| DÉFROQUER, verbe. A.− Emploi trans., rare. Inciter vivement, forcer (quelqu'un) à abandonner le froc, l'état ecclésiastique ou monastique. On travaille à le défroquer (Ac.1798-1932).Les prêtres que la Révolution avait défroqués (Lar. 19e) : 1. L'abbé Constant, aimé d'une jeune fille de quatorze ans. La jeune fille, nature décidée, parvient à se faire épouser et à le défroquer. Petit ménage très heureux; ...
Goncourt, Journal,1853, p. 106. B.− Emploi intrans., ou plus rarement réfl. Abandonner l'état religieux ou ecclésiastique, en « jetant le froc aux orties ». Je lui parle de X... qui défroquera peut-être. Il n'a plus la foi (Barrès, Cahiers,t. 3, 1902-04, p. 78).Une fois hors du royaume, elle [la reine Arda] se défroqua joyeusement et se livra tout entière au plaisir (Grousset, Croisades.1939, p. 105): 2. Le jeune abbé de Carondelet eût bien voulu qu'on lui conseillât de se défroquer; ...
Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 142. − P. anal. Cesser d'être clerc, d'être écrivain (le plus souvent engagé) : 3. J'ai désinvesti mais je n'ai pas défroqué : j'écris toujours. Que faire d'autre? C'est mon habitude et puis c'est mon métier.
Sartre, Les Mots,1964, p. 211. − P. ext. Se défroquer de qqc. S'en débarrasser. Ils se défroquent tout à coup de leur grimace caractéristique et se transforment en véritables hommes du monde (Ponge, Parti pris,1942, p. 49). Prononc. et Orth. : [defʀ
ɔke], (je) défroque [defʀ
ɔk]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. xves. [éd. 1528] (Perceforest, vol. IV, ch. 26 ds Gdf. : Atant furent assailliz les vingt chevaliers de tous costez, mais tant bien se garderent que on ne les povoit deffrocquer); av. 1525 deffrocquer « dépouiller » (Cretin, Epistre à Loys XII, p. 181 ds Hug.); 1563 se desfroquer « quitter l'état monastique » (Palissy, Récepte, avec notice par J.S., Paris, 1930, p. 129); 1680 adj. défroqué (Rich.); av. 1755 subst. (St-Sim., 100, 63 ds Littré). Dér. de froc*; préf. dé-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 10. |