| DÉGREVER, verbe trans. Décharger une personne ou une chose des taxes ou impôts qui la grèvent. Synon. exonérer, exempter; anton. grever.Un autre [veut] qu'on dégrève les boissons (Flaub., Bouvard,t. 2, 1880, p. 48):Le paysan veut être dégrevé, l'ouvrier veut des retraites. Or, on ne pourrait pas établir des retraites sans grever le paysan.
Renard, Journal,1907, p. 1125. − P. métaph. Des âmes que rien ne dégrève et que tout afflige (Huysmans, Cathédr.,1898, p. 351). − En partic. Dégrever un immeuble. Éteindre l'hypothèque qui grève un bien immeuble. Quatre fermes (...) dégrevées de toute hypothèque, constitueraient un revenu de huit mille trois cents francs (Maupass., Une Vie,1883, p. 228). Prononc. et Orth. : [degʀ
əve], (je) dégrève [degʀ
ε:v]. Fait partie des verbes qui changent [ə] muet en [ε] ouvert devant syll. muette sauf au fut. et au cond. dégréverai(s). Ds Ac. 1835, s.v. dégréver; pour cette forme, cf. aussi ds Littré qui transcrit dé-gré-vé mais qui note que l'accent aigu ds Ac. peut être une simple faute d'impression (pourtant, cf. aussi Lar. 19equi note également l'accent aigu). Ds Ac. 1878 et 1932 sous la forme dégrever. Étymol. et Hist. 1. a) 1319 fr.-prov. degraver « dédommager, indemniser » (Archives de Fribourg, aff. eccl., no2; Festschr. Morf, 273 ds Gdf. Compl. et Pat. Suisse rom.) − xviiies., ibid.; b) 1795 « diminuer un impôt, une taxe » (Circulaire de la Commission des Revenus Nat., 5 févr. ds Brunot t. 9, p. 1089, note 4); c) 1863 « éteindre les hypothèques qui grèvent une propriété » (Littré); 2. ca 1450 « décharger, délivrer » (Mistere du Viel Testament, XXX, 27071, III, 424 ds IGLF) − 1641 (Richelieu, VI, 751 ds Haschke Richelieu, p. 73); repris en 1840 (Balzac, Z. Marcas, p. 426). Dér. de grever*; préf. dé-*. Lat. médiév. degravare au sens 1 a en 1300 dans le Dauphiné (Du Cange). Fréq. abs. littér. : 15. |