| DÉCOUVERTE, subst. fém. A.− [Correspond à découvrir II] 1. a) Action de mettre à jour une personne ou une chose jusque là cachées ou inconnues; fait de parvenir à cette connaissance; p. méton. objet de cette découverte. Joie de la découverte; aller de découverte en découverte; découverte accablante, désagréable, palpitante. − Découverte + compl. désignant une pers. ou une entité. Découverte de la vérité. Tout ce que le génie a de ressources même pour cacher les efforts que lui coûte la découverte du beau (Delacroix, Journal,1857, p. 139).Rien d'autre n'a d'intérêt sur cette terre que la découverte de Dieu en nous (Green, Journal,1955-58, p. 227). ♦ En partic. Reconnaissance de la valeur, de l'importance de quelqu'un, qui n'avaient pas été jusque là ni senties ni admises. On y admirait Brahms et l'on fit un peu plus tard la découverte de Brückner (Strawinsky, Chron. vie,1931, p. 22). − Découverte + compl. désignant un inanimé concr. Découverte d'un cadavre, d'un continent, d'un gisement; aller, partir à la découverte de. La découverte d'un rat mort avait poussé le caissier de l'hôtel à commettre une erreur dans sa note (Camus, Peste,1947, p. 1235). Rem. 1. Dans l'usage cour., le mot découverte est utilisé en ce sens, p. ext., comme synon. de certains emplois didact. du mot invention. Découverte d'un trésor. Le miracle se produisit. Ce fut la découverte de la sainte lance (Grousset, Croisades, 1939, p. 38). 2. Dans certains cont., la découverte, en emploi abs. désigne implicitement la découverte de l'Amérique. Comme si la découverte datait de l'autre jour (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 119). b) Domaine de la recherche, en partic. sc. ou techn. − [Ce qu'on découvre était caché ou tenu secret] ♦ Identification d'une substance, d'un fait, d'un phénomène jusque là ignorés ou méconnus; p. méton. objet de cette identification. Découverte de la radioactivité; découverte archéologique, astronomique, physiologique. La découverte de l'électron a ouvert les frontières d'un nouvel empire, dont une infime surface seule a été exploitée (Matras, Radiodiff. et télév.,1958, p. 123). ♦ Mise à jour de relations, de rapports jusque là inconnus entre des phénomènes et qui modifie, dans l'ordre de la théorie, la connaissance qu'on avait de ceux-ci. Découverte de l'attraction des corps. La découverte de cette loi des trois états (Comte, Philos. posit.,t. 5, 1839-42, p. 524).La découverte d'une commune mesure subjective entre le vouloir et le corps (Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 17): 1. On donne généralement le nom de découverte à la connaissance d'un fait nouveau; mais je pense que c'est l'idée qui se rattache au fait découvert qui constitue en réalité la découverte.
C. Bernard, Introd. à l'étude de la méd. exp.,1865, p. 57. − P. ext. [Ce qu'on découvre était inexistant en tant que tel] Combinaison d'éléments existants en vue de construire, de mettre au point un instrument, un procédé, une technique; p. méton. objet de cette découverte. Découverte de l'avion, de la boussole. (Quasi-)synon. création, invention.Après la découverte de l'imprimerie, on employa la presse typographique (Dacier, 1944,). De l'invention de la photographie, jusqu'à l'extrême industrialisation de cette découverte : l'affreux procédé « photomaton » (Lhote, Peint.,1942, p. 170): 2. M. Hirsch (...) doit aller aux Aulnettes (...) pour faire des expériences très curieuses sur les parfums, une nouvelle médecine qu'il a inventée d'après un livre persan (...) tu verras, c'est étonnant comme découverte!
A. Daudet, Jack,t. 2, 1876, p. 167. ♦ Les grandes découvertes. Découvertes, inventions qui ont constitué une révolution dans l'ordre des connaissances du monde et de l'utilisation des forces naturelles. Ère des grandes découvertes : 3. Néanmoins, pour qui l'a vécue, l'histoire des grandes découvertes fondamentales est infiniment attachante. Ceux qui ont débuté vers 1930 ou même un peu avant ont participé à tant d'extraordinaires trouvailles que leur vie est marquée d'une joie ineffaçable au souvenir de leurs premières années de travail. Ce sont de grands explorateurs qui ont pénétré difficilement dans une région inconnue; ils restent dans l'émerveillement des richesses insoupçonnées qu'ils ont contribué à faire surgir.
