| DRÔLATIQUE,(DROLATIQUE, DRÔLATIQUE) adj. Littér. [Correspond à drôle I A; en parlant d'une pers., de ses attributs, d'une œuvre ou d'une situation] Qui a de la drôlerie (cf. drôlerie B), fait rire par son pittoresque. Personnage, figure, esprit drolatique; histoire, scène, situation drolatique; les Contes drolatiques de Balzac. Synon. bouffon, burlesque, cocasse, comique, drôle (cf. drôle I A 1); anton. triste, ennuyeux.Lagier apportait une verve si drolatique, si cocasse, si amusante (Goncourt, Journal,1888, p. 755).Il s'amusait du bagout drôlatique de l'homme et de son inaltérable bonne humeur (Rolland, J.-Chr.,Maison, 1909, p. 1028).Dieu qu'Oriane est drolatique! Le plus fort c'est que pendant qu'elle l'imite, elle lui ressemble! Je crois l'entendre (Proust, Guermantes 2,1921, p. 461):1. Il ne restait plus qu'à faire danser le sujet, qui se contournait sinon de la façon la plus élégante, du moins d'une manière fort drôlatique pour la plus grande joie des spectateurs.
D'Allemagne, Hist. des jouets,1902, p. 210. SYNT. Exemples, inventions, imaginations, paradoxes, songes, suppositions drolatiques; portrait, tableau, spectacle, quiproquo drolatique; remarques, anagrammes, boutades, jurons drolatiques; imitateur drolatique. − Emploi subst. avec valeur de neutre. Paradis et Petit-Pouce en pleuraient, eux, de l'énormité du drôlatique (Queneau, Pierrot,1942, p. 29): 2. Daudet lui fait remarquer le drolatique de l'excuse d'un homme qui se croit moins coupable en prenant un secrétaire de ses injures...
Goncourt, Journal,1885, p. 475. Rem. On rencontre ds la docum. le verbe drolatiser, en emploi abs. Rendre drôle (cf. drôle I A 1), drolatique. Il y aurait même là matière à un gros drame fratricide (...) mais nous sommes au Japon et, vu l'influence de ce milieu qui atténue, rapetisse, drolatise, il n'en résultera rien du tout (Loti, MmeChrys., 1887, p. 192). Prononc. et Orth. : [dʀ
ɔlatik]. Cf. drôle. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. 1. [1565 Rabelais ds Bl.-W.4-5]; 1569 songes drolatiques titre d'ouvrage (Archives du Nord, B 13207, fo118 ds IGLF) − 1611 drolatique, Cotgr.; de nouv. 1803 (Boiste); 2. 1832 subst. (Balzac, Corresp., p. 185). Dér. de drôle*; suff. -(at)ique*. Fréq. abs. littér. : 149. DÉR. Drolatiquement, adv.D'une manière drolatique. Après, il s'est moqué très drolatiquement du petit cavalier à la plume de Detaille (...) avec sa « petite ombre » derrière l'oreille (Goncourt, Journal,1882, p. 210).Un long article, où je suis apprécié assez drôlatiquement, en un style bizarre (Verlaine, Corresp.,t. 2, 1888, p. 133).− [dʀ
ɔlatikmɑ
̃]. − 1reattest. 1590 drollatiquement (Ph. de Marnix, Differ. de la Relig., I, II, 1 ds Hug.), attest. isolée; de nouv. 1845 (Besch.); de drolatique, suff. -(e)ment2*. − Fréq. abs. littér. : 14. BBG. − Arickx (I.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, no3, p. 126. − Mat. Louis-Philippe. 1951, p. 286. |