyclop., Lar. Lang. fr., Quillet 1965) attestent le subst. masc. délustrage « action de délustrer ». B.− Au fig. [Le compl. désigne une pers.] Faire perdre à quelqu'un le brillant de son allure ou de son esprit. Tu pourrais croire qu'aux yeux du monde, mon mariage m'a délustré, m'a décati, comme dirait M. Poirier : rassure-toi, je suis toujours à la mode... (Augier, Gendre M. Poirier,1854, II, p. 223). Prononc. et Orth. : [delystʀe], (je) délustre [delystʀ
̥]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. I. 2emoitié xviies. « enlever du mérite à (quelqu'un) » (MmeDemotteville, Mémoires, Portrait de la reine, p. 12 ds Littré). II. 1823 « enlever (à un textile) l'aspect luisant » (Boiste). I dér. de lustre « éclat, ce qui met en valeur » p. oppos. à enlustrer « éclairer, mettre en relief » (Hug.). II dér. de lustre*; préf. dé-; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 3. Bbg. Gohin 1903, p. 371. |