| DROGMAN, subst. masc. Vieux A.− HIST. [Dans l'Empire ottoman] Interprète en fonction dans les ambassades et consulats européens. Un drogman polyglotte; le premier drogman : J'ai entendu, de cette oreille-ci et de celle-là, un premier drogman d'ambassade, citoyen de Constantinople depuis plus de vingt-cinq ans, m'affirmer avec une entière candeur que, dès le coucher du soleil, nulle maison de Stamboul n'avait le droit d'éclairer une seule de ses fenêtres donnant sur la rue!
Farrère, L'Homme qui assassina,1907, p. 251. B.− P. ext. Interprète (généralement en Orient). Honnête, parfait drogman; drogman arabe, grec, turc. Je ne sais pas trop comment aborder le nouveau Ministre qui ne sait pas un mot de français. Mon fils étant parvenu à parler couramment le Russe, je vais le lui proposer pour drogman : qui sait s'il en voudra? (J. de Maistre, Corresp.,1808-10, p. 42). Prononc. et Orth. : [dʀ
ɔgmɑ
̃]. Ds Ac. 1762-1932. Les éd. de 1798-1878 enregistrent également dragoman, transcrit ds Littré et DG : drà-gò-man, déjà considéré comme un barbarisme ds Fér. Crit. t. 1 1787. Noter en outre, ds DG, la forme drogoman : drò-gò-man. Étymol. et Hist. Ca 1200 drogeman « interprète » (Antioche, éd. P. Paris, I, 85); 1213 droguement (Faits des Romains, éd. L.-F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, 197, 25); 1553 id. (P. Belon, Observations, II, 82 ds R. Philol. fr. t. 43, pp. 188-189). Prob. empr., comme l'a. prov. drogoman et l'ital. dragomanno, au gr. byzantin δ
ρ
α
γ
ο
υ
́
μ
α
ν
ο
ς, lui-même empr. à l'ar. d'Égypte targumān [ar. litt. tarǧumān, cf. truchement (FEW t. 19, p. 182)]. Fréq. abs. littér. : 111. Bbg. Hope 1971, pp. 186-187. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925] p. 412. − Wind 1928, p. 39, 141, 199. |