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DRAPEAU, subst. masc.
A.− Pièce d'étoffe portant les couleurs, les emblèmes d'une nation, d'un gouvernement, d'un groupe ou d'un chef et qui est attachée à une hampe de manière qu'elle puisse se déployer et flotter pour servir de signe de ralliement, de symbole. Drapeau de la République; cravate, étamine d'un drapeau. Ces drapeaux où la croix gammée ressemble à une araignée, gonflée de sang (Mauriac, Cah. noir,1943, p. 364).Les bourgeois (...) figuraient aux balcons et aux fenêtres pavoisées. Ils regardaient la rue, ils applaudissaient le peuple en armes, le peuple en chants, le peuple en drapeaux (Cendrars, Homme foudr.,1945, p. 304):
1. Le défilé s'organisait, les pompiers en tête et le tambour de ville, derrière le drapeau des grandes fêtes, aux franges déteintes. Abellio, Heureux les pacifiques,1946, p. 418.
SYNT. Drapeau allemand, américain, espagnol, français, etc.; drapeau national, de la patrie; drapeau aux couleurs de la nation; drapeau consulaire, de l'empire, de la monarchie; agiter, arborer, brandir, déployer, hisser, planter un drapeau; saluer un drapeau; mettre des drapeaux aux fenêtres; pavoiser de drapeaux; drapeau qui claque, qui flotte au vent; drapeau en berne; drapeau roulé dans sa gaine, dans son étui; plis d'un drapeau; porte-drapeau.
1. Spécialement
a) Drapeau tricolore. Drapeau national de la France depuis 1793, abandonné en 1816 et repris en 1830. Ce que par dessus tout, nos aveugles, déplorent, C'est pas d'être hors d'état d'se rincer l'œil, cré nom de nom. Mais de ne plus pouvoir lorgner le drapeau tricolore La ligne bleue des Vosges sera toujours notre horizon (G. Brassens, Les Patriotes, Éd. Musicales 57, 1976, p. 2).
b) Drapeau blanc
α) Drapeau de la monarchie française. Elle fortifia le gouvernement des Bourbons en rattachant l'armée au drapeau blanc (France, Vie littér.,t. 1, 1888, p. 211).
β) Drapeau qui, en temps de guerre, indique le désir de parlementer ou de se rendre. Je vois un drapeau blanc qui monte et qui descend au mât de la citadelle. On demande à nous envoyer un parlementaire (Claudel, Soulier,1944, 8, p. 1074).
Au fig. Lors de l'exposition de 1937, le musée de la littérature lèvera le drapeau blanc de la reddition (Huyghe, Dialogue avec visible,1955, p. 17).
c) Drapeau noir
α) Pavillon que les pirates et les corsaires hissaient lorsqu'ils attaquaient un bâtiment et qui signalait que le combat serait sans merci.
β) Drapeau qui en temps de guerre était placé sur les hôpitaux pour signaler qu'ils étaient sous la sauvegarde des sentiments d'humanité. Dans les villes assiégées, on place un drapeau noir sur les hôpitaux (Ac.1835).
γ) Symbole de la guerre à outrance et qui est devenu l'emblème des anarchistes. J'ai ôté d'instinct mon chapeau − pour saluer le drapeau noir (...) étendard des canuts, bannière de la Guillotière! (Vallès, J. Vingtras, Bachel., 1881, p. 342).
Au fig. Le drapeau noir flotte sur la Belle Angerie. Une longue série de désastres familiaux, de schismes retentissants, est inscrite dans ses plis (H. Bazin, Vipère,1948, p. 196).
