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DOULEUR, subst. fém.
A.− Domaine de la vie physique.Souffrance plus ou moins vive, produite par une blessure, une brûlure, une lésion ou toute autre cause, qui manifeste une rupture du bien-être, de l'équilibre de la santé, la perte ou la diminution de l'intégrité physique. Une douleur sans nom; (ne pas) supporter la douleur. Épicure place le bonheur dans la jouissance du plaisir et dans l'absence de la douleur (Condorcet, Esq. tabl. hist.,1794, p. 73).Elle essaya de se lever. Au premier pas, elle éprouva une douleur si intolérable qu'elle faillit avoir une syncope, la tête lui tournait. Elle crut qu'elle allait mourir (Rolland, J.-Chr.,Adolesc., 1905, p. 256).Je suis plein de douleurs et brisé de toutes parts (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1909, p. 419):
1. Vraiment, cette souffrance était abominable. La mort, soit; mais la douleur, le dépècement de l'être, la chair ainsi torturée pendant des jours, quel était le but? Quel fou avait rêvé cette inutile barbarie? Estaunié, L'Empreinte,1896, p. 297.
SYNT. Douleurs abdominales, articulaires; douleurs de l'enfantement, de l'estomac; douleur à l'épaule, à la tête; cri, gémissement, hurlement de douleur; calmer, soulager, vaincre la/sa douleur; être courbé en deux, terrassé par la douleur; s'évanouir, se tordre de douleur; être rongé, transpercé de mille douleurs; souffrir des douleurs intolérables.
Loc. et expr. Un lit de douleur. Un lit où l'on souffre. Le pain de douleur. L'église reconnut Simone hérétique et la mit, pour salutaire pénitence, au pain de douleur et à l'eau d'angoisse (France, Contes Tournebroche,1908, p. 85).Être dans les douleurs (de l'enfantement). Ce matin elle a senti les douleurs (France, Bonnard,1881, p. 273).
Proverbe. À la Chandeleur, les grandes douleurs. Une température fraîche.
Pop., fam. Avaler, étrangler la douleur. ,,Boire un verre d'eau-de-vie`` (France 1907). Papier à douleur. Protêt. Cf. Poulot, Sublime, 1872, p. 136.Sans douleur. Sans difficulté, sans dégât, sans mal. Je saisirais la sacoche du type pendant que mon copain le ceinturerait et à nous tout le bazar, sans douleur (M. Stéphane, Ceux du trimard,1928, p. 94).
B.− Domaine de la vie psychique.Souffrance de l'âme, produite par une déception, un deuil, un chagrin, une peine, qui compromet plus ou moins gravement la quiétude, le goût, le bonheur de vivre. Douleur affreuse, grande douleur. Regarde, ô éternel! notre affliction; vois s'il y a une douleur comme notre douleur, et ne ferme point ton oreille à nos cris, afin que nous n'expirions pas dans la détresse! (Cottin, Mathilde,t. 1, 1805, p. 115).L'homme est un apprenti, la douleur est son maître (Musset, Nuit oct.,1837, p. 155).Sois sage, ô ma douleur et tiens-toi plus tranquille (Baudel., Fl. du Mal,Recueillement, 1857-61).Je suis triste; il n'y a pas d'autres douleurs que celles-là, perdre ce qu'on aime (Hugo, Corresp.,1871, p. 295).On lui a dit, dès son âge le plus tendre (...) que les grandes douleurs sont muettes (Bloy, Journal,1900, p. 25):
2. La grande question dans la vie, c'est la douleur que l'on cause, et la métaphysique la plus ingénieuse ne justifie pas l'homme qui a déchiré le cœur qui l'aimait. Constant, Adolphe,1816ds Martin du Gard, Notes sur André Gide, 1951, p. 1393.
SYNT. Douleur affective, morale; douleur de l'abandon, de l'absence, de la défaite, de l'exil, de la séparation; les douleurs de l'amour; avoir la douleur de faire part de, de vivre, de voir; être fou de douleur; connaître, cultiver la douleur; ressentir une/de la douleur; partager la douleur de qqn; mourir de douleur.
P. méton. Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, Une femme passa (Baudel., Fl. du Mal,Recueillement, 1857-61p. 161).
Loc. et expr. La coupe, le feu de la douleur. Au fond de l'océan des douleurs et des outrages où elle fut plongée (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 306).Pour comble de douleur. Être dans ses grandes douleurs. Louis XVIII était dans ses grandes douleurs (Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 617).Se mourir de douleur. Le père Dantès se mourait de douleur et d'inquiétude (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 108).Notre-Dame des Sept Douleurs. Benizzi, auteur de la touchante dévotion des Sept-Douleurs de la Vierge (Montalembert, Ste Élisabeth,1836, p. LIX).
Proverbes, maximes. Douleur aux vaincus; faute d'argent, c'est douleur non pareille; pour un plaisir, mille douleurs.
C.− Souffrance affectant le corps et l'âme. Douleur affreuse, immense. Louis Lambert souffrit donc par tous les points où la douleur a prise sur l'âme et sur la chair (Balzac, L. Lambert,1832, p. 59).Il s'abandonna, mit sa tête contre la poitrine de cet ami, et pleura toutes ses douleurs (Larbaud, F. Marquez,1911, p. 83):
3. Morts pour la France, mais triomphants comme elle (...); ramenés par tous les chemins de nos douleurs et de notre victoire; voici donc ces morts revenus! De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 623.
SYNT. Douleur atroce, cruelle, cuisante, déchirante, extrême, folle, fulgurante, horrible, infinie, inouïe, intolérable, lancinante, poignante, violente.
Expr. Un souffre-douleur. Un bouc émissaire, celui qui subit les avanies, les vexations, les mauvais traitements. Toutes, la face levée, interpellaient violemment Adèle, qui était leur souffre-douleur, la bête sale et gauche sur laquelle la maison entière tapait (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 106).L'Homme des Douleurs. Jésus lui-même, puisqu'il est l'« Homme des Douleurs » (Bloy, Journal,1894, p. 145).
[P. réf. à la philos. stoïcienne] Douleur, tu n'es pas un mal. « La douleur est un bien »; quelques philosophes de l'Antiquité ont affirmé qu'elle n'étoit pas un mal (Staël, Allemagne,t. 5, 1810, p. 112).
Rem. On rencontre ds la docum. dolorifique, adj. Qui cause de la douleur. Les sensations locales dolorifiques (Ricœur, Philos. volonté, 1949, p. 88). Attesté ds Lar. 19e-20e, Littré, Guérin 1892.
Prononc. et Orth. : [dulœ:ʀ]. Enq. : /duløʀ/. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1050 dolur (Vie de St Alexis, éd. C. Storey, 157). Du lat. class. dolor, -oris « souffrance, douleur ». Fréq. abs. littér. : 12 544. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 25 484, b) 16 797; xxes. : a) 17 062, b) 12 337. Bbg. Darm. Vie. 1932, p. 188. − Gir. t. 2 Nouv. Rem. 1834, pp. 32-33. −Lavis (G.). L'Expr. de l'affectivité dans la poésie lyrique fr. du Moy. Âge. Paris, 1972, passim.Quem. 2es. t. 1 1970 −Rog. 1965, p. 121. − Scholler (H.). Studien im semantischen Bereich des Schmerzes... Paris, 1959, passim.Stefenelli (A.). Lexikalische Variatio in Chrétiens Yvain. Z. rom. Philol. 1965, t. 81, pp. 250-287.