Leprince-Ringuet, Des Atomes et des hommes,1957, p. 16. SYNT. Découverte capitale, nouvelle, précieuse, scientifique, sensationnelle; belle, importante découverte; découvertes de l'esprit humain, du génie, de la science; chemins, routes, voies de la découverte; annoncer, publier une découverte; découverte et exploration, inspiration, invention, progrès, recherche. 2. Acte d'explorer quelqu'un ou quelque chose, en vue de mieux les connaître et de mettre à jour ce qu'ils ont de secret, de caché; connaissance ainsi acquise. Découverte de son moi. Ils [les petits enfants] font de frissons en frissons La découverte de la vie (A. France, Poés.,Poèmes dorés, 1873, p. 59).La découverte de Tolstoï a certainement été l'un des événements les plus marquants de mon adolescence (Martin du G., Souv. autobiogr.,1955, p. XLVI): 4. Même vis-à-vis de soi-même, de son corps, de son moi et de ce qui le définit le plus directement, l'homme se met naturellement dans l'attitude d'explorateur, d'analysateur, de modificateur. Il se fait inconnu. Il se tâte. Il agit sur son être. Ne se voit qu'en partie, est inégalement familier avec les régions de sa surface, fait des découvertes.
Valéry, Mauvaises pensées et autres,1942, p. 190. − Domaine milit. a) Exploration, reconnaissance du terrain en vue d'observer la présence ou l'absence d'ennemis. 3 compagnies de découverte et de combat (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 623). b) P. méton., MAR. Bâtiment léger qui observe la route et les mouvements des bâtiments ennemis. Pizarre, par la mer nouvellement ouverte, Avec Bartolomé suivant la découverte, Sur un seul brigantin d'un faible tirant d'eau Repartit (Hérédia, Troph.,1893, p. 179). 3. Loc. adv. À la découverte a) En vue d'explorer ou de reconnaître un terrain. Je vais à la découverte comme Robinson; je finirai par connaître les environs dans le rayon où mes jambes peuvent me porter (Delacroix, Journal,1853, p. 61).Tandis qu'on leur répondait [aux chasseurs] par des cris de notre côté, Patience courut à la découverte (Sand, Mauprat,1837, p. 86). − Emploi prép. Des archéologues passionnés marchaient à la découverte de ces cathédrales qui, depuis trois siècles, n'avaient pas fixé un seul regard (Ch. Blanc, Gramm. arts dessin,1876, p. 304). b) Au fig. et p. métaph. Pour aller à la découverte Tout au fond de son propre cœur (Hugo, Chans. rues et bois,1865, p. 51).On la sent qui rôde [la mort]; on la voit « à la découverte »; on la brave et on la bafoue (Gide, Journal,1941, p. 83). B.− Emplois techn. [Correspond à découvrir I] 1. MINES et CARR. Action de déblayer la couche de terrain qui recouvre le gisement ou la roche que l'on veut exploiter; p. méton. couche ainsi déblayée. Synon. découvert.Lorsque des sondages appropriés ont démontré la présence d'un gisement [d'ardoises], les travaux de découverte consistent dans l'enlèvement des morts-terrains (J. Cahen, Bruet, Carrières,1926, p. 250). 2. THÉÂTRE et CIN. Espace entre deux décors qui laisse voir les coulisses; perspective ouverte dans un décor par une porte, une baie, une fenêtre; p. méton. fond de décor. Le comte se risquait dans une rue, lorsque Barillot l'arrêta, en l'avertissant qu'il y avait là une découverte. Il voyait le décor à l'envers et de biais (Zola, Nana,1880, p. 1218). Prononc. et Orth. : [dekuvε
ʀt]. Ds Ac. 1694 et 1718 sous l'anc. forme descouverte; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. 1209 a le descoverte « ouvertement, franchement » (Reclus de Molliens, Charité, 29, 7 ds T.-L.); 1595 descouverte « action de trouver ce qui était ignoré ou caché » (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, livre III, 5, p. 995). Part. passé fém. substantivé de découvrir*. STAT. − Découverte, subst. et part. passé fém. Fréq. abs. littér. : 2 892. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 5 038, b) 3 199; xxes. : a) 3 364, b) 4 262. BBG. − Interphotothèque. Termes usuels de la phot. Paris, 1973, p. 6. − Kemna 1901, p. 77. − Pt vocab. technol. Actual. terminol. 1972, t. 5, no8, p. 4. − Uren (O.). Le Vocab. du cin. fr. Fr. mod. 1952, t. 20, p. 207. |