| DÉBUTER, verbe. I.− Emplois intrans. A.− Vx. ,,Jouer le premier coup à de certains jeux, comme au mail, à la boule, etc. Il a débuté par un beau coup. On le dit, par extension, à tous les autres jeux`` (Ac. 1835, 1878). B.− P. ext., usuel 1. [Dans l'espace; le suj. désigne une chose étendue] Être situé à la première partie de quelque chose ou constituer la première partie de quelque chose. a) [Avec un compl. circ. prép. ou un adv. de lieu indiquant le point de l'espace où prend naissance l'extension] Débuter à (un point), en (un lieu). Y avoir sa première partie. Une longue balafre qui débutait à un pouce de l'oreille droite (Boylesve, Leçon d'amour,1902, p. 136). b) [Avec un compl. circ. prép. ou un adv. indiquant la chose située au point où prend naissance l'étendue] Cf. supra, s.v. cæcum (Camefort, Gama, Sc. nat., 1960, p. 115). 2. [Dans le temps; emploi plus fréq. que 1] a) [Le suj. désigne une chose] Entrer dans sa première phase : 1. Autour des numéros d'autobus, les mains leur semblaient se tendre pour des numéros de flirt, de passion. Ils virent débuter, s'ébaucher des connaissances (...), ils virent un premier baiser, ils virent une rupture.
Giraudoux, Bella,1926, p. 139. − [Le suj. désigne une opération qui se développe dans le temps; le compl. circ. ou l'adv. de temps indiquent le moment où cette opération prend son départ] Débuter à (tel moment), en (tel espace de temps) : 2. Le troisième accès débuta un quart d'heure après le second. Puis les crises se précipitèrent, inégalement violentes, à quelques minutes d'intervalle.
Martin du Gard, Les Thibault,La Mort du père, 1929, p. 1291. − [Le suj. désigne une chose ou une opération comportant des parties ou des phases successives] ♦ [Avec un compl. circ. indiquant ce qui se passe, ce qu'on perçoit, etc. au moment où l'opération commence] Débuter par (une chose). Avoir pour première partie (cette chose). Le poème débute par une invocation à la Muse (Ac.). L'échec provisoire par lequel toutes les hautes entreprises débutent (Cocteau, Lettre Amér.,1949, p. 12). ♦ [Avec un adv. de manière indiquant la nature de ce début] On ne parlait que de la guerre qui débutait si mal (Verlaine,
Œuvres compl.,t. 5, Confessions, 1895, p. 161). b) [Le suj. désigne une pers.] − [Le suj. désigne une pers. considérée dans son devenir, dans les étapes de son développement temporel] Être à la première partie de son développement. Tout calicot qui débute est aujourd'hui dans la peau d'un millionnaire (Zola, Bonh. dames,1883, p. 451). ♦ [Avec un compl. circ. ou un adv. indiquant le milieu ou la nature de ce début] Débuter dans le barreau; bien débuter dans la vie. C'est (...) par un acte d'autorité que débuta Louis XV, à seize ans, lorsqu'il renvoya le duc de Bourbon (Bainville, Hist. Fr.,t. 1, 1924, p. 277).Je débutais en grec, je m'aperçus qu'en latin je ne savais rien (Beauvoir, Mém. jeune fille,1958, p. 173). ♦ [Avec un attribut du suj. indiquant la manière d'être, etc. de celui-ci] Ces généraux qui ont voulu débuter simples soldats (Verne, Île myst.,1874, p. 10).[Mgr Duberville] débuta comme écrivain à la Revue catholique sous le pseudonyme de Léon Albert (Billy, Introïbo,1939, p. 49). − [Avec ell. du verbe dire; débuter est suivi d'un propos rapporté au discours dir.] Dire en premier lieu. Il débute avec un accent bas et tendre : − Mes biens chers amis, enfin, nous nous retrouvons! (Barrès, Colline insp.,1913, p. 152). ♦ [En incise] − Oh! monsieur, débuta Boitabille (G. Leroux, Myst. ch. jaune,1907, p. 13). II.− Emplois trans., rare. [Le suj. désigne une pers.] A.− Vx. ,,Ôter du but, d'auprès du but`` (Ac. 1835, 1878). ,,Débuter une boule`` (Ac. 1835, 1878). B.− P. ext. Faire la première partie : 3. Les hydrocaules sont colorés pendant 15 minutes environ dans une solution de carmin (...). Ces différents bains s'effectuent dans de petites boîtes de Pétri couvertes. (...) NB − Cette coloration sera débutée vers le milieu de la séance, compte tenu des temps assez longs des différents bains.
Husson, Graf, Manuel de biol. gén.,1965, p. 18. Prononc. et Orth. : [debyte], (je) débute [debyt]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1547 « déplacer » (Haudent, Apologues d'Esope, II, 77 ds Hug.); 1549 « écarter du but la boule d'un autre joueur » (Est.); 2. 1640 « à certains jeux jouer un premier coup pour savoir qui commencera la partie » (Oudin, Recherches ital. et françoises); 3. 1649 « commencer (une action) » (Cyrano, L'Autre monde, 22 ds IGLF : vous voyez une personne... consternée de tant de miracles, que je ne sais par lequel débuter mes admirations); 4. 1665 « faire ses débuts dans une activité » (Boileau, Satires, X ds Littré); 5. 1754 « faire ses premiers essais dans le théâtre » (Encyclop. t. 4, p. 658); 1767 part. prés. subst. débutante « personne qui débute sur scène » (Barthe, Statuts de l'opéra ds Proschwitz, p. 89). Dér. de but*; préf. dé-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 480 (débuté : 114). Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 667, b) 706; xxes. : a) 812, b) 604. Bbg. Gamillscheg (E.). Fr. Etymologien. In : [Mél. Coelhe (F.)]. Boletin de filologia. Lisbonne. 1949, t. 10, pp. 193-195. − Spence (N. C. W.). Fr. St. 1972, t. 26, no4, p. 495. |