Loc. fig. Le drapeau noir flotte sur la marmite. Des difficultés financières font ressentir leurs effets. À ce train-là [de négliger son cabaret, pour nocer] le drapeau noir allait flotter sur la marmite avant longtemps! (Simonin, Pt Simonin ill.,1957, p. 249).
d) Drapeau rouge. Drapeau qui en vertu du décret du 20 octobre 1789 de l'Assemblée constituante devait être déployé chaque fois que la loi martiale était proclamée et que l'on s'apprêtait à faire appel à la force armée pour disperser un rassemblement et qui est devenu plus tard le symbole de l'insurrection révolutionnaire. La loi martiale a été publiée, le drapeau rouge déployé : on ordonne au peuple de se dissiper en menaçant de faire feu (Le Moniteur,t. 2, 1789, p. 438):
2. Le drapeau rouge, symbole de la loi martiale, donc de l'exécutif, sous l'ancien régime, devient symbole révolutionnaire le 10 août 1792. Transfert significatif que Jaurès commente ainsi : « C'est nous le peuple qui sommes le droit (...). Nous ne sommes pas des révoltés. Les révoltés sont aux Tuileries ». Camus, L'Homme révolté,1951, p. 164.
e) Drapeau de la Croix-Rouge. Drapeau blanc écartelé de la Croix-Rouge placé sur les ambulances et les bâtiments hospitaliers, pour les préserver du tir ennemi (admis par la convention de Genève 1868). Le drapeau de la Croix-Rouge flottera ce soir sur l'hôtel du Rhin (Gide, Journal,1914, p. 454).
2. En partic.
a) Domaine milit.Enseigne d'une armée, d'un régiment, d'une troupe. Remettre un drapeau à un régiment; drapeau de la Légion. Synon. couleurs (cf. ce mot I A 4 b).Présentation au drapeau de l'école de Saint-Cyr (Druon, Gdes fam.,t. 1, 1948, p. 161).Les colonels des régiments nouveaux ou reconstitués reçoivent, de mes mains, leur drapeau ou leur étendard (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 167).
Battre, sonner au drapeau; ou absol., au drapeau! Batterie de tambour ou sonnerie de clairon lorsqu'un régiment reçoit ses drapeaux, ses guidons ou ses étendards, ou pour rendre les honneurs au drapeau national.
b) Par symbolisation. L'armée, la patrie. Le culte, l'honneur, le respect du drapeau. L'honneur du drapeau français et celui de la chrétienté sont, (...) entre vos mains (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 522).
Vivre sous le drapeau d'un pays. Être citoyen de ce pays ou être sous sa dépendance. Nous sommes 100 millions d'hommes, bien rassemblés sous le drapeau français (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 85).
Au plur. L'armée. Aller servir, combattre sous les drapeaux. On donnait un petit écu à chaque soldat pour quitter ses drapeaux, et venir à Paris (Le Moniteur,t. 2, 1789, p. 545).
Être appelé, être sous les drapeaux. Faire son service militaire, être en activité de service. Hérouard a quatre fils sous les drapeaux, pour lesquels, chaque jour, la mère tremble, car ils sont également exposés (Gide, Journal,1915, p. 515).
c) [En tant qu'ornement] Drapeau de papier (ou d'autres matières) qui sert d'ornement lors des fêtes ou qu'on épingle, plante pour décorer ou pour figurer sur une carte, un emplacement. Guirlande de drapeaux de papier. Il y avait une magnifique carte de Russie, avec des petits drapeaux indiquant la ligne du front (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 187):
3. Victor (...) a été jusqu'à m'inviter à venir voir la grande carte de Russie qu'il a épinglée sur un mur de sa chambre et sur laquelle il marque, avec de petits drapeaux, les admirables progrès des Russes. (Ce matin, nous plantons un de ces drapeaux sur Azov.) Gide, Journal,1943, p. 188.
d) [En tant que signal, sans valeur symbolique] Pièce de tissu ou de matière rigide de forme généralement rectangulaire, fixée à un manche et servant de signal. Les départs [des courses vélocipédiques] se donnent soit au drapeau soit au pistolet (Baudry de Saunier, Cycl.,1892, p. 399).[Dans une ardoisière à ciel ouvert] Il faudra délimiter la zone dite dangereuse (...) et indiquer le périmètre (...) à l'aide de poteaux, drapeaux, hommes de confiance (J. Cahen, Bruet, Carrières,1926, p. 261).L'un [un taxi] rentrait à son garage et celui-ci avait à son drapeau mis une housse noire où l'on lisait en blanc qu'il allait à Passy (Aragon, Rom. inach.,1956, p. 159).
