| * Dans l'article "DOMESTIQUER,, verbe trans." DOMESTIQUER, verbe trans. A.− Rendre domestique (un animal, une espèce animale). Domestiquer un cheval sauvage. Synon. apprivoiser, dompter.Je crois (...) que les animaux (...) sont ingénieux et pleins d'art. En les domestiquant, nous (...) dépravons leur cœur et leur esprit (France, Pt Pierre,1918, p. 207).Les animaux le plus anciennement domestiqués ne le furent pas en vue du transport (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 220): 1. Le premier soin de l'Homme fut de purger la terre des monstres et des animaux les plus nuisibles, − dont il ne conserva que les imaginaires. Puis, il s'occupa de domestiquer ceux dont il pouvait se servir...
Valéry, Mauvaises pensées et autres,1942, p. 215. − Emploi pronom. passif (p. métaph.). Lui [Alexandre] (...) sentait que sa fortune se décidait, attendait la ripaille certaine, en jeune loup qui se résigne à se domestiquer, pour dévorer ensuite à l'aise toute la bergerie (Zola, Fécondité,1899, p. 683). − P. ext. [En parlant de phénomènes naturels] Rendre inoffensif, utilisable. La marée était plus que vaincue, elle était domestiquée. L'océan faisait partie du mécanisme (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 311).La nature est une chose effrayante et même quand elle est fermement domestiquée, comme au bois, elle donne encore une sorte d'angoisse (Céline, Voyage,1932, p. 70). B.− P. anal. 1. [En parlant de pers.] Synon. asservir, assujettir. a) Mettre (quelqu'un) sous sa coupe. « Et tu vendrais tes bijoux, pour me domestiquer de leur prix... » (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 351). − Emploi pronom. passif. Se domestiquer à.Devenir le serviteur de. Qu'est-ce que tout cela, sinon la lutte de la terre et de la race contre la féodalité financière à laquelle tout naturellement le déracineur Bouteiller devait dans un bref délai se domestiquer? (Barrès, Scènes et doctr.,t. 2, 1902, p. 180). b) Asservir (un groupe). On masturbe les peuples comme les lions, pour les domestiquer (Goncourt, Journal,1863, p. 1213).Nos coloniaux ne réussiront pas aussi facilement qu'ils l'imaginent à occuper Fez, à domestiquer le Maroc (Jaurès, Eur. incert.,1914, p. 273): 2. Si j'étais le ministre de la Justice, je ferais sur-le-champ arrêter M. Christophe et, par là, j'exécuterais ou domestiquerais tout le personnel parlementaire...
Barrès, Leurs figures,1901, p. 11. 2. [En parlant d'activités humaines] Maîtriser, dominer. a) Dans le domaine philos., pol.Tous les philosophes qui s'en sont occupés [du temps et de l'espace] n'ont pu domestiquer la double et formidable énigme (Maeterl., Hôte inconnu,1917, p. 153).On peut tromper les autres, on ne se trompe pas soi-même. Ceux qui prétendent le contraire ont sans doute la chance de pouvoir domestiquer leur orgueil (H. Bazin, Mort pt cheval,1949, p. 79). b) Dans le domaine artistique.De Van Gogh à Rouault, en passant par les expressionnistes flamands et germaniques, la volonté d'expression est domestiquée par la volonté de style (Malraux, Voix sil.,1951, p. 594).Nommons donc, pour simplifier les choses, ce fluide : poésie, et : art, l'exercice plus ou moins heureux par quoi on le domestique (Cocteau, Poésie crit.I, 1959, p. 52). Prononc. et Orth. : [dɔmεstike]. Ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. xves. (G. Tardif, Traité de fauconnerie, 55, Jouaust ds Delb. Recueil). Dénominatif de domestique*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 35. DÉR. Domesticable, adj.Que l'on peut domestiquer. a) [En parlant d'un animal] Ces êtres non domesticables (...) sont donc susceptibles de modifier le premier de tous les instincts, celui de l'alimentation, en raison des ressources que leur offre le milieu où ils se trouvent (Sand, Prom. autour vill.,1860, p. 51).b) [En parlant d'une pers.] Avec la manie singulière que je lui ai connue toute sa vie de s'inventer des patrons, lui, le plus personnel, le moins domesticable des hommes, il [Péguy] s'était mis avec bonheur dans la grande ombre de Jaurès (Tharaud, Péguy,1926p. 232).− [dɔmεstikabl̥] − 1reattest. 1860 (Sand. loc. cit.); du rad. de domestiquer, suff. -able*. − Fréq. abs. littér. : 1. |