| DÉCUPLER, verbe. A.− Emploi trans. Rendre dix fois égal à : 1. ... il [M. Leuwen] connaissait son pays où le charlatanisme à côté du mérite est comme le zéro à la droite d'un chiffre et décuple sa valeur.
Stendhal, Lucien Leuwen,t. 3, 1836, p. 228. − P. ext. Augmenter considérablement. La rage décuple mes forces (Achard, Voulez-vous jouer,1924, I, 3, p. 59). ♦ Emploi pronom. passif : 2. Personne ne contestera que l'industrie chimie dérive directement de la science et que son essor se soit décuplé depuis Lavoisier.
C. Bernard, Principes de méd. exp.,1878, p. 176. B.− Emploi intrans. Devenir dix fois égal à : 3. Dans le cours de trente ans, les offices ont presque décuplé de valeur, et l'on ne saurait prévoir où s'arrêtera cette hausse.
Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 108. − P. ext. S'accroître considérablement. Sa vigueur avait décuplé (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 364).Brusquement, la rage des flics, (...) sembla décupler (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 321). Rem. On rencontre ds la docum. a) Le part. prés. adj., décuplant. Qui fait devenir plus grand. Tout déborde; une sève ardente et décuplante du rocher au rocher, de la plante à la plante, court... (Hugo, Âne, 1880, p. 347). b) Le part. passé adj. décuplé. Devenu plus grand. Christophe s'était rejeté dans la création, avec un entrain décuplé (Rolland, Christ., Maison, 1909, p. 1072). Alors Florentine, voyant les traits de sa mère détendus, la voyant presque heureuse, éprouva un désir profond, décuplé, d'ajouter à la joie qu'elle lui avait donnée (Roy, Bonheur occas., 1945, p. 148). Prononc. et Orth. : [dekyple], (je) décuple [dekypl̥]. Ds Ac. 1798-1932. Étymol. et Hist. A. Trans. 1584 « rendre dix fois plus grand » (Thevet, Vie des hommes illustres, 459 rods Hug.); 1808 fig. (Cabanis, Rapp. phys. mor. de l'homme, t. 2, p. 402 : la joie, l'espérance, les sentiments courageux en décuplent les effets). B. Intrans. 1584 « devenir dix fois plus grand » (Thevet, op. cit., 215 rods Hug.); 1846 fig. le bonheur décuple (Balzac, Cous. Bette. p. 177). Dér. de décuple*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 115 (décuplé : 92). |