| DÉCLAMATEUR, TRICE, subst. A.− ANTIQ. ROMAINE. Rhéteur qui composait et récitait en public des exercices d'éloquence. Le déclamateur Fronton, aux termes surannés (Huysmans, À rebours,1884, p. 42). B.− P. anal. Personne, spécialement acteur, qui récite en déclamant : 1. Je dirais à l'acteur, en peu de mots, qu'il faut que sa déclamation soit une musique encore. Mais la poésie l'y conduit plus impérieusement que la musique peut-être, et je crois que les mauvais déclamateurs gâtent plus souvent la belle musique que les beaux vers. Une des puissances de notre alexandrin est qu'il résiste assez bien à ces récitants trop agités qui voudraient un geste et une inflexion pour chaque mot.
Alain, Système des beaux-arts,1920, p. 150. C.− P. ext., péj. 1. Orateur ou écrivain qui exprime des banalités de manière emphatique et boursouflée. À force d'être charlatan et déclamateur, Hugo a fini par croire à ses propres phrases (Sainte-Beuve, Poisons,1869, p. 53): 2. L'orateur est occupé de son sujet, et le déclamateur de son rôle; l'un agit, l'autre feint; le premier est une personne exposant de grandes idées, et le second un personnage débitant de grands mots.
Joubert, Pensées,t. 2, 1824, p. 118. − Emploi adj. L'ivrogne déclamateur (Cendrars.Moravagine,1926, p. 190).[En parlant d'un inanimé] Un ton déclamateur. Un ton emphatique. (Quasi-)synon. usuel déclamatoire. 2. Personne qui cherche à dénigrer. Synon. détracteur.La mauvaise foi des déclamateurs (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 158). Rem. Le fém. déclamatrice est attesté ds Lar. 19e-Lar. Lang. fr., Quillet 1965 et Dub. On le rencontre une fois ds la docum. correspondant à l'emploi B. Il y a des déclamatrices, il y a des grandes coquettes! (Goncourt, Ch. Demailly, 1860, p. 314). Prononc. et Orth. : [deklamatœ:ʀ], fém. [-tʀis]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1519 (Jean Bouchet, Épitaphe de Pierre Blanchet ds R. Hist. litt. Fr. t. 9, p. 474). Empr. au lat. class. declamator « celui qui s'exerce à la parole ». Fréq. abs. littér. : 49. |