3. P. anal.
a) [Avec un drapeau déployé] Un drapeau de cheveux châtains, ondés, tournoya avec elle [une danseuse espagnole] (Colette, Jumelle,1938, p. 150).
En drapeau. Toby-Chien. − Parfois je les précède [elle sur son cheval], toutes oreilles flottantes, la langue en drapeau (Colette, Dialog. bêtes,1905, p. 84).
b) [Avec le bruit d'un drapeau qui frissonne ou claque au vent] MÉD. On a noté aussi le bruit de drapeau, extrêmement rare d'ailleurs (...) dans la bronchite pseudomembraneuse (Cadet de Gassicourt, Mal. enf.,t. 1, 1880-84, p. 140).
c) [Avec la position perpendiculaire par rapport à la hampe] SP. Équilibre exécuté par une personne qui se tient horizontalement à un support vertical. Tournoyer autour de la « staffe » (...) et exécuter ainsi des planches, les drapeaux, les tourbillons (Vialar, Zingari,1959, p. 118).
d) [Avec valeur de signal] INFORMAT. Caractère indiquant la fin d'une zone de mémoire. La rencontre du drapeau indique que le dernier caractère de la donnée a bien été transféré (Ging.-Lauret1973).
B.− Au fig.
1. [P. réf. au drapeau en tant qu'emblème, en tant que signe de ralliement]
a) [En parlant d'une pers.] Celui qui, par sa personnalité, ses actions, son dynamisme, représente le mieux un parti, un courant de pensée. Il [Duveyrier] avait voté pour M. Dewinck (...) parce qu'il était le drapeau de l'ordre (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 374).Dante est la voix et le drapeau de la chrétienté (Barrès, Maîtres,1923, p. 16).J'aurai pu, tribun moi-même, (...) servir de drapeau, de symbole ou de pancarte à mes contemporains (Genevoix, Mains vides,1928, p. 176):
4. ... Rousseau se confond avec sa légende. Pendant plus d'un siècle, et bien que le lyrisme romantique se réclame de lui, ses successeurs négligeront l'homme. Il ne sera plus qu'un drapeau. Cocteau, Poésie critiqueI, 1959, p. 282.
b) [En parlant d'une œuvre, d'une théorie] Ce qui symbolise le mieux la position d'un groupe, d'un courant de pensée. Elle est restée [une pièce des Humbles], jusqu'à ce jour, le drapeau du naturalisme en poésie (Zola, Doc. littér.,Poètes contemporains, 1881, p. 145).
c) [Le drapeau en tant que symbole d'un idéal] Parti politique; cause, idée pour laquelle on combat. Je veux parler de celle [la misère] qui n'a point de drapeau, ne jette point de cris ni d'éclairs : de celle qui tue ses victimes à petit feu (Vallès, Réfract.,1865, p. 103).J'ai éprouvé et je n'ai pu supporter le malaise de vivre dans une société sans drapeau (Barrès, Cahiers,t. 9, 1911-12, p. 147).Il fallait les regrouper [les étudiants de Strasbourg] autour d'un travail et d'un drapeau (Monde,19 janv. 1952, p. 9, col. 4).
d) Loc. fig.
Tenir haut son drapeau, le drapeau (d'un parti, d'un groupe, etc.), lever haut son drapeau. Défendre publiquement ses opinions, ses idées ou les théories d'un parti, d'un groupe, etc. Tenir haut le drapeau de l'administration en face de la magistrature (A. Daudet, Évangéliste,1883, pp. 26-27).
Se rallier, se ranger sous le drapeau de qqn. Prendre son parti, partager ses idées; le reconnaître comme chef. Le caractère le plus général de la philosophie de Locke est l'indépendance; et ici je me range ouvertement sous son drapeau (Cousin, Philos. mod.,t. 3, 1847, p. 87).
Trahir son drapeau. Abandonner son parti, renier ses opinions. Il [de Beuvre] n'avait pas l'idée de trahir son drapeau. Il se dépêchait seulement de faire ses affaires avant qu'il fût renversé (Sand, Beaux MM. Bois-Doré, t. 2, 1858, p. 259).
