| DÉCROISSANCE, subst. fém. Action de décroître, résultat de cette action. A.− [À propos d'un inanimé, d'un processus autonome] Diminution, affaiblissement progressif (du point de vue de la hauteur, du volume, de l'intensité, etc.). Être en décroissance. La décroissance d'une pile d'écus faisait chanter à des banquiers la Marseillaise (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 451).La campagne verte a reconquis sur le fleuve en décroissance sa vraie rive (Fromentin, Voy. Égypte,1869, p. 64). − En partic. [À propos d'un astre; gén. p. réf. à la luminosité] Les novæ rapides (...) à montée brusque et à décroissance rapide; seule la partie décroissante de la courbe de lumière est connue (Schatzman, Astrophys.,1963, p. 90). ♦ P. métaph. [Gén. p. réf. à une situation] L'étoile entre en décroissance. Cruelles désillusions de Micheline (Courteline, Linottes,Amit. fém., 1921, IV, p. 207): Non, mon cher! vous ne sacrifierez pas votre avenir à une liaison d'un jour, à une liaison qui commence à vous peser, je le sais (...). Qu'on fasse un pareil sacrifice au premier quartier d'une lune de miel, soit; mais la vôtre est en pleine décroissance.
É. Augier, Jean de Thommeray,1874, VI, p. 443. − Spécialement ♦ EAUX ET FORÊTS. Diminution progressive du diamètre d'un tronc en fonction de sa hauteur. Tarifs de cubage (...) en fonction de la circonférence à hauteur d'homme et avec un certain choix de décroissances (Cochet, Bois,1963, p. 125). ♦ PHYS. NUCL. (Loi de) décroissance radioactive. Affaiblissement de l'activité des radioéléments avec le temps. Ces types de radioactivité ont été soigneusement étudiés; le nombre de rayons émis est toujours proportionnel au nombre de noyaux radioactifs présents, d'où une décroissance exponentielle avec une période caractéristique (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 353). B.− [À propos d'un animé] 1. [Gén. à propos d'un ensemble, d'une collectivité] a) Diminution en nombre. Croissance ou décroissance d'une population, prospérité ou décadence de la cité (Le Corbusier, Charte Ath.,1957, p. 7). b) Diminution en intensité, en qualité. Le dix-neuvième siècle, ce siècle de stérilité, ce siècle de décroissance, ce siècle de décadence, ce siècle d'abaissement, comme disent les pédants, les rhéteurs (Hugo, Nap. le P.,1852, p. 236). 2. En partic. [À propos d'une pers.] Vieillesse, déclin. Le dix-huitième siècle (...) est marqué par la décroissance du sultan et par la croissance du czar (Hugo, Actes et par.,2, 1875, p. 70).Je suis guérie, et ce qui me satisfait encore plus, c'est que mon Aurore, très fatiguée par sa croissance, comme je l'étais par ma décroissance, a retrouvé sa force et sa gaieté (Sand, Corresp.,t. 6, 1812-76, p. 371). Prononc. et Orth. : [dekʀwasɑ
̃:s]. Cf. croître. Admis ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. Ca 1265 (Brunet Latin, Trésor, éd. F.-J. Carmody, CXXIV, 6); 1353 (Miracle de un enfant que Nostre Dame resucita ds Mir. de N.-D., éd. G. Paris et U. Robert, t. 2, p. 346). Dér. de croissance*; préf. dé-*. Fréq. abs. littér. : 74. |