| DODELINER, verbe. A.− Emploi trans. 1. Vx. [Le compl. d'obj. désigne un être humain] Balancer doucement, bercer. Le souvenir de son ancienne maîtresse, ses frémissements ses pâmoisons, lorsqu'il [André] la dodelinait entre ses bras, le hantèrent (Huysmans, En mén.,1881, p. 145).Elle [Madame Toussaint], marchait, elle dodelinait l'enfant, pour qu'il se calmât (Zola, Paris,t. 2, 1897, p. 223). − P. métaph. Tandis que ces pensées dodelinaient ainsi mon esprit, je battis et brossai mon habit et mon pantalon (Balzac,
Œuvres div.,t. 2, 1830-35, p. 383). 2. Balancer doucement (une partie du corps). L'homme fut ému par cette douleur; il eut un petit sursaut, dodelina la tête (R. Bazin, Blé,1907, p. 186). B.− Emploi intrans. [Le compl. introduit par de désigne une partie du corps] (Se) Balancer doucement. Dodeliner de la tête; dodeliner du chef, des épaules, du ventre. Ils dodelinent de la tête en tirant sur leurs cigares; ils s'ennuient, ils pensent (Sartre, Huis-clos,1944, 5, p. 159).P. ext. Dodelinant du chapeau, elle [MlleCalien] philosophait, sur le ton badin (H. Bazin, Lève-toi et marche,1952, p. 39): 1. ... étourdi, perdant tout respect, il ricana positivement, il dodelina du râble, pour exprimer la jouissance sans remords de sa débauche; ...
Zola, La Terre,1887, p. 356. − Emploi abs. [Le suj. désigne une partie du corps] Se balancer doucement. Devant nous des croupes de chevaux dodelinent (Genevoix, Éparges,1923, p. 32). − Emploi pronom. (rare). [Par personnification du suj.] :
2. Assise, la fileuse au bleu de la croisée
Où le jardin mélodieux se dodeline;
Le rouet ancien qui ronfle l'a grisée.
Valéry, Alb. vers anc.,1900, p. 75. Rem. On rencontre ds la docum. une attest. de l'adj. dodelineur. Un rythme dodelineur et dolent (Huysmans, Oblat, t. 2, 1903, p. 72). Prononc. et Orth. : [dɔdline], (je) dodeline [dɔdlin]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1534 dodelinant de la teste (Rabelais, Gargantua, éd. M.-A. Screech, VI, 54). Allongement de dodiner*, par intercalation du suff. -el(er)*. Fréq. abs. littér. : 39. Bbg. Bruneau (Ch.). Noms créés au moyen du suff. -ment... In : [Mél. Orr (J.)]. Manchester, 1953, p. 27. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 438. |