| DOUCEUR, subst. fém. I.− Subst. fém. A.− [Correspond à doux I A] 1. Qualité de ce qui est doux, agréable aux sens. a) Domaine du goût.Les compagnons d'Ulysse, sont captivés par la douceur de quelques fruits (Chateaubr., Génie,t. 1, 1803, p. 183).Un bout de fromage bleu de Stilton dont la douceur s'imprégnait d'amertume (Huysmans, À rebours,1884, p. 180). − P. méton. [Le plus souvent au plur.] Choses douces, agréables au goût. Elle lui préparait des douceurs. Elle faisait chauffer du vin et griller une tranche de pain, et c'était une petite dînette charmante avant d'aller se mettre au lit (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Orphelin, 1883, p. 838).François rendait visite, chaque jour, au paralytique, et lui offrait des douceurs − du biscuit, des morceaux de sole (Queffélec, Recteur,1944, p. 142). ♦ En partic. Friandises, sucreries, pâtisseries. Je tirai de mes poches quelques tablettes de chocolat et autres douceurs que j'avais apportées (France, Bonnard,1881, p. 415).Le pot de confiture était de trop. Non! jamais il ne pardonnerait qu'on se payât salement des douceurs en cachette, lorsque lui mangeait son pain sec! (Zola,
Œuvre,1886, p. 185): 1. − Ce n'est pas à moi de vous offrir des douceurs... Mais enfin, si vous les aimez... Vous aimez ça? − Je n'en sais rien; qu'est-ce que c'est? − Tout ce qu'il y a de plus original et de plus commun à la fois : crème renversée. Et il verse dans mon assiette une sorte de colle immangeable.
Gide, Feuillets,1889-1939, p. 349. ♦ P. métaph. La fortune voulut mêler quelques douceurs à l'amertume de ses breuvages, pour en rendre le déboire plus affreux (Chateaubr., Essai Révol.,t. 2, 1797, p. 148). b) Domaine de l'odorat.Douceur d'un parfum : 2. Florent vécut près de huit mois dans les Halles [comme inspecteur à la marée] (...) vinrent les dégels, (...) des senteurs de chairs tournées se mêlèrent aux souffles fades de boue (...) Puanteur vague encore, douceur écœurante d'humidité, traînant au ras du sol.
Zola, Le Ventre de Paris,1873, p. 729. c) Domaine de la vue − [La douceur est celle d'une couleur] Cette chair nacrée qui s'arrondissait mollement avec des douceurs de teintes exquises (Zola, M. Ferat,1868, p. 161). ♦ P. compar. L'après-midi, entre chien et loup (...) leurs traits [des femmes] ont la douceur des demi-teintes (Benjamin, Gaspard,1915, p. 155). − [La douceur est celle d'une forme] :
3. Son profil [de Marius], dont toutes les lignes étaient arrondies sans cesser d'être fermes, avait cette douceur germanique qui a pénétré dans la physionomie française par l'Alsace et la Lorraine, et cette absence complète d'angles qui rendait les Sicambres si reconnaissables parmi les Romains et qui distingue la race léonine de la race aquiline.
Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 832. d) Domaine du toucher.La douceur de sa peau suave [d'Esther] (Balzac, Splend. et mis.,1844, p. 53): 4. ... le prix des renards ne peut être fixé; je ne parle pas des renards noirs, qui sont trop rares pour être comptés, et qu'on vend plus de cent roubles. Les gris et blancs varient depuis deux jusqu'à vingt roubles, suivant qu'ils approchent plus du noir ou du roux : ces derniers ne diffèrent de ceux de France que par la douceur et le fourré de leur poil.
Voyage de La Pérouse,t. 3, 1797, p. 148. − P. compar. Le bleu du ciel, au-dessus, reparaissant à de certaines places, avait des douceurs de satin (Flaub., Éduc. sent.,t. 2, 1869, p. 10). e) Domaine de l'ouïe.Douceur d'une musique. Dingley prêtait l'oreille aux appels mélancoliques des « bugles ». Un violon a moins de douceur que ces voix de cuivre qui s'attendrissent (Tharaud, Dingley,1906, p. 105): 5. Tout autour [de Marie-Madeleine], des anges, pâles et blancs, doucement rayonnants, semblables à un soleil d'hiver, vêtus de robes bleu tendre, ou de robes blanches, ou de robes roses, des anges aux ailes d'or, agenouillés comme des laveuses à la rivière, lavaient des âmes. Et le battoir dans leurs mains divines sonnait avec la douceur de la voix des harpes, et chantait comme un refrain de travail : Amen! Alleluia!
