| DÉFILER1, verbe trans. A.− Rare. Défaire un tissu fil à fil. Synon. usuel effiler. − Emploi pronom. La passementerie éraillée des brandebourgs se défilait par endroits (Gautier, Fracasse,1863, p. 26). − En partic. Effilocher des chiffons destinés à la fabrication de la pâte à papier. Les chiffons sont défilés mécaniquement dans des broyeuses (É. Leclerc, Nouv. manuel typogr.,1932, p. 547). B.− Détacher du fil qui les relie des objets enfilés. Synon. désenfiler; anton. enfiler.Défiler les perles d'un collier, les grains d'un chapelet (Ac.1932) : 1. J'y ai trouvé [dans une cassette] des fils de perles, une jolie montre en émail vert... On ne porte plus de tout cela. Et pendant longtemps je défilais les perles et les donnais aux petites filles des voisins, pour qu'elles me fabriquassent des poupées de chiffons.
Barrès, L'Ennemi des Lois,1893, p. 147. − P. ext. Dérouler comme un fil. Quasi-synon. débobiner, dévider. ♦ Emploi abs. Pistes parallèles défilant à des vitesses encore élevées (Matras, Radiodiff. et télév.,1958, p. 97). ♦ Emploi pronom. Tapisserie historique que l'humanité tisse et laisse se défiler derrière elle (Renan, Avenir sc.,1890, p. 80). − Au fig. Raconter à la suite, énumérer. Défiler son chapelet*. Il [M. de Girardin] enfile et défile ses preuves d'un bout à l'autre (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 7, 1863-69, p. 552). Rem. À l'image du fil s'ajoute, dans ces derniers emplois, l'idée d'une succession ininterrompue. V. défiler2B. C.− ART MILIT. 1. [L'obj. désigne une troupe, un ouvrage de défense] Disposer de manière à éviter l'enfilade du feu ennemi. Défiler un ouvrage (Ac.1835-1932). 2. P. ext. [Le suj. désigne une troupe] Éviter, par sa position abritée, d'être pris en enfilade sous le feu : 2. Des hommes abrités dans des tranchées, chaque jour plus profondes, pouvaient défiler les effets de notre artillerie de campagne.
Foch, Mémoires,t. 1, 1929, p. 152. − Emploi pronom. : 3. Pour traverser la place il faut raser les murs, se défiler derrière les piles de rondins, utiliser le terrain.
Dorgelès, Les Croix de bois,1919, p. 115. − Fam., emploi abs. Se faufiler, filer. Je défile jusqu'à un bistrot (Giono, Gds chemins,1951, p. 217). ♦ Emploi pronom. S'esquiver au moment critique : 4. C'est moi qui propose, c'est moi qui paye, question de tenter de me rapprocher une fois de plus de Madelon. Mais elle se défile constamment, elle m'évite...
Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 591. Rem. On rencontre également défiler en emploi abs. fam. [Le suj. désigne l'argent] Disparaître, être dépensé. Synon. fam. filer. Tout l'argent défile en deux ans (Goncourt, Journal, 1878, p. 1222). Prononc. et Orth. : [defile], (je) défile [defil]. Ds Ac. 1694, s.v. de ffiler (cf. dé-), puis ds Ac. 1718-1932. Homon. défilé. Étymol. et Hist. Cf. défiler2. DÉR. Défilage, subst. masc.Opération qui consiste à mettre en charpie des chiffons destinés à la fabrication de la pâte à papier. Synon. effilochage.On procède au défilage ayant pour but d'effilocher le tissu (Wurtz, Dict. chim. pure et appl.,t. 2, 1ervol., 1873, p. 753).Le défilage de la charpie (Ac.1932).− [defila:ʒ]. Ds Ac. 1878 et 1932. 1resattest. a) 1772 « allées et venues incessantes » (MmeDu Deffand, Corresp., let. à la duchesse de Choiseul, 13 mars in Bennett, 120 ds Quem. Fichier), attest. isolée; b) [1784 « opération par laquelle on effile des chiffons » d'apr. FEW t. 3, p. 528 b]; 1838 (Ac. Compl. 1842); de défiler, suff. -age*. BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 311, 350. − Quem. 2es. t. 3 1972 (s.v. défilage). |