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DODO, interj. et subst.
A.− Interj. Invitation à dormir que l'on adresse aux jeunes enfants. Dodo, l'enfant do, L'enfant dormira bientôt (Berceuse populaire). Nanna ou Nanni est, comme notre mot dodo, une de ces onomatopées que personne n'explique et que tout le monde comprend (About, Grèce,1854, p. 185).Du Roy reprit la lampe : − Et maintenant, dodo, dit-il (Maupass., Bel-Ami,1885, p. 233):
1. Une poule blanche Couchée dans la grange Qui fait un petit coco Pour l'enfant qui fait dodo Dodo, ma poulette, Dodo, mon poulot. Menon, Lecotte, Au village de France,t. 2, 1954, p. 59.
B.− Substantif
1. Berceuse. Maintenant que je m'endors avec tant de peine, il m'arrive de chercher une idée agréable, qui me fasse le dodo de la nourrice (Goncourt, Journal,1895, p. 827).
2. [Lang. enfantin et lang. des adultes s'adressant aux enfants]
a) Sommeil. Avoir dodo. Avoir sommeil. Faire dodo. Dormir. Faire un beau, bon, petit, grand, gros dodo. Fais dodo!
[Dans un cont. iron. ou galant en s'adressant à des adultes] Synon. dormir, coucher avec.Rosanette lui prit le menton (...) et, zézayant à la manière des nourrices : − « Avons pas toujours été bien sage! Avons fait dodo avec sa femme! » (Flaub., Éduc. sent.,t. 2, 1869, p. 164).
[Dans un cont. affectif, ou affectant la simplicité, la naïveté de l'enfance] :
2. C'est d'un'maladie d'cœur Qu'est mort', m'a dit l'docteur Tir-lan-laire Ma pauv'mère Et que j'irai là-bas Fair' dodo z'avec elle. Laforgue, Poésies,1887, p. 11.
P. ell. Ce beau projet m'avait enflammé pendant vingt-cinq minutes. J'ai noté dans le frais les éléments excitants qui ont brillé pendant cette courte durée. Puis, dodo (Valéry, Lettres à qq.-uns,1945, p. 121).
Loc. Métro, boulot, dodo. Symbolisant la vie monotone du travailleur urbain (formule diffusée après mai 1968).
b) [Dans des loc.] Lit. Se mettre, être au dodo. Se mettre, être au lit. Aller au dodo, dans son dodo; au dodo, les enfants. Se flanquer au dodo (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 114):
3. Tu seras bien sage, bien gentille, tu resteras tranquillement à m'attendre dans le dodo et je reviendrai sitôt que ce sera fini. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Soirée, 1883, p. 1275.
[Dans un cont. iron. ou affectueux, en s'adressant à des adultes] Puis, d'une voix de caresse, légère comme un souffle : − Au dodo, chérie, veux-tu? (Zola, Bête hum.,1890, p. 168).Ça n'avance à rien de veiller. Au dodo, les gars, au dodo! (...) − Bon! dit-il, je vais me coucher : mais c'est de misère (Sartre, Mort âme,1949, p. 96).
Prononc. et Orth. : [dɔdo]. On trouve également en syllabe non finale le timbre fermé, dans une transcr. [doˑdo] ou [dodo]. Cette dernière transcr. n'appelle aucun commentaire s'agissant d'auteurs qui ne transcrivent pas la durée, tels Pt Rob.; de la part de Passy 1914, chez qui on a gén. pour le timbre fermé une demi-longueur (la transcr. [doˑdo], chez Barbeau-Rodhe 1930, répond à cette optique), elle surprend. L'absence de longueur s'explique si on admet, avec Mart. Comment prononce 1913, pp. 111-112, que le timbre fermé résulte d'un phénomène d'assimilation. L'hypothèse rend compte par ailleurs du désaccord avec l'orthographe. Étymol. et Hist. 1. Av. 1465 faire dodo (Ch. d'Orléans, Poésies, éd. P. Champion, II, p. 387); 1611 « invitation à dormir » (Cotgr.); 2. 1725 « lit » (N. Grandval, Le Vice puni, 68). Formé sur la base onomatopéique dod-, exprimant le balancement (pour bercer un enfant) avec peut-être infl. de dormir*. Fréq. abs. littér. : 53. Bbg. Arv. 1963, pp. 215-217. − Morin (Y.). The Phonol. of echo-words in French. Language. 1972, t. 48, p. 105. − Quem. 2es. t. 2 1971. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 408, 424, 442.