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DOMESTICITÉ, subst. fém.
A.− Condition, situation d'une personne servant en qualité de domestique. Mais Thérèse est sourde (...) et fière de ses soixante ans d'honnête domesticité (France, Bonnard,1881, p. 378).Toute domesticité est supportée, dès qu'elle a pouvoir sur son propre travail et certitude de durée (Alain, Propos,1922, p. 430):
1. Peut-être eut-elle conscience du déchirement jaloux que son éclatante jeunesse produisait chez cette pauvre créature, usée dans la résignation muette de sa domesticité. Zola, Le Docteur Pascal,1893, p. 226.
Au fig. État de dépendance envers quelqu'un ou quelque chose. Dans l'amour il y a en effet une part de domesticité et une part de poésie (Barrès, Renan,1888, p. 218).Il s'agit de la domesticité conjugale, qui fait de tant d'épouses une sorte de nurse pour adulte (Colette, Vagab.,1910, p. 199).C'est une sorte de domesticité intellectuelle qu'ils affichent sans la moindre retenue (Léautaud, Théâtre M. Boissard,1943, p. 29).
B.− Ensemble des personnes, des domestiques, qui servent dans une maison. En dépit de ce dénuement où il stagnait depuis des mois, il s'était entouré d'une domesticité très compliquée composée de garçonnets surtout (Céline, Voyage,1932, p. 210).La famille et la domesticité suivaient à cheval la charrette mortuaire (Gracq, Syrtes,1951, p. 283):
2. ... (des dépenses à profusion dans ce restaurant avaient achevé de faire de lui, ici comme ailleurs, le client le plus à la mode et le grand favori, situation que soulignait l'empressement envers lui non pas seulement de la domesticité mais de toute la jeunesse la plus brillante), ... Proust, Le Côté de Guermantes 2,1921, p. 413.
C.− État de l'animal qui a été domestiqué, apprivoisé par l'homme. Des animaux (...) ont quitté sans mourir, pour vivre dans la domesticité, leur soleil attiédi (Sand, Lélia,1833, p. 121).[Le rossignol] est du reste très facile à prendre et supporte assez facilement la domesticité (Coupin, Animaux de nos pays,1909, p. 149).
Prononc. et Orth. : [dɔmεstisite]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1583 « fait de vivre sous le même toit, familiarité » (J. Duret, Const. des Bourbonnois, 384 ds Hug.); 1612 « état d'un animal apprivoisé » (De Langre, Inconstance des mauvais anges, 19, ibid.); 1690 « état de domestique » (Fur.); 1794 « ensemble des domestiques » (Beaumarchais, Mère coupable, éd. L. Collin, II, 346). Empr. au b. lat.domesticitas, -atis « relations, vie commune ». Fréq. abs. littér. : 159.