| DOCILITÉ, subst. fém. A.− Usuel. Tendance naturelle à obéir, à céder; comportement soumis. 1. Emploi abs. La docilité d'un enfant. (Quasi-)synon. obéissance, soumission; anton. indocilité, indiscipline, rebellion, entêtement, obstination.Une jeune fille (...) a toujours deux miroirs, (...) sa glace et son admirateur (...) la complaisante docilité du second corrige la rude franchise du premier (Dumas père, Intrigue et amour,1847, IV, 2, p. 280).Je me laisse faire avec une docilité crispée de chien qu'on panse (Colette, Entrave,1913, p. 283): 1. ... j'ai vraiment protesté depuis des années et des années contre la docilité moutonnière avec laquelle les professeurs français ont avalé les monstrueuses couleuvres nées des cerveaux obscurs...
Le Dantec, Savoir! Considérations sur la méthode sc., la guerre et la mor.,1920, p. 198. SYNT. Docilité absolue, apparente, merveilleuse, parfaite; apparente, grande, parfaite, singulière, stupéfiante docilité; docilité d'agneau, de chien, de mouton; d'une docilité à toute épreuve; écouter, obéir, se plier, suivre avec docilité. − RELIG. Disposition à ouvrir son intelligence à l'enseignement de la vérité (d'apr. Foi t. 1 1968). Songez que dans chacun de ces humbles vaisseaux vous [les hommes] pouvez faire passer, comme une sève ou une liqueur précieuse, l'esprit de docilité et d'union à Dieu (Teilhard de Ch., Milieu divin,1955, p. 38). − Rare, au plur. Ensemble d'attitudes qui témoignent de la soumission. − Vous en avez donc trente-six, des filles? dit aigrement Madame Vauquer. − Je n'en ai que deux, répliqua le pensionnaire avec la douceur d'un homme ruiné qui arrive à toutes les docilités de la misère (Balzac, Goriot,1835, p. 37). 2. [Suivi d'un compl.] a) [Introd. par la prép. envers] Rare. Docilité envers qqn ou qqc.Pour l'heure, des intérêts de famille m'obligent à la docilité envers mon tuteur (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 464).Elle prit doucement son bras avec cette docilité envers ses impulsions immédiates qui était tellement elle-même (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 176). b) [Introd. par la prép. à] LITT. Docilité à qqc.Inclination naturelle à céder, à obéir. Au théâtre, la docilité du spectateur aux suggestions du dramaturge (Bergson, Deux sources,1932, p. 209): 2. Elle avait, elle, si rebelle et volontaire, une étonnante docilité dans la danse aux mouvements de son partenaire, une soumission au rythme de tout son corps mince et délié, un abandon à la musique, passionné, enfantin, presque primitif.
Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 161. B.− LITT. [En parlant d'objets ou d'abstractions] Caractère de ce qui est docile (v. ce mot B), se laisse facilement manier, s'adapte facilement. 1. Emploi abs. Étude (...) relative à la souplesse et la docilité du poignet (Cortot, Ét. piano Chopin,1917, p. 74).La machine (...) se mit en route pour le précipice avec la docilité d'un corps qui s'abandonne sans réserves aux séductions de la pesanteur (Valéry, Entret.[avec F. Lefèvre] 1926, p. 103).Elle fait preuve d'une mobilité, d'une transparence, d'une docilité grâce auxquelles on peut l'assimiler à la pensée judicative et discursive (Sartre, Imagination,1936, p. 114). 2. [Suivi d'un compl. introd. par la prép. à] :
3. L'intention de mouvoir l'œil et la docilité du paysage à ce mouvement ne sont pas davantage des prémisses ou des raisons de l'illusion. Mais elles en sont les « motifs ».
Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, p. 59. Prononc. et Orth. : [dɔsilite]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1282 [ms. 1444] dosilité (H. de Gauchi, Trad. du Gouv. des princes de Gilles Colonne, Ars. 5062, fo25 vods Gdf. Compl.). Empr. au lat. class.docilitas, -atis de même sens. Fréq. abs. littér. : 334. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 299, b) 381; xxes. : a) 388, b) 727. |