| DÉGAÎNER,(DÉGAINER, DÉGAÎNER) verbe trans. A.− Sortir d'une gaine, d'un étui, etc. 1. Rare. Dégainer ses bésicles; dégainer une bannière. − Je ne sais comment nommer l'animal, − qui se déclare bon chrétien et dégaine volontiers son chapelet (Bloy, Journal,1900, p. 27). − Proverbe. Il ne frappe pas comme il dégaine. Il est plus terrible en menaces qu'en actes (cf. J.-F. Rolland, Dict. mauv. lang., 1813, p. 49). 2. Usuel et fam., en partic. Sortir de son porte-monnaie, donner. Le grand maigre a dégaîné cent sous à l'ogresse (Sue, Myst. Paris,t. 1, 1842-43, p. 124). − Absol. N'aimer pas à dégainer. Être avare (cf. Hautel t. 1 1972). B.− En partic. [Le compl. désigne une arme blanche] Tirer de son fourreau. Dégainer une épée, un sabre; dégainer un couteau. Arthur tira un petit poignard de sa poche et le dégaina fort tranquillement (Ponson du Terr., Rocambole,t. 3, 1859, p. 169). − P. anal. [Votre conscience] au lieu de me faire un crime d'avoir dégaîné la plume contre les Ultra, me saura gré, au contraire, de m'être chargé courageusement (...) d'une tâche pleine de défaveurs (Desmoulins, Vx Cord.,1793-94, p. 274). − Rare. [Avec un compl. d'obj. interne] ♦ Combattre quelqu'un : 1. ... il [Carrel] avait la simplicité de se regarder (...) comme venant après les écrivains qu'il devançait : il soutenait avec son épée les opinions que ces gens de plume dégainaient.
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 3, 1848, p. 577. ♦ Mettre en action : 2. La vieille (...) s'élança entre les deux adversaires et profita de l'occasion pour dégaîner le grand jeu pathétique inventé par elle, qui consistait à roucouler sur divers tons...
Bloy, La Femme pauvre,1897, p. 26. − Absol. Tirer une épée, un poignard, etc., de son fourreau pour se battre, se bagarrer avec quelqu'un. Être prompt à dégainer. Il dégaine et se précipite, faisant un carnage épouvantable (Jarry, Ubu,1895, p. 69). ♦ [En parlant d'un animal, d'un insecte, etc.] Elle [la reine] ne la [son arme royale] dégaine que lorsqu'elle combat une égale, c'est-à-dire une autre reine (Maeterl., Vie abeilles,1901, p. 72). Rem. 1. On rencontre un emploi subst. de l'inf. notamment dans le proverbe être brave jusqu'au dégainer (Ac. 1798-1878). Faire le fanfaron, promettre et ne pas tenir. 2. La docum. atteste le part. passé et adj. dégaîné, ée. Qui est sorti du fourreau. Une canne à épée dégaînée (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 304). Ces yeux dégainés comme des couteaux (Gracq, Beau tén., 1945, p. 55). Prononc. et Orth. : [degεne], (je) dégaine [degεn]. Dégainer ds Ac. 1694-1932; Dupré 1972, p. 627 : ,,Il fut un temps où l'Académie mettait un accent circonflexe sur gaine sans en mettre, pour autant, sur dégainer`` (cf. gaine); v. cependant Besch. 1845 : dégaîner. Exemples de dégaîner avec accent circonflexe supra. Étymol. et Hist. 1erquart xiiies. « sortir une arme de sa gaine » (Reclus de Molliens, Carité, 49, 3 ds T.-L.). Dér. de gaine*; préf. dé-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. Dégainer : 59 (dégainé : 17). Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 314. |