| DRAGÉE1, subst. fém. A.− 1. Confiserie formée d'un noyau dur comestible enrobé d'une couche mince de sucre durci et poli. Sac, boîte, cornet de dragées; dragées de baptême. Cerises au marasquin et tutti frutti, touron de Crémone et dragées de Turin (Morand, Londres,1933, p. 193).Quand on monte se coucher avec une boîte de bonbons, des dragées aux amandes ou à la pistache, des fondants au chocolat (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 197).À la naissance de sa fille, il y avait eu des dragées pour tout le monde (Camus, Exil et Roy.,1957, p. 1597): ... les dragées sont constituées par des amandes, des noisettes ou d'autres bonbons recouverts d'une couche de sucre presque toujours parfumée et colorée. On les prépare dans des bassines tournantes ou turbines chauffées à la vapeur. Pendant que tourne la charge dans la bassine chauffée, on les arrose de sirop de sucre : le sucre se dépose à la surface des parcelles remuées dans la bassine...
Brunerie, Les Industr. alim.,1949, p. 31. SYNT. Croquer, offrir des dragées; boîte de dragées cerclée de rubans bleus. − Spécialement a) MÉD. et PHARM. Dragées vermifuges. Je prends chaque jour depuis hier deux dragées de quina. La fièvre dure toujours (Stendhal, Journal,1801-05, p. 12).On donne le nom de granules aux pilules enrobées ou à de petites dragées (...) dans lesquelles le principe actif, est associé au sucre (Bouchardat, Nouv. formulaire,1894, p. 75). b) Dragée d'attrape (Lar. 19e-20eetAc.1835, 1878).Dont le sucre a été remplacé par une substance amère. Au fig. Donner une dragée d'attrape à qqn. L'abuser. Dragée à la liqueur (Lar. Lang. fr.). Dans laquelle l'amande est remplacée par une liqueur. − P. anal. et p. métaph. Teint de dragée. L'étonnement... se peignit sur le visage de dragée de Catherine (H. Bazin, Lève-toi,1952, p. 276).Il y avait là [dans la chapelle Peruzzi], par-dessus tout, une odeur très agréable de vanille. Elle émanait d'une jeune dame très élégante dont le visage, sous la voilette, était lisse et irisé comme une dragée (Giono, Voy. Ital.,1953, p. 244).Des dragées de grêle, des rais de pluie (Colette, Pays. et portr.,1954, p. 103). 2. Loc. fig. La dragée est amère (Ac.1835-1932).La situation est difficile à supporter. Avaler la dragée (Ac. 1835-1932). Supporter quelque chose de désagréable et s'y résigner. Tenir la dragée haute (à qqn). Lui faire payer cher ce qu'il demande, le faire attendre. Je restais maîtresse de l'argent; je lui tenais la dragée haute (Mauriac, Nœud vip.,1932, p. 283). B.− P. anal. Menu plomb, fondu à l'eau ou au moule, dont on se sert pour tirer des oiseaux. Grosse, petite dragée (Ac. 1798-1932). − Arg. Balle. Recevoir, gober une dragée. Être atteint d'une balle. « Recevoir les dragées sans envisager les individus qui les tirent. » − Cogniard, 1831 (Larch.1861).« C'est pour demain », dit le médecin-auxiliaire... Le tir commencera d'un seul coup, toutes les dragées en vrac sur le saillant boche (Genevoix, Boue,1921, p. 223).J'allais vous envoyer dans l'estomac quelque dragée dure à digérer. − Je vous défie bien de tirer, fit Gaspard (Pourrat, Gaspard,1922, p. 134). Prononc. et Orth. : [dʀaʒe]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 dragiees (Irecontinuation de Perceval, ms. E, éd. W. Roach, 4250); 1808 fig. et fam. il a avalé la dragée (Hautel); 1826 tenir la dragée haute (Delécluze, Journal, p. 327); 2. 1552 « petit plomb de chasse » (Rabelais, Quart Livre, éd. Marty-Laveaux, 2, p. 488); 1792 pop. « balle, projectile » (Marceau, Lettre à Westermann ds Larch. 1880); 3. 1775 dragées de Tivoli (Valm.); 4. 1792 spéc., pharm. les dragées de Keyser (Encyclop. méthod. Méd. t. 5). Prob. du lat. impérial tragemata « dessert » (gr. τ
ρ
α
γ
η
́
μ
α
τ
α) avec altération inexpliquée de tr- en dr-(drogue* ne semble pas attesté avant le xives.) et finale mal élucidée (peut-être due à une altération de tragemata en *tragea dans les milieux monastiques où le mot semble avoir été d'un usage cour., v. Du Cange), v. FEW t. 13, 2, pp. 159b-160a. Fréq. abs. littér. : 124. DÉR. Dragéifier, verbe trans.Mettre en forme de dragée. Dragéifier une amande (Rob., Lar. Lang. fr.), des noisettes (Lar. 19e-Lar. encyclop.), un médicament (Lar. Lang. fr.). Quand on dragéifie des pilules (Deschamps d'Avallon, Compendium pharm. prat.,1868, p. 266).Rem. L'opération correspondante est la dragéification, subst. fém. ,,Action ou manière de fabriquer des dragées`` (Lar. Lang. fr.).− [dʀaʒeifje], (je) dragéifie [dʀaʒeifi]. − 1reattest. 1850 (Garot in Journ. de méd. et de chir. pratiques, XXI, 547 ds Quem. Fichier); de dragée, suff. -ifier*. BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 241, 255. − Goug. Mots t. 3 1975, pp. 191-192. − Lefèvre (J.). Loc. fr. et gastr. Vie Lang. 1974, p. 292. − Lew. 1960, p. 87. − Rog. 1965, p. 67. −Sain. Lang. par. 1920, p. 139. − Wind 1928, p. 39. |