Goncourt, Charles Demailly,1876, p. 391. 2. P. ext. [Correspond à doux I A 2] a) [En parlant d'un moyen de locomotion] Qualité de ce qui progresse ou permet de progresser par un rythme suivi, peu saccadé ni cahotique. Douceur d'une voiture. − P. méton. Dans les voitures à vapeur (...) la douceur de démarrage et de marche est (...) supérieure à celle des voitures à pétrole (Périsse, Automob.,1907, p. 277). b) [En parlant de conditions atmosphériques] Qualité de ce qui procure une sensation de bien-être. Douceur de la température. On ne peut mettre en doute la douceur du climat qui devait alors régner dans les plus hautes latitudes (Lapparent, Abr. géol.,1886, p. 313): 6. ... tous les charmes de la nature s'attiraient mutuellement; mais ce qui est sur-tout ravissant et inexprimable [à Naples], c'est la douceur de l'air qu'on respire. Quand on contemple un beau site dans le Nord, le climat qui se fait sentir trouble toujours un peu le plaisir qu'on pourrait goûter. C'est comme un son faux dans un concert, que ces petites sensations de froid et d'humidité qui détournent plus ou moins votre attention de ce que vous voyez; ...
Staël, Corinne,t. 2, 1807, p. 191. − Spéc., allus. littér. Douceur angevine [p. réf. aussi à la douceur de vivre] : 7. Regrets! c'est le titre des vers que Du Bellay écrivait à Rome, les yeux fixés sur l'image de Liré comme les yeux de mille pèlerins, à l'Hôtellerie de Roncevaux, sur les images de mille villages du Nord, de l'Ouest, du Midi. Et comment se termine le dernier vers du sonnet classique de nostalgie? Et plus que l'air marin la douceur angevine. Douceur angevine, dans le sonnet du poète qui nous donna le mot de patrie, douce France dans les laisses du clerc de Roncevaux, figurent comme deux volutes de la même fumée, celle qu'évoque Ulysse dans l'île d'Ogygie.
Thibaudet, Réflexions sur la litt.,1936, p. 229. − P. iron. Le temps à la pluie, au vent, au froid, et à toute la combinaison enragée des douceurs charmantes de ce climat (Barb. d'Aurev., 2eMemor.,1839, p. 400). 3. Emplois partic. a) GRAV. Douceurs, subst. fém. plur. ,,Les parties d'une gravure les plus délicates, les moins chargées de tailles et les plus éclairées`` (Littré). Rem. Attesté aussi ds Besch. 1845, Nouv. Lar. ill.-Lar. encyclop. b) MÉTALL. [En parlant des métaux] ,,Malléabilité, ductilité`` (Nouv. Lar. ill.; attesté aussi ds Lar. 20e). B.− [Correspond à doux I B 1] Au fig. 1. Qualité de ce qui produit une impression agréable et tranquille sur l'âme, l'esprit, le cœur, l'imagination. La (les) douceur(s) de la renommée, du repos, du souvenir. Son cœur endolori sentit vivement la douceur de cette amitié veloutée, de cette exquise sympathie (Balzac, E. Grandet,1834, p. 128).Ta pensée m'attire sans relâche. J'y trouve une douceur exquise (Flaub., Corresp.,1846, p. 219).Cf. aussi amertume B, fig., ex. 5, 7 : 8. Pour la première fois de ma vie je connus les douceurs du sommeil, aussi pleines, aussi voluptueuses au bagne, qu'elles avaient été rares et incomplètes pour moi au sein du luxe.
Sand, Lélia,1833, p. 40. − Spéc., allus. littér. Douceur virgilienne. Le point central de mes émotions de ce jour, c'est la douceur virgilienne de ces fêtes religieuses près d'une eau courante et dans une belle nature (Barrès, Cahiers,t. 2, 1901-02, p. 256). − Emploi abs. Douceurs, subst. fém. plur. Petits agréments, jouissances, plaisirs. C'était la guerre civile et elle a toujours eu des charmes. La guerre a des douceurs à nulle autre pareilles (Péguy, Argent,1913, p. 1224). 2. Qualité de ce qui est dépourvu de rigueur, de sévérité. La douceur d'un châtiment, d'un devoir : 9. J'ai vu clairement et même senti avec une émotion où il y avait plus de douceur que d'amertume qu'aimer Jésus-Christ, vivre pour Jésus-Christ, travailler pour Jésus-Christ, mourir pour Jésus-Christ, c'est évidemment la seule vie, le seul bonheur. Mais, ce qui est douloureux, c'est d'avoir passé toute sa vie sans aimer Jésus-Christ.
Dupanloup, Journal,1868, p. 305. C.− [Correspond à doux I B 2] 1. Au sing. a) Qualité morale d'une personne douce.
α) Constr. abs. Il me semble qu'en la regardant je vais la corrompre. Sa douceur est comme l'égouttement de l'eau. Et cette eau me brûle (Montherl., Pasiphaé,1936, p. 121): 10. ... le brick anglais Hawes, commandé par John James, (...) eut beaucoup à souffrir de la part d'un chef perfide nommé Enararo. Plusieurs de ses compagnons subirent une mort affreuse. De ces événements contradictoires, de ces alternatives de douceur et de barbarie, il faut conclure que trop souvent les cruautés des Néo-Zélandais ne furent que des représailles. Bons ou mauvais traitements tenaient aux mauvais ou aux bons capitaines.
Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 3, 1868, p. 21. − Proverbe [vers de La Fontaine passé en proverbe]. Plus fait douceur que violence. On obtient plus par la douceur que par la force. Mieux vaut douceur que violence et une seule once de miel prend plus de mouches que setier de vinaigre (Bernanos, Dialog. Carm.,1948, 3etabl., 2, p. 1615): 11. ... un récit de ce genre, où tout est inventé, construit « à plaisir »; et pour prouver quoi? que plus obtient douceur que violence? ... que les plus sauvages forces de la nature servent, apprivoisées? ... que poésie et musique ont raison des plus farouches instincts? ... que la confiante naïveté d'un enfant triomphe là où la brutalité fait faillite? ...
Gide, Journal,1940, p. 45.
β) [Suivi d'adj. ou d'un compl. de nom] :
12. Silvère, accroupi sur une poutre, la face morte, regardait au loin, devant lui, dans le crépuscule blafard, d'un air doux et stupide. Depuis son départ de Sainte-Roure, il avait eu ce regard vide. Le long de la route, pendant les longues lieues, lorsque les soldats activaient la marche du convoi à coups de crosse, il s'était montré d'une douceur d'enfant. Couvert de poussière, mourant de soif et de fatigue, il marchait toujours, sans une parole, comme une de ces bêtes dociles qui vont en troupeaux sous le fouet des vachers.
Zola, La Fortune des Rougon,1871, p. 308. − [Avec valeur péj.] Elle donnait à son mari des commissions extraordinaires, que celui-ci faisait avec une douceur de mouton, sans comprendre (Zola, E. Rougon,1876, p. 189). − P. iron. Blondeau me regarde avec la douceur du tigre (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 788). − Spécialement ♦ Domaine de la spiritualité.Prosternée près de l'hermite, les yeux attachés sur le crucifix qu'il tenoit à la main, et encouragée par la douceur évangélique du saint, elle révéla ainsi les mystères de son cœur (Cottin, Mathilde, t. 1, 1805, p. 329): 13. ... jamais une erreur, jamais une défaillance dans cette abnégation absolue, dans ce courage calme et doux, dans ces tendres consolations données par lui-même [Barbès] aux cœurs brisés par la souffrance. Les lettres de Barbès à ses amis sont dignes des plus beaux temps de la foi. (...) supérieur à la plupart de ceux qui instruisent et qui prêchent, il s'est assimilé la force du stoïque unie à l'humble douceur du vrai chrétien.
Sand, Histoire de ma vie,t. 4, 1855, p. 450. ♦ Allus. littér. Douceur danoise : 14. 6 avril − Note sur la tolérance luthérienne et sur la célèbre douceur danoise : Quand un indigent a été secouru par ce qui équivaut en ce pays à l'assistance publique, il n'a pas le droit de se marier avant cinq ans, à moins qu'il ne rembourse l'argent reçu.
Bloy, Journal,1899, p. 315. b) P. méton. Manifestation physique de ce trait de caractère. Douceur de gestes, de mouvements; écarter, parler, pousser, regarder avec douceur. MmeGreslou, lui saisissant la main, reprit avec une douceur qui démentait l'âpreté de son accent de tout à l'heure (Bourget, Disciple,1889, p. 59).Pierrot et Petit-Pouce, (...) empoignèrent sans douceur des dames qui se débattaient et gigotaient (Queneau, Pierrot,1942, p. 15): 15. Sous ses longs cils noirs, son regard avait une douceur soyeuse, une profondeur pensive qui attirait. Jolie? On n'en savait rien. Mais à la regarder longuement, de toute sa personne s'exhalait un charme qui finissait par vous prendre. Ainsi poussent, dans les haies, des fleurs chétives, maltraitées par les vents, mais dont l'odeur tenace, inoubliable, fait chanter dans notre cœur des rêves infinis de tendresse.
Moselly, Terres lorraines,1907, p. 7. − P. anal. [En parlant d'un animé non humain] Elle [la machine] (...) marchait à toute vapeur (...) sans que le mouvement de sa bielle énorme, émergeant et plongeant avec une douceur huilée, donnât un frisson aux murs (Zola, Germinal,1885, p. 1152). − En partic., littér. Douceur d'un style. Qualité d'un style agréable, aisé, naturel, harmonieux. Rem. Attesté ds Ac. 1798, Besch. 1845, Quillet 1965. 2. Gén. au plur. a) Domaine des relations soc.
α) Paroles flatteuses, gentillesses. Tu me trouves dans un journal de Paris une grande colonne, je t'y dirai des douceurs sincères (Flaub., Corresp.,1852, p. 9).Je mis un genou par terre en lui débitant [au chien] des douceurs afin de l'attirer (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Après, 1893, p. 104).
β) Égards, ménagements qu'on a pour une personne. Accorder une douceur, des douceurs (à qqn). La petite chèvre (...) Louise la nourrissait de pain, la visitait tous les jours. Maintenant la voilà sevrée de toutes ces douceurs depuis qu'elle n'est plus pour nous (E. de Guérin, Lettres,1831, p. 8). − P. iron. Laurent (...) (Regardant Camille et MmeRaquin qui causent bas). Je parie que vous complotez encore quelque douceur (Zola, Raquin,1878, I, 7, p. 64). − En partic. Dédommagement, gratification, petit profit donné à quelqu'un pour le remercier. Tout est douceur et profit dans le métier d'écrivain hypocrite (Zola, Documents littér.,De la Moralité dans la litt., 1881, p. 314).Maintenant, si vous avez des moyens, on pourra vous fournir quelques douceurs (A. Daudet, Tartarin Alpes,1885, p. 210). b) Domaine amoureux − Vx. Douceur de cœur. Sentiment tendre, amour pour une femme. Rem. Attesté ds DG, Guérin 1892 (Nouv. Lar. ill.-Lar. 20e). − P. ext. Douceurs, subst. fém. plur. Propos galants tenus à quelqu'un (généralement à une femme). Conter des douceurs. Je lui disais quelques paroles joyeuses, des douceurs comme les garçons en disent aux filles (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t. 1, 1870, p. 146).Des messieurs disaient des douceurs à des têtes de femmes enveloppées jusqu'au cou des rideaux de leurs loges (...) − et ce, pendant qu'on les habillait par derrière (E. de Goncourt, Faustin,1882, p. 93). − Spéc. Elle me donne mille douceurs d'intimité qu'on ne donne pas toujours dans la plus complète union (Michelet, Journal,1849, p. 81).Qu'elle dorme donc bien tranquille, je n'ai aucunement envie d'aller répandre du vinaigre dans les douceurs de sa lune de miel (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 256): 16. L'un des seins est voilé, l'autre découvert. Quels tetons! Nom de Dieu, Quel teton! Il est rond-pomme, plein, abondant, détaché de l'autre et pesant dans la main. Il y a là des maternités fécondes et des douceurs d'amour à faire mourir.
