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DÉCOCHER, verbe trans.
I.
A.− Emploi trans.
1. Lancer avec l'arc. Décocher une flèche :
1. Sur le char, à côté de chaque prince, se tenaient le cocher (...) et l'écuyer occupé à parer avec le bouclier les coups dirigés vers le combattant, pendant que lui-même décochait les flèches ou dardait les javelines puisées aux carquois latéraux. Gautier, Le Roman de la momie,1858, p. 223.
P. métaph. et pop. Il nous faudra peut être [pour retrouver votre évadé] lui décocher une femme, une femme jeune et jolie (L'Héritier, Suppl. Mém. Vidocq,t. 1, 1830, p. 182).
2. P. ext. [L'obj. désigne un coup, un geste, une chose concr. quelconque] Lancer avec force et d'une façon soudaine. Ces bravaches, toujours prêts à décocher le coup de pied de l'âne au lion (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 85).Tout à coup ses mains partaient, décochaient un geste vif, ramenaient une bête captive (Genevoix, Raboliot,1925, p. 29):
2. − Voici une écuelle pour boire! reprenait un homme en lui décochant dans la poitrine une cruche cassée. Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 271.
3. Fig. [L'obj. désigne une chose faite, conçue, exprimée à l'adresse de qqn]
a) [L'obj. désigne un regard, un sourire, un sentiment] Lancer, jeter vivement ou de façon inattendue. Il décocha à la dérobée à Marius un regard furieux, tout de suite éteint (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 712).Il me décochait des sourires enjôleurs (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 231).
b) [L'obj. désigne un propos gén. spirituel et mordant] Lancer, dire, avec vivacité et d'une manière railleuse ou méchante :
3. Charles n'était point de complexion facétieuse, il n'avait pas brillé pendant la noce. Il répondit médiocrement aux pointes, calembours, mots à double entente, compliments et gaillardises que l'on se fit un devoir de lui décocher dès le potage. Flaubert, Madame Bovary,t. 1, 1857, p. 32.
B.− Emploi pronom.
1. Emploi réfl. [Le suj. est un animé] Se lancer, se propulser :
4. Brusquement, comme si ses muscles fussent emplis de toute leur énergie batailleuse et résistante, d'un élan violent de ses reins et de ses jarrets, Fuseline sembla se décocher de sa branche comme une flèche de haine et fonça sur le rapace. Pergaud, De Goupil à Margot,1910, p. 114.
2. Sens passif [Le suj. est un inanimé] Être lancé. Brusquement, notre phrase, tout à l'heure pudique jusqu'à la puérilité, se décoche en un trait presque grivois (Feuillet, Scènes et com.,1854, p. 38).
II.− Emplois spéc.
A.− FOND. Procéder au démoulage d'une pièce de fonderie.
B.− TEXT. Décaler les points de liage d'une duite à une autre, ou d'un fil de chaîne à un autre (cf. Araud, Thomas, Fabric. drap, 1921, p. 85).
Prononc. et Orth. : [dekɔ ʃe], (je) décoche [dekɔ ʃ]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1175 intrans. fig. « [d'un combattant dans un tournoi] se lancer » (Chrétien de Troyes, Charrette, éd. M. Roques, 5945); ca 1200 descochant (Ogier de Danemarche, éd. J. Barrois, 8082); 1648 [un discours] (Scarron, Virgile travesti ds Richardson). Dér. de coche*; préf. dé-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 131.
DÉR. 1.
Décochage, subst. masc.,fond. Synon. de démoulage.Attesté ds Lar. 20e-Lar. Lang. fr. [dekɔ ʃa:ʒ]. 1reattest. 1929 (Lar. 20e); du rad. de décocher, suff. -age*.
2.
Décochement, subst. masc.,text. Décalage des points de liage. Les points de liage forment un sillon suivant les lignes du plus petit décochement en trame si le satin est à effet de trame, en chaîne, s'il est à effet de chaîne (Thiébaut, Fabric. tissus,1961, p. 65). [dekɔ ʃmɑ ̃]. Ds Ac. dep. 1762. 1reattest. 1556 (A. Noguier, Histoire tolosaine, p. 389 ds Gdf. Compl.); de décocher, suff. -ment1*.
BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 314, 439.