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DÉCHIRURE, subst. fém.
A.− Dommage causé par rupture, par blessure.
1. [En parlant d'un tissu, d'un vêtement, du papier] La déchirure d'une étoffe; avoir, faire une déchirure à son manteau, à sa pèlerine; des déchirures de papier. Il était impossible d'empêcher la fuite du gaz, qui s'échappait librement par une déchirure de l'appareil (Verne, Île myst.,1874, p. 5):
1. On distingue au plafond de ce couloir terreux qui nous absorbe, quelques rais et trous de pâleur : les interstices et les déchirures des planches du dessus; ... Barbusse, Le Feu,1916, p. 336.
Spéc. MAR. Avoir une déchirure dans la coque. GÉOL. La déchirure du sol; la déchirure jordanienne (cf. crevasse, faille). NAV. AÉRIENNE. Corde de déchirure ou de miséricorde (Marchis, Nav. aér.,1904, p. 80).
2. [En parlant d'une partie du corps] La déchirure d'un muscle, d'un tendon; avoir des déchirures d'épines au bras, à la jambe. Billière avait une large déchirure saignante au-dessus du sourcil (Hugo, Hist. crime,1877, p. 136):
2. Ses bras nus étaient zébrés jusqu'à la saignée d'égratignures, de coupures, de déchirures et de toutes sortes d'estafilades. A. France, La vie en fleur,1922, p. 367.
3. Au fig. Grande douleur affective, morale. Les déchirures de l'amour, du chagrin, de la séparation.
Rem. Les emplois de déchirure au fig. sont assez rares. Cf. déchirement qui prévaut sur déchirure.
B.− [En parlant d'un accident naturel, d'une brisure qui rompt l'uniformité, la continuité d'un paysage, du ciel, etc.] Ouverture. Une déchirure de la haie, d'un nuage; les déchirures de la montagne, des rochers. Il se rappela l'aube splendide, la belle déchirure d'un ciel de mai (A. Daudet, Jack,t. 2, 1876, p. 165):
3. Par la fenêtre ouverte, mes yeux fuient constamment vers la déchirure ouverte à l'ouest de la vallée, cassure dans la chaîne sombre qui nous enserre, faille de lumière... Colette, Claudine s'en va,1903, p. 153.
P. métaph. Camille était étonné et scandalisé devant cette ouverture, cette déchirure psychologique (Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1939, p. 289).
Prononc. et Orth. : [deʃiʀy:ʀ]. Fér. t. 1 1787 propose déchirûre. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1250 [ms. Bibl. nat. 24368 : 1298] (Auberi, p. 45 ds Gdf. Compl.); 1283 (Beaumanoir, Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 1083). Dér. de déchirer*; suff. -ure*. Fréq. abs. littér. : 306. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 139, b) 500; xxes. : a) 501, b) 612. Bbg. Pinchon (J.). Questions de vocab. Fr. Monde. 1968, no60, p. 54.