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DÉBUT, subst. masc.
A.− Vx. ,,Le premier coup à certains jeux, comme au billard, à la boule, au mail, etc. Voilà un beau début. Faire un beau début. Il se dit, par extension, à tous les autres jeux`` (Ac. 1835, 1878).
♦ ,,Cette boule est en beau début,`` ,,on peut aisément l'ôter du but ou d'auprès du but`` (Ac. 1835, 1878).
B.− P. ext., usuel. Première partie d'un ensemble; moment, point initial de quelque chose.
1. [Relativement à l'espace] Une très vieille baraque sise au bas du quartier latin, au début de la rue suivie jadis par les pèlerins de Compostelle (Duhamel, Suzanne,1941, p. 22).
2. [Relativement au temps] Un incident se produisit au début de la séance (Ac.1932).Tout au début de l'affaire. Aux débuts d'avril 1906 (Maurras, Kiel et Tanger, 1914, p. 198); un journal de fin 1908 ou début 1909 (Du Bos, Journal,1928, p. 86):
1. Pourquoi donc, puisque l'existence est si amère à son début, les vieillards regrettent-ils leur jeunesse avec tant de violence? Du Camp, Mémoires d'un suicidé,1853, p. 269.
− Emploi abs. Au début. Il se trouva, au début, fort embarrassé (Ac.1932).Depuis le début :
2. ... notez cela, lorsque j'arrive, le pathétique s'en va. (...) j'apporte l'organisation. Ça vous gênera un peu au début, mais vous finirez par comprendre qu'une bonne organisation vaut mieux qu'un mauvais pathétique. Camus, L'État de siège,1948, p. 228.
− Spéc. Première partie de la vie, spéc. de la vie sociale, professionnelle, d'un apprentissage; première partie d'un phénomène social. Les débuts de l'aviation. Les débuts de sa carrière histrionique (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 167):
3. Encore nationale à ses débuts, au mois de mars 1917, la révolution répandait l'indiscipline et décomposait rapidement l'armée russe... Bainville, Histoire de France,t. 2, 1924, p. 268.
♦ P. méton.
Le(s) début(s) d'une personne. ,,Cet acteur a terminé ses débuts. Ses débuts ont duré trois semaines. Cet avocat n'a pas réalisé les espérances que son début avait fait concevoir`` (Ac.). Faire ses débuts dans le monde. Je me souviens d'avoir fait, vers cinq ou six ans, mes débuts d'observateur du genre humain (Mauriac, Journal 2,1937, p. 190):
4. ... Maxime de Trailles, dont les débuts dans sa carrière de vices et de débauche annonçaient ce qu'il fut, un de ces garnements politiques nécessaires à tout bon gouvernement, ... Balzac, César Birotteau,1837, p. 84.
Première réalisation de quelqu'un. « Mélite » fut le début de Corneille (Ac.1932).Madame Craven (...) excellait à la biographie. Son début fut ce « Récit d'une sœur » (Barrès, Cahiers,t. 6, 1908, p. 290):
5. Tout jeune, il se destina à l'escroquerie comme d'autres se destinent à l'école des mines. Son début fut un coup de génie. G. Leroux, Le Parfum de la dame en noir,1908, p. 56.
♦ Emploi abs. ,,Un rôle de début. Un brillant début`` (Ac.) Œuvres de début. Les difficultés d'un début dans la vie de collège (Larbaud, F. Marquez,1911, p. 45).
3. [Relativement à un développement spatio-temporel ou à un développement moral]
a) [L'accent est mis sur le caractère inaccompli, imparfait ou précaire de ce qui a débuté; début est gén. précédé de l'art. indéf.] Cf. ébauche.Un début de somnolence. Au dos de son corsage de pauvre femme, une sorte de coupure naïve ornée de deux boutons, formait un début de basque (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 298):
6. Mon père exécutait des mouvements de jambes compliqués pour faire disparaître un début d'estomac incompatible avec ses dispositions de Don Juan. F. Sagan, Bonjour tristesse,1954, p. 15.
b) [L'accent est mis sur le fait que ce qui a débuté est une phase momentanée d'un processus appelé à se développer] Cf. commencement.Un début de dissentiment :
7. Augustin revit, (...) ce visage resté merveilleux, (...). Un début de maturité s'y discernait déjà, à quelque chose de moins ferme dans la chair, un plissé commençant autour des tempes, ... Malègue, Augustin,t. 2, 1933p. 33.
Prononc. et Orth. : [deby]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1642 « à certains jeux, premier coup pour décider qui jouera le premier » (A. Oudin, Seconde partie des Recherches ital. et françoises); 2. 1674 « commencement d'une chose » (Boileau, Art poétique, III, 269 : que le début [du poème] soit simple et n'ait rien d'affecté); 3. 1690 « premiers pas dans une activité » (Fur. : Quand on vient à la cour, on prend garde au premier debut). Déverbal de débuter*. Fréq. abs. littér. : 4 632. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 327, b) 3 262; xxes. : a) 6 029, b) 12 341.