| DÉGOMMER, verbe. A.− Emploi trans. 1. [Le compl. désigne un nom de chose] Enlever la gomme de (quelque chose). Dégommer une enveloppe de lettre, un timbre-poste (Ac.1932).Dégommer une vignette (Lar. Lang. fr.). De ses gros doigts aux cornes jaunes, il dégomme, avec dextérité, les enveloppes qui l'intéressent (Martin du G., Vieille Fr.,1933, p. 1066). − P. ext. Décoller. C'est trop drôle. Tu vas me faire dégommer mes cils (Colette, Chatte,1933, p. 124). − Arg. ,,Briser, jeter bas`` (Esn. 1966) : ,,Dégommer une porte, un chapeau`` (Esn. 1966). − Spécialement a) TEXT. Enlever l'enduit gommeux des cocons de vers à soie. Synon. décruser (la soie).Dégommer la soie (Lar. 19e). b) LITHOGRAVURE. Pour le [tirage] d'une gravure on peut dégommer la pierre avant de faire disparaître l'encre de conservation (Chelet, Lithogr.,1933, pp. 111-112). c) AUTOMOB. Décoller les segments du piston (à l'aide de la manivelle) pour faciliter le démarrage. Dégommer le moteur (Quillet1965). 2. Au fig. et fam. a) [Le compl. désigne une pers.] Destituer (quelqu'un) de ses fonctions. Dégommer un général. Synon. fam. limoger.Il n'est pas officiellement dégommé, mais il se regarde comme l'étant (Goncourt, Journal,1896, p. 954).C'est un coup qu'il a monté pour dégommer le député! (Colette, Cl. école,1900, p. 258).Vers cette époque y a eu la crise, j'ai bien failli être dégommé du dispensaire (Céline, Mort à crédit,1936, p. 34): ... il y a des chances pour que ce soit de la politique, et de là à être dégommé, expulsé il n'y a qu'un dixième de millimètre.
Valéry, Corresp.[avec Gide], 1895, p. 233. − P. ext. Surpasser, supplanter. Synon. dégot(t)er.Vous aviez, mesdemoiselles, des pelures renversantes, quoi! (...) vous dégommiez Fleur de Botte (Villars, Préc. du jour,1866, p. 27).Aussi traversa-t-il brillamment les éliminatoires et challenger dégomma le champion (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 61). b) Emploi pronom., arg. − Sens réciproque. ,,S'entre-tuer`` (France 1907). − Sens réfl. ,,Vieillir, perdre de ses cheveux, de son élégance, de sa fraîcheur, au propre et au figuré`` (Delvau 1972). Je me rouille, je me dégomme (Labiche, Deux papas,1845, I, 1, p. 387). B.− Emploi intrans., région. (Suisse). Quitter un lieu. ,,Il a dû dégommer; on l'a fait dégommer`` (Pierreh. 1926). Prononc. et Orth. : [degɔme], (je) dégomme [degɔm]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1. 1653 « débarrasser (une chose) de la gomme dont elle est enduite » (A. Oudin, Recherches italiennes et françoises, s.v. sgommare d'apr. DG); 2. 1833 fig. « destituer quelqu'un » (Balzac, Méd. camp., p. 93). Dér. de gomme*; préf. dé-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 6. Bbg. Quem. Fichier. − Sain. Lang. par. 1920, p. 373. |