| DÉFONCER, verbe trans. A.− Enlever le fond de quelque chose. Défoncer une caisse, un tonneau. Ses matelots (...) défoncèrent un baril d'eau-de-vie (Verne, Enf. cap. Grant,t. 3, 1868, p. 42). ♦ Emploi pronom. passif. [L'âne] portait deux paniers (...) lorsque (...) patatras! un des paniers se défonce! (Labiche, Noces Bouchencœur,1857, I, 3, p. 143). 1. P. ext. Briser en enfonçant, en éventrant. a) [Le compl. désigne une chose] Défoncer un matelas, une clôture. Il [le Bassaragba] brise, écrase, éventre et défonce tout sur son passage (Maran, Batouala,1921, p. 155). − Emploi pronom. passif. Se briser sous l'action d'un agent extérieur. Le treillage peint de la voûte s'était défoncé en maint endroit (Gautier, Fracasse,1863, p. 460). b) [Le compl. désigne une pers.] Ce qui est plus navrant que les crânes fendus par le sabre, que les poitrines défoncées par les boulets (Hugo, Nap. le Pt,1852, p. 217). − Constr. pronom. indir. réfl. [Le compl. d'obj. désigne une partie du corps] Aux courses de Chantilly, il s'était cassé la jambe, défoncé quelques côtes (A. Daudet, Rois en exil,1879, p. 16). c) MAR. [Le suj. désigne un vent violent] Défoncer la voile d'un navire. La crever. d) Au fig., ART MILIT. Défoncer une armée, une troupe. La culbuter. Par millions tombaient les corps glorieux. Enfin, notre aile droite défonça l'aile gauche de l'ennemi (A. France, Révolte anges,1914, p. 195). 2. Au fig. a) [Le suj. désigne un hallucinogène] ,,Provoquer l'hallucination recherchée`` (Gilb. 1971). b) Emploi pronom. [Le suj. désigne une pers.] ,,Atteindre l'état provoqué par l'absorption de certains hallucinogènes`` (Gilb. 1971). B.− Spécialement 1. AGRIC. Labourer, retourner profondément une terre inculte sur 40 à 60 centimètres afin de la préparer à la culture : La passion de mon père (...) pour l'agriculture devenait extrême. Il faisait faire de grandes réparations, amendements, (...) défoncer [le terrain] à deux pieds et demi de profondeur...
Stendhal, Vie de Henry Brulard,t. 1, 1836, p. 207. 2. P. anal. [Le suj. désigne un agent extérieur] Défoncer une route, un chemin. L'éventrer, y creuser des ornières. Elle aimait les courses en carriole dans les chemins forestiers que défoncent les charrois (Mauriac, Baiser Lépreux,1922, p. 192). − Emploi pronom. passif. À la moindre averse, la route se défonce de nouveau (Du Camp, Mém. suic.,1853, p. 245). Prononc. et Orth. : [defɔ
̃se], (je) défonce [defɔ
̃:s]. Ds Ac. 1694-1932. Conjug. Prend une cédille devant a et o, pour conserver à c le son [s] : je défonçai, nous défonçons. Étymol. et Hist. 1. 1393 deffoncier « ouvrir en enfonçant » (Ménagier, II, 240 ds T.-L.); 2. 1754 agric. « labourer profondément » (Encyclop. t. 4). Dér. de foncer*; préf. dé-*. Fréq. abs. littér. : 119. |