| DÉJETER, verbe trans. A.− [L'obj. désigne un inanimé concr., notamment un bois] Écarter de sa position, de sa situation naturelle, en faisant subir une déviation. Synon. gauchir.La chaleur du climat, qui déjette les grandes pièces de bois (Nerval, Voy. Orient,t. 3, 1851, p. 318). − Emploi pronom. à sens passif. Se courber, se contourner. Oliviers nains, (...) dont les branches se contournent, se déjettent (Zola, Dr. Pascal,1893, p. 50). B.− [L'obj. désigne une pers. ou une partie du corps humain] Déformer en faisant subir une déviation. Une génuflexion qui lui déjetait la taille (Zola, Faute l'Abbé Mouret,1875, p. 1221).Renoir, (...) déjeté par le rhumatisme (Faure, Esprit formes,1927, p. 128). − Emploi pronom. ♦ à sens passif. Sa colonne vertébrale s'est un peu déjetée (Ac.1878-1932). ♦ réfléchi, p. métaph. L'homme en se développant, s'est déjeté; il s'est déjeté tant d'un côté, par la prédominance de la vie cérébrale (Taine, Voy. It.,t. 2, 1866, p. 165). Prononc. et Orth. : [deʒ
əte]. Dans le lang. cour. on entend [deʒte] (cf. Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930, Pt Rob., Warn. 1968, Lar. Lang. fr.) ou encore [dε
ʒ
̂te] (cf. DG et Warn. 1968). Fait partie des verbes qui changent [ə] muet en [ε] ouvert suivi de consonne double devant syll. muette : déjette [deʒ
εt]. Fér. Crit. t. 1 1787 admet également déjète. Verbe admis ds Ac. 1694 et 1718, s.v. déjetter; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. Ca 1050 « jeter à terre » (Alexis, éd. Chr. Storey, 427); ca 1100 « rejeter, repousser » (Roland, éd. J. Bédier, 226) − xvies., Hug.; n'est plus employé que dans le sens technol. de « courber, déformer » (1553, J. Martin, Archit. Albert, p. 44 vods IGLF : les marbres se dejettent et estordent) et surtout en parlant du bois (Oudin, Tresor des deux lang. espagnolle et françoise, 1660); p. ext. du corps humain (Boiste 1819). Composé de dé-* et de jeter*; cf. le b. lat. dejectare « renverser » fréq. de dejicere, composé de de + jacere. Fréq. abs. littér. : 4. Bbg. Piron (M.). Les Belgicismes lexicaux. In : [Mél. Imbs (P.)]. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1973, t. 11, no1, p. 299. |