| DÉBORDEMENT, subst. masc. A.− Action de déborder, résultat de cette action. Débordement d'un liquide, plus gén. débordement d'un fleuve, d'une rivière. Le débordement périodique du Nil (cf. Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 15). − P. métaph. : 1. Quand arriva l'antiquité à flots tumultueux (...) elle fit irruption et nous inonda. Jusqu'à Malherbe, ce ne fut que débordement et ravage. Le premier il posa des digues et fit rentrer le fleuve en son lit.
Sainte-Beuve, Tabl. hist. et crit. de la poésie fr. et du théâtre fr. au XVIes.,1828, p. 284. − P. anal. 1. MÉD. Évacuation abondante et subite d'un liquide organique. Débordement de bile, d'humeurs (Ac.1798-1932).Débordement de larmes (cour.). Hier, j'ai été un peu malade d'un débordement de bile, occasionné par tant de fatigues (Napoléon Ier, Lettres Joséph.,1809, p. 177). 2. [Le compl. désigne des pers.] Irruption par surprise, et p. ext. irrésistible d'une multitude d'envahisseurs. Le débordement des barbares dans l'Empire romain (Ac.1798-1932).Vers cette époque [XVes.], un débordement de Grecs dans notre occident (Bonald, Législ. primit.,t. 1, 1802, p. 19). − P. ext. Un débordement de fleurs, d'herbes folles. Synon. abondance, foisonnement. B.− Au fig. 1. Débordement de + subst. désignant des paroles, l'expr. d'un sentiment, une œuvre de l'esprit, etc.Quantité qui se répand à profusion, d'une manière subite et/ou violente. Débordement de haine, de paroles, de passions. Un débordement d'injures, de louanges, d'écrits (Ac.1835-1932).Leur indignation éclatait en menaces et en débordements (Flaub., Salammbô,t. 1, 1863, p. 7).Été! coulure d'or; profusion; splendeur de la lumière accrue; immense débordement de l'amour! (Gide, Les Nourritures terrestres,1897, p. 235): 2. Quoi de plus significatif que le mystérieux attrait exercé sur Gide par les œuvres puissantes où le génie créateur semble vivre dans une atmosphère de multiplication, d'exagération et de débordement? ...
Massis, Jugements,1924, p. 25. 2. Gén. au plur. (au sing. ds Ac.). Sortie des limites de ce qui est permis ou admis, excès, désordre des mœurs. Le débordement des mœurs, scandaleux débordement (Ac.1798-1932).Donner libre cours à ses débordements. Synon. débauche, déportements (littér.).Tonner contre le dévergondage moderne, les débordements abominables de l'époque (Zola, E. Rougon,1876, p. 231): 3. ... partout, dans l'église, des femmes veuves ou vieilles, sans affection, ou des femmes abandonnées ou des femmes torturées dans leur ménage, demandant que l'existence leur soit plus clémente, que les débordements de leurs maris s'apaisent, que les vices de leurs enfants s'amendent, que la santé des êtres qu'elles aiment se raffermisse.
Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 149. C.− ART MILIT. Action de déborder l'ennemi (cf. déborder II A 3). Manœuvre de débordement et d'encerclement. Par l'arrivée et les progrès des forces britanniques sur la rive nord de la Lys (...), nous commençons bien de réaliser le débordement et l'enveloppement de l'aile nord des armées allemandes (Foch.Mém.,t. 1, 1929, p. 181). − P. anal., SP. Manœuvre consistant à doubler son adversaire par le côté pour obtenir l'avantage. Feinte et débordement extérieur (cf. J. Mercier, Football,1966, p. 42). Rem. Ce dernier sens est noté par Lar. Lang. fr. Prononc. et Orth. : [debɔ
ʀdəmɑ
̃]. Ds Ac. 1694 et 1718, s.v. desbordement; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. 1. a) Fin xves. [ms.] desbordement [d'un fleuve] (Ancienn. des Juifs, Ars 5082, fo44 ds Gdf. Compl.); b) 1575 [d'humeurs] (A. Paré,
Œuvres, éd. J. F. Malgaigne, XX, 11); 2. av. 1654 debordemens d'amitié (Guez de Balzac ds Trév. 1704); 3. 1538 au fig. « désordres » (Est.). Dér. de déborder*; suff. -ment1*. Fréq. abs. littér. : 322. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 453, b) 595; xxes. : a) 572, b) 319. Bbg. Mat. Louis-Philippe 1951, p. 136. |