| DÉBOÎTER, verbe. A.− Emploi trans. 1. [Le compl. désigne tout ou partie d'un obj.] Retirer de l'élément dans lequel l'objet ou un de ses composants est encastré. Déboîter une porte (Littré). Déboîter une montre, un tuyau (DG). On avait ôté de leurs gonds les portes et les volets, déboîté les croisillons des fenêtres (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 86). − Emploi pronom. avec valeur passive. [Le suj. désigne une chose] Sortir de l'élément dans lequel elle est encastrée. Une pièce qui se déboîte Choit sur la nappe lourdement (Gautier, Émaux,1852, p. 81). ♦ [P. anal. d'aspect] Dans la brume, (...) les Pyramides (...) se déboîtant l'une de l'autre (Morand, Route Indes,1936, p. 124). − P. métaph. Lui apprendre à considérer les êtres et les actions sous leur aspect futur et à en déboîter toutes les possibilités (Aymé, Uranus,1948, p. 171). 2. ANAT. et PATHOL. [Le compl. d'obj. désigne un os et, p. ext., une partie du corps] Faire sortir de sa cavité, de sa place normale. Synon. luxer.La chute qu'il a faite lui a déboîté l'épaule (Ac.1835-1932). − Emploi pronom. avec valeur passive. [Le suj. désigne un os et, p. ext., une partie du corps] Sortir de sa cavité, de sa place normale. Vos omoplates se déboîtent, Ô mes amours! (Rimbaud, Poés.,1871, p. 91). − P. ext., rare. [Le suj. désigne une pers.] Faire sortir un membre de sa position normale : Terrassé par un grand garçon, il savait réunir ses vigueurs entières pour déboîter la jambe rivale de son point d'appui, et faire tout à coup chanceler, s'abattre le vainqueur, ...
Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 125. B.− Emploi intrans. 1. [Le suj. désigne un soldat ou un groupe de soldats] Sortir de sa place, de son alignement, de sa colonne. Les compagnies déboîtaient l'une après l'autre, le pas mou (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 170). 2. [Le suj. désigne un véhicule automobile, un conducteur] Quitter sa droite, la file de voitures qu'on suit, le couloir de circulation dans lequel on est engagé. Juste avant de déboîter, je jette un coup d'œil (...) pour m'assurer qu'aucun usager n'est en train de me dépasser (Code Rousseau, s.d., p. 69). Rem. Attesté ds Lar. encyclop. et Lar. Lang. fr. On rencontre ds la docum. ce sens employé à la forme pronom. (cf. Simonin, Bazin, Voilà taxi! 1935, p. 77). Prononc. et Orth. : [debwate], (je) déboîte [debwat]. Enq. : (il) déboîte /debwat,(D)/. Admis ds Ac. 1694 et 1718, s.v. deboister; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Écrit déboeter ds Fér. 1768, déboiter sans accent circonflexe ds Fér. Crit. t. 1 1787; voir aussi Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 282. Cf. également boîte. Étymol. et Hist. 1548 desboueter contexte imprécis (Trad. de l'Histoire des plantes de Léonard Fousch [Fuchs], ch. CCLIX ds Gdf. Compl.); 1. 1552 desboiter (Est., p. 785 a); 1575 se deboëtter [en parlant d'un os] (A. Paré,
Œuvres, éd. J. F. Malgaigne, XIV, V, p. 351); 2. 1826 art milit. (Mozin-Biber). Dér. de boîte*; préf. dé-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 14. DÉR. Déboîtage, subst. masc.Action de déboîter; plus partic., action, fait de déboîter une partie du corps, fait d'avoir une partie du corps déboîtée. Déboîtage du genou (Giraudoux, Électre,1937, II, 1, p. 126).− 1reattest. 1876 (Journal officiel, 20 avr., p. 2824, 3ecol. ds Littré); du rad. de déboîter, suff. -age*. − Fréq. abs. littér. : 1. |