Mettre son drapeau dans sa poche. Dissimuler ses opinions :
5. ... dans son ennui d'avoir dû céder sa situation de maire au clérical Philis, et dans son désir de le déloger, il [Darras] avait mis son drapeau en poche, muet et diplomatique, verrouillant les portes, avant de dire ce qu'il pensait. Zola, Vérité,1902, p. 81.
2. [P. réf. au drapeau en tant que signe de souveraineté] Planter le (son) drapeau.
a) Être le premier à émettre publiquement une opinion, à prendre position. Tu m'avais bien expliqué, dans nos causeries, la constitution sociale de Besançon (...) Ce fut là que je voulus aller planter mon drapeau (Balzac, A. Savarus,1842, p. 77).
Prendre possession de. La philologie a planté son drapeau sur l'un des plus fertiles cantons de la science de l'esprit (Proudhon, Créat. ordre,1843, p. 12).
b) Arg. Faire une dette chez un commerçant. L'équipe, à la fin de la semaine, planta au gargotier un drapeau d'une centaine de francs (Bruant1901, p. 160).
Rem. On rencontre ds la docum. des synon. de drapeau. a) Drapal, subst. masc., arg. Le drapal parut à toutes les cérémonies solennelles de l'empire (Smet, Nouv. arg. de l'X, 1936, p. 120). b) Drapel, subst. masc., vieilli. On avait attaché aux maisons de la tête du pont trois drapels représentant le roi, le dauphin et Marguerite de Flandre (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 68).
Prononc. et Orth. : [dʀapo]. Ds Ac. 1694-1932. Au plur. des drapeaux. Étymol. et Hist. I. 1. 1119 drapel « morceau de tissu, chiffon » et p. ext. « vêtement » (Ph. de Thaon, Comput, 68 ds T.-L.), seulement au Moy. Âge; 2. xiiies. [ms.] plur. drapiaus « langes » (Roman de Thèbes, ms. A, 223 ds éd. L. Constans, t. 2, p. 218), qualifié de ,,vieux`` ds Trév. 1752. II. 1578 milit. (H. Estienne, Dial. du lang. franç.-ital., t. I, pp. 363-364 ds Hug. : On signale le nouvel emploi du mot drapeau, qui commence à remplacer le mot enseigne [...] on a mis drapeau en sa place, au moins quant aux gens de pied. Et ce vocable drapeau est venu nouvellement). I dér. de drap*; suff. -el*. II spécialisation de sens due à l'infl. de l'ital. drappello, attesté au sens de « bannière » dep. av. 1388 (A. Pucci ds Batt.). Fréq. abs. littér. : 1 922. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 202, b) 3 802; xxes. : a) 3 420, b) 2 199.
DÉR. 1.
Drapeautique, adj.Patriotique, nationaliste. Religion drapeautique. Des premiers couillons voteurs et drapeautiques qu'emmena le Dumouriez se faire trouer dans les Flandres! (Céline, Voyage,1932, p. 87). 1reattest. 1932 id.; hapax d'aut. dér. de drapeau, suff. -(t)ique*. Fréq. abs. littér. : 2.
2.
Drapelet, subst. masc.Petit étendard triangulaire. Avant de les remettre dans leurs étuis, les trompettes roulaient les drapelets aux armes de la ville (Gracq, Syrtes,1951, p. 72). [dʀaplε]. 1resattest. a) 1121-34 « morceau de tissu, chiffon » (Ph. de Thaon, Bestiaire, 3809 ds T.-L.); b) 1611 « petit drapeau » (Cotgr.), emploi isolé; à nouv. au xixes. 1832 (Hugo, N.-D. Paris, p. 63), qualifié de ,,vieilli`` ds Ac. Compl. 1842 mais encore employé au xxes. (cf. Gracq, loc. cit.); dimin. de l'a. fr. drapel (cf. drapeau); suff. -et*. Fréq. abs. littér. : 6.
BBG. − Darm. Vie 1932, p. 44, 68, 156. − Doillon (A.). Vocab. du cirque et de la fête foraine. Amis Lex. fr. 1974, no4, p. 28. − Lew. 1960, p. 32. − Tracc. 1907, pp. 136-137.