| DISTANT, ANTE, adj. A.− 1. [Concerne l'espace] Qui est à une certaine distance (de quelque chose). Les lumières des petites gares clignaient, distantes, se précisaient proches, disparaissaient franchies (Hamp, Marée,1908, p. 51). − [+ compl. indiquant l'obj. ou le point de réf.] L'enceinte n'avait qu'une ouverture, tout au fond, dans la partie la plus distante de la maison (R. Bazin, Blé,1907, p. 277).Sur la gauche une ferme assez distante de deux autres qui étaient au contraire très rapprochées (Proust, Swann,1913, p. 182). − [+ compl. précisant la distance] Elle parlait de ce pays distant de quelques lieues, comme s'il eût été à l'autre bout de la terre (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 210).Du côté nord (...) : dix tours distantes entre elles d'une portée d'arc (France, J. d'Arc,t. 1, 1908, p. 127). 2. Au fig. a) [En parlant de pers. ou de choses] Différent, éloigné. Quand on se trouve deux à cheminer, pas trop distants par l'âge et très rapprochés par la pente de l'âme (...) on se dit bien des choses (M. de Guérin, Corresp.,1833, p. 68).Ma conception de l'amitié et la conception courante sont si distantes l'une de l'autre que mon jugement s'en trouve ici infirmé (Du Bos, Journal,1928, p. 196). ♦ Distant de.Aussi disait-on quelquefois, dans ces milieux, qu'il était distant. