| DORMANT, ANTE, part. prés., adj. et subst. masc. I.− Part. prés. de dormir*. II.− Adjectif A.− [Correspond à dormir I A] 1. [En parlant d'une pers. ou d'un animal] Qui est en train de dormir. (Quasi-)synon. endormi.Chez l'homme éveillé (...) chez l'homme dormant (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 202).Hélène s'approcha du vieux soldat, qu'elle trouva dormant (Stendhal, Abbesse Castro,1839, p. 237). − HÉRALD. Animal dormant. Animal représenté dans l'attitude du sommeil. Rem. Attesté par la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes. sauf Ac. − Emploi subst. a) Les sept dormants. Martyrs d'Éphèse, du temps de l'empereur Dèce, qui selon la légende s'endormirent dans une caverne où ils avaient été murés, pour se réveiller quelque deux siècles plus tard. Nous faisons de la musique à réveiller les sept dormants (Musset, Le temps,1830, p. 23): 1. La légende des sept dormants, qui, fuyant la persécution, murés dans une caverne, y dormirent trois cent soixante-dix-sept ans, et dont le réveil étonna si fort l'empereur Théodose...
Zola, Le Rêve,1888, p. 30. b) Dormante, subst. fém. (cf. Colette, Ces plaisirs, 1932, p. 216; cf. dormeuse A 2). 2. P. ext. [En parlant du regard d'une pers. ou d'un animal] Qui est ou semble tranquille, indifférent. L'œil dormant d'un chat qui guette une proie (Goncourt, Journal,1893, p. 412).Petite bourgeoise au teint de lait, au regard dormant (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 68). B.− [Correspond à dormir I B 1] 1. [En parlant d'un inanimé concr., notamment d'un élément du paysage naturel] Qui repose dans la tranquillité et le calme. Vallon sous l'ombre dormant (Lamart., Harm.,1830, p. 456).Azur immobile et dormant (Hugo, Contempl.,t. 2, 1856, p. 405); cf. aussi bois ex. 5) : 2. ... c'était une forêt triste et sauvage, un bois dormant dont la tranquillité absolue étreignait l'âme avec violence.
Gracq, Au Château d'Argol,1938, p. 30. − En partic. [En parlant de l'eau] Qui ne coule pas ou guère. Synon. croupissant, stagnant; anton. courant.La rivière qui passe et le vivier dormant (Sainte-Beuve, Poés.,1829, p. 121).Eau noire, dormante, si parfaitement plane que nulle ride, nulle bulle d'air, n'en troublait la surface (Bachelard, Poét. espace,1957, p. 39). ♦ P. métaph. Eau dormante. Personne dont les apparences tranquilles ne reflètent pas l'attitude profonde. (Quasi-)synon. sournois.Et moi, « l'eau dormante » du couvent, j'étais devenue quelque chose de plus téméraire qu'un hussard (Sand, Hist. vie,t. 3, 1855, p. 266). − BOTANIQUE a) Qui est en état de dormance. Bourgeon, œil dormant (cf. Plantefol, Bot. et biol. végét.,t. 1, 1931, p. 565). b) Qui ferme ses feuilles ou ses pétales durant la nuit. Le charme des plantes dormantes ou des fleurs fermées (Estaunié, Bonne Dame,1891, p. 41). 2. [En parlant d'un inanimé concr., ds des domaines techn.] Qui ne se déplace pas, qu'on ne déplace pas. Synon. fixe, immobile.Meule dormante (Brongniart, Arts céram.,1844, p. 98). a) ARCHIT. Pont dormant. Anton. pont-levis.Les baies où jouaient les bras du pont-levis, les rainures de la herse se voient encore. Un pont de bois dormant enjambe le canal (Du Camp, Hollande,1859, p. 101). b) COUT., vieilli. Pli dormant. Pli qui ne s'ouvre pas. Chemise en percale à jabot plissé dormant (Balzac, Splend. et mis.,t. 2, 1844, p. 272).Étoffes aux plis dormants (Glatigny, Fer rouge,1870, p. 33). Rem. Non attesté ds les dict. gén. du xixeet du xxesiècle. c) MAR. Manœuvres dormantes. Anton. manœuvres courantes.Il [ce navire] était en partie gréé avec des chaînes, ce qui du reste n'ôtait rien de leur mobilité aux manœuvres courantes et de leur tension aux manœuvres dormantes (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 102). d) MENUIS. et SERR. Châssis dormant. Le linteau en fer du châssis dormant de la croisée (Viollet-Le-Duc, Archit.,1872, p. 316).Verre dormant. Panneau vitré qui ne s'ouvre pas. Sans autre ouverture qu'un verre dormant (Arnoux, Paris,1939, p. 139).Pène dormant. Un dispositif de pène dormant paralyse le loquet (Fillon, Serrurier,1942, p. 22). e) PÊCHE Ligne dormante. Sur le lac de Côme (...) des lignes dormantes (Stendhal, Chartreuse Parme,1839, p. 17). 3. [En parlant d'une valeur financière] Qui n'est pas utilisé. Synon. improductif : 3. Les réserves en monnaie métallique que la prudence les oblige de garder en caisse, et qui se montent quelquefois à un tiers ou moitié de leurs billets en circulation, sont un capital dormant.
Say, Traité d'écon. pol.,1832, p. 310. C.− [Correspond à dormir I B 2; en parlant d'un inanimé abstr. désignant un sentiment, une attitude] Qui est caché. Synon. latent.Il éveillait les voluptés qu'elle portait dormantes en elle (France, Lys rouge,1894, p. 157).Elles [des jeunes filles] masquaient avec soin d'incroyables sensibilités, dormantes encore (Martin du G., Devenir,1909, p. 143). III.− Subst. masc. A.− Vx. Dormant de table. ,,Plateau garni de cristaux, de fleurs, etc., autour duquel on range les plats, et qu'on n'enlève qu'à la fin du repas`` (Ac. 1835, 1878). B.− Emplois techn. 1. MAR. Partie fixe d'une manœuvre. Le dormant en filin ou en fer des haubans (Galopin, Lang. mar.,1925, p. 49). 2. MENUIS. Partie fixe d'une ouverture. Synon. encadrement.Poser, sceller un dormant (Ac. 1835-1932). Les croisées comportent toujours des dormants au pourtour (Robinot, Vérif., métr. et prat. trav. bât.,2, 1928, p. 124). Prononc. et Orth. : [dɔ
ʀmɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. Ds Ac. dep. 1694. Fréq. abs. littér. : 922. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 126, b) 1 794; xxes. : a) 1 441, b) 1 131. DÉR. Dormance, subst. fém.,physiol. végétale. ,,Mécanisme physiologique permettant à un organisme vivant de cesser toute ou une partie de son activité pendant la mauvaise saison sous l'effet du froid, de la sécheresse, d'un éclairement insuffisant`` (George 1970). La vigne rentre alors dans sa troisième phase annuelle : la « phase de maturation ». Cet arrêt de la croissance est en relation avec l'apparition d'un inhibiteur de croissance. Pour le bourgeon terminal et les yeux latents c'est donc une période de dormance (Levadoux, Vigne,1961, p. 16).− 1reattest. 1499 « action de dormir » (Catholicon, Quimper ds Gdf.), ex. isolé, à nouv. formé comme terme sc. au xxes.; du rad. du part. prés. de dormir* (dormant), suff. -ance*. |