| DIVINISATION, subst. fém. Action de diviniser*; résultat de cette action. A.− [Correspond à diviniser A] Divinisation de l'univers : 1. Ce Dieu isolé de la nature, cette nature que Dieu a faite ne prêtent point à l'incident et à l'histoire. Quelle distance de cette vaste divinisation des forces naturelles, qui est le fond des grandes mythologies, à cette étroite conception d'un monde façonné comme un vase entre les mains du potier.
Renan, L'Avenir de la science,1890, p. 267. − Spéc. [Correspond à diviniser A spéc. 2] Divinisation de l'âme/déification du moi. Ouvrage posthume du P. Ramière, qui a pour titre : Le cœur de Jésus et la divinisation du chrétien. Toulouse, 1891 (Bremond, Hist. sent. relig.,t. 3, 1921, p. 674): 2. Avant de s'occuper des autres (pour pouvoir s'occuper des autres) le fidèle doit assurer sa sanctification personnelle (...) pour une part infinitésimale et incommunicable, nous avons chacun le monde entier à diviniser. Comment cette divinisation partielle est-elle possible. C'est ce que nous avons fini d'analyser.
Teilhard de Chardin, Le Milieu divin,1955, p. 181. B.− P. ext. [Correspond à diviniser B; dans le domaine relig.] Divinisation d'(une chose abstraite) : 3. ... rien ne pouvait être plus contraire à la religion concrète d'un grec que la divinisation des idées abstraites, que ce culte de la déesse raison, inauguré avec un appareil emprunté aux rites du paganisme, dans la vieille cathédrale gothique de la cité, à Notre-Dame.
Gaultier, Le Bovarysme,1902, p. 98. C.− Au fig. souvent péj. [Correspond à diviniser C] 1. [Correspond à diviniser C 1] Divinisation de (qqc.). Divinisation de la matière. Cette divinisation du vouloir, qui est en réalité sa démonisation (Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 27).L'ascèse nietzschéenne (...) aboutit à une divinisation de la fatalité. Le destin devient d'autant plus adorable qu'il est plus implacable (Camus, Homme rév.,1951, p. 97). 2. [Correspond à diviniser C 2] Divinisation de (qqn). L'immaculée conception, cette divinisation catholique de la femme (Goncourt, Journal,1864, p. 112).La connaissance est un péché lorsque l'homme prétend en faire l'instrument d'une divinisation de lui-même au cours de la vie présente (Béguin, Âme romant.,1939, p. 399). Prononc. et Orth. : [divinizasjɔ
̃]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1719 (N. Gueudeville, Trad. des Comédies de Plaute, vol. 2, p. 109 ds Quem. Fichier). Dér. du rad. de diviniser*; suff. -(a)tion*. Fréq. abs. littér. : 45. Bbg. Quem. 2es. t. 2 1971. |