| DOUZAIN, subst. masc. A.− MONNAIE 1. HIST. MÉDIÉV. Pièce de monnaie valant douze deniers. Tu es un drôle avec qui j'ai démangeaison de ripailler, dût-il m'en coûter un douzain neuf de douze tournois (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 63). 2. Vx. Ensemble de douze (ou de douze multiplié par dix ou douze) pièces de monnaies constituant la dot d'une jeune fille. Le douzain mis dans la bourse de mariage [de Catherine de Médicis] par le pape, fut composé de médailles d'or d'une importance historique incalculable, car elles étaient alors uniques (Balzac, Cath. de Médicis, Indrod., 1843, p. 28): Le douzain est un antique usage encore en vigueur et saintement conservé dans quelques pays situés au centre de la France. En Berry, en Anjou, quand une jeune fille se marie, sa famille ou celle de l'époux doit lui donner une bourse où se trouvent, suivant les fortunes, douze pièces ou douze douzaines de pièces ou douze cents pièces d'argent ou d'or.
Balzac, Eugénie Grandet,1834, p. 35. B.− VERSIF. Strophe ou pièce de poésie de douze vers ,,[qu'] il faut chercher de préférence chez les poètes de grand souffle : Ronsard (dans son « Ode pindarique à Michel de l'Hospital »), Corneille (dans son « Imitation de Jésus-Christ »), Lamartine (dans ses « Harmonies poétiques et religieuses »), Victor Hugo (dans ses « Chants du Crépuscule »), Baudelaire (« Les Fleurs du mal, L'Invitation au voyage »)`` (J. Suberville, Versification française, Paris, Éd. de l'École, 1940, pp. 165-166). Dans « Birds in the night », mettre dans le douzain (...) au second vers : « vous ne m'aimiez pas », au lieu de : « vous ne m'aimez pas » (Verlaine, Corresp.,t. 1, 1873, p. 119). Prononc. et Orth. : [duzε
̃]. Ds Ac. 1694-1762. Étymol. et Hist. 1. 1265 désigne une mesure de capacité douzins d'avaine (Du Cange, s.v. dosinus 2); 2. 1432 « pièce de poésie de douze vers » (Baudet Herenc, Doctrinal de la seconde rhétorique ds Recueil d'Arts de seconde rhétorique, éd. E. Langlois, p. 195); 3. 1480 « monnaie de 12 deniers, sou » (Arch. de Solesm., 114 ds Gdf. Compl.); 4. 1843 « présent de mariage [12 pièces d'or] » (Balzac, loc. cit.). Dér. de douze*; suff. -ain2*; cf. lat. médiév. dozenus désignant une mesure de capacité (1154) et une monnaie (xives., Dauphiné ds Nierm.). Fréq. abs. littér. : 7. Bbg. Quem. 2es. t. 1 1970. |