Flaubert, Correspondance,1851, p. 298. ♦ Loc. fam. Faire une petite douceur (à qqn). Eudoxie (...) elle est maigre et belle, constata Volpatte. On y f'rait bien une p'tite douceur... C'est du fricot, du véritable poulet... Elle a quequ'chose comme z'yeux! (Barbusse, Feu,1916, p. 65). II.− Locutions A.− Loc. adv. fam. En douceur 1. Sans brusquerie, sans à coups, par une gradation insensible, avec précaution ou ménagement. (Quasi-) synon. doucement. − Terme de métiers. En douceur et du roulement [dans les coups de masse]; bon donc : t'entends pas l'arrêt, ouf!... [scène de forge] (Poulot, Sublime,1872, p. 172). ♦ En partic., MAR. Filer, larguer, raidir en douceur. « Choquer » : mollir peu à peu une manœuvre généralement tournée à un taquet ou à un cabillot par un seul tour (choquer en douceur, choquer à la demande) (Galopin, Lang. mar.,1925, p. 77). Rem. « En douceur » s'oppose à « à la demande » qui indique, au contraire, qu'on laisse aller le cordage tant qu'une pression s'exerce sur lui (cf. Le Clère 1960, p. 159). 2. Au fig. Paisiblement, tranquillement, sans hâte, avec calme, sans émotion. Moi, si j'étais trompé, je ne me battrais pas; J'éconduirais l'amant en douceur et tout bas (Augier, Gabrielle,1850, I, p. 378).Il faut lire dans Hérodote (...) le récit de ces révolutions et de ces restaurations, qui se passent toujours en douceur, grâce à la mansuétude des mœurs athéniennes (Mérimée, Mél. hist. et littér.,1855, p. 154): 17. ... j'en ai profité pour lui glisser un petit mot à Robinson à l'oreille quand même au sujet de la situation, pour essayer qu'on se décolle d'elle maintenant et qu'on en finisse au plus vite, puisque c'était raté, qu'on s'esquive en douceur avant que tout tourne au vinaigre et qu'on se fâche à mort. C'était à craindre. « Veux-tu que je te trouve un prétexte moi? que je lui ai soufflé. Et qu'on se défile chacun de notre côté?
Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 600. B.− Loc. verbales, arg. 1. Faire en douceur, lever en douceur. ,,Voler ou tromper quelqu'un en le flattant ou le faisant boire`` (France 1907); cf. aussi Larch. 1872, p. 120). 2. Mettre en douceur. ,,Tromper quelqu'un avec de douces paroles; voler quelqu'un en le flattant`` (L. Rigaud, Dict. du jargon parisien, 1878, p. 124). Prononc. et Orth. : [dusœ:ʀ]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1119 itele dulçur [d'une pers.] (Philippe de Thaon Comput, 1288 ds T.-L.); 2. ca 1170 la dolçors... des beisiers (Chr. de Troyes, Erec., éd. M. Roques, 2042); 1680 douceur des odeurs, de la voix, de la peau (Rich.); 3. ca 1200 les douçors « aliment agréable au goût » (St Jean Bouche d'or, 500 ds T.-L.); 4. 1642 en douceur [couler quelque moment] (P. Corneille, Le Menteur, I, 1, p. 36). Réfection, d'apr. le fém. de doux*, du b. lat. dulcor saveur douce » dér. du rad. de dulcis « doux »; suff. -or. Fréq. abs. littér. : 5 741. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 7 395, b) 9 248; xxes. : a) 9 202, b) 7 615. Bbg. Duch. Beauté 1960, p. 161. −La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 318. −Lew. 1960, p. 170. |