| DÉBATTRE, verbe trans. I.− Emploi trans. [L'accent est sur la lutte en tant que telle] Discuter avec vivacité et chaleur en examinant les aspects contradictoires d'une question, d'une affaire, etc. Débattre un sujet en public; c'est un marché à débattre. Les matières à débattre dans les préfectures ne poussent guère à la poésie (Champfl., Souffr. profess. Delteil,1855, p. 195). ♦ Emploi trans. indir. Débattre de, sur + subst.; débattre de + inf.Je ne débats point de savoir où est la bonne religion (Barrès, Scènes et doctr.,t. 1, 1902, p. 64).Le fait est qu'il y a longtemps que nous débattons de ces choses à l'Évêché (Toulet, J. fille verte,1918, p. 252). ♦ Emploi abs. Vu ma faiblesse et ma facilité en affaires d'argent. On m'engage à choisir un ami pour débattre avec les libraires (Hugo, Corresp.,1830, p. 467). ♦ Emploi pronom. passif. Le prix, qu'aucun tarif ne fixait encore, se débattait entre les intéressés (Jouy, Hermite, t. 5, 1814, p. 105). − Spéc., DR. CIVIL. Débattre un compte, les articles d'un compte. Le contester, demander sa révision. Rem. Attesté ds Guérin 1892, Ac., Rob. ♦ Emploi pronom., fam. Avoir des discussions très vives avec quelqu'un, se quereller. Se débattre avec.Arrivé à Tournay, je laissai mon frère se débattre avec les autorités (Chateaubr., Mém.,t. 1, 1848, p. 390): ... je devrais (...), me débattre avec mon évêque et des municipalités souvent hostiles, mener une vie de chien, en un mot.
Huysmans, L'Oblat,t. 2, 1903, p. 211. Proverbes et au fig. Se débattre de la chope à l'évêque; il ne faut pas se débattre de l'épée qui est chez le fourbisseur. Il ne faut pas contester une chose sur laquelle on n'a aucun droit. II.− Emploi pronom. [L'accent est sur le résultat cherché à partir d'une situation critique] A.− Lutter violemment pour essayer de se dégager. Se débattre comme un diable, comme un poisson dans l'eau; se débattre de toutes ses forces; se débattre avec fureur, hargne. La bohémienne se débattait entre deux hommes (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 91).Dans l'épuisette émergeante se débattait une carpe monstrueuse (Genevoix, Raboliot,1925, p. 20). B.− Au fig. Lutter contre des difficultés. Se débattre dans le malheur, la misère; se débattre contre l'angoisse, la maladie. Louis IX se débattait dans des difficultés analogues. Il lui fallait trouver des avances pour le complément de la rançon (Grousset, Croisades,1939, p. 367). Rem. 1. On rencontre ds la docum. le part. prés. adj. débattant. Qui se débat. P. métaph. Il [le marquis] la renforçait [sa colère] d'une crispation de tout son être, et on la devinait noyée, furieuse et débattante sous la surface tranquille (La Varende, Centaure de Dieu, 1938, p. 11). 2. La docum. atteste l'emploi usuel de debater, empr. à l'angl. pour désigner un orateur expert dans l'art de mener un débat, une discussion. Lui nommiez-vous [à la Princesse] un debater anglais ou américain? Elle en savait les opinions, les votes, le passé (Bourget, Conflits int., 1925, p. 80). 3. Région. (Suisse). Art culin. Débattre, emploi trans. Agiter pour mélanger. Synon. battre2*. Débattre des œufs, de la farine dans de l'eau. Bien débattre six à huit pommes de terre bouillies et râpées avec trois jaunes d'œufs (Itten-Bastian, En çà, en là, Lausanne, 1975, p. 268). Prononc. et Orth. : [debatʀ
̥], (je) débats [deba]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. Trans. 1. ca 1050 « battre fortement » (Alexis, éd. Chr. Storey, 427) − 1627 debattant [le lait] (Matthiolus, Commentaires sur Dioscoride, p. 170 ds IGLF); 2. 1283 « discuter » (Ph. de Beaumanoir, Coutumes de Beauvoisis, éd. A. Salmon, XXXIV, 1032). B. Trans. indir. ca 1172-75 de neant debatre (Chr. de Troyes, Chevalier charrette, éd. W. Foerster, 3871). C. Pronom. ca 1175 « se tourmenter » (Id., Chevalier lion, éd. W. Foerster, 1243). Dér. de battre*; préf. dé-*. Fréq. abs. littér. : 1 347. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 931, b) 1 857; xxes. : a) 2 636, b) 2 352. Bbg. Bise (G.). Gloss. du fr. région. ds la Haute-Broye fribourgeoise. Archivum romanicum. 1939, t. 23, p. 295. − Bonn. 1920, p. 44 (s.v. debater). − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 9. − Dub. Dér. 1962, p. 73 (s.v. debater). − Gottsch. Redens. 1930, p. 359, 390. − Iliescu (M.). Zur Etymologie einiger romanischen Wörter. R. roum. de ling. 1960, t. 5, no2, pp. 319-321. − Quem. 2es. t. 1 1970 (s.v. debater). − Straka (G.). En relisant Menaud, maître-draveur. In : [Mél. Imbs (P.)]. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1973, t. 11, no1, p. 281. |