| DÉBUSQUER, verbe. A.− Emploi trans. 1. CHASSE. [Le compl. désigne un animal] Chasser une bête hors de son refuge. (Quasi-)synon. (plus fréquent) débucher.Un vieux gentilhomme chasseur qui frappait avec le bout de son fusil sur les ceps, comme pour débusquer un lièvre (Chateaubr., Mém.,t. 1, 1848, p. 405). − P. métaph. Quel plaisir pur et tranquille ici-bas? Celui de forcer à la chasse des animaux fugitifs? Il n'est souvent pas plus difficile de débusquer les hommes qui nous nuisent (Lemercier, Pinto,1800, I, 8, p. 29). 2. P. ext. [Le compl. désigne une pers., un groupe de pers.] Trouver, découvrir quelqu'un qui se dissimule, lui faire quitter sa cachette ou une situation avantageuse. Marinette (...) me dépassait maintenant dans l'art de débusquer l'abbé Ardouin, de l'obliger à prendre parti (Mauriac, Nœud vip.,1932, p. 132). − P. métaph. [Le compl. désigne un inanimé] Ce rire strident, aigu, découvrant des dents magnifiques mais courtes et pointues, débusquant une lèvre railleuse (Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 193). − En partic., vieilli, ART MILIT. L'ennemi nous débusquera ce matin du plateau de Chardogne (Goncourt, Journal,1889, p. 1035). ♦ P. métaph. Débusqués de toutes leurs positions, les ennemis de la vérité reculent successivement de mensonges en mensonges (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 167). 3. Emploi pronom. à sens passif. Toute la félonie se débusque (Céline, Mort à crédit,1936, p. 545). B.− Emploi intrans. 1. CHASSE, vieilli. [Le suj. désigne un animal] Quitter son refuge. Des lapins qui l'habitent [une crevasse] débusquent effrayés quand vous jetez des cailloux dans les broussailles (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 385). 2. P. ext. [Le suj. désigne gén. une pers.] Apparaître, surgir de façon inattendue. Un nouvel assiégeant débusqua dans la chambre en faisant le saut périlleux (Gautier, Fracasse,1863, p. 407). − P. métaph. La Meuse (...) débusque tout à coup derrière un rideau d'arbres (Du Camp, Hollande,1859, p. 8). Rem. 1. La plupart des dict. attestent le subst. masc. débusquement. Action de débusquer; résultat de cette action. 2. Certains dict. (Lar. 19e-Lar. Lang. fr., Littré, DG, Guérin 1892, Quillet 1965) attestent un homographe au sens de « ôter le(s) busc(s) d'un vêtement ». Prononc. et Orth. : [debyske], (je) débusque [debysk]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1556 desbuquer « mettre en fuite » (Saliat, trad. d'Hérodote, VIII, 90 ds Hug.); 1636 (Monet : debusquer, faire sortir, ... de son gîte, de son buisson, de sa demeure... Debusquer une escoüade de son cors de garde); 2. av. 1559 « sortir » (M. du Bellay, Mém., 9 ds DG); 1636 (Monet : desbusquer, debusquer, debucher, partir de son buisson); 3. 1640 fig. (Oudin : Debusquer une personne .i. luy faire perdre sa place, ou ses pretensions). Doublet de debucher*, refait sur le modèle de embusquer*. Fréq. abs. littér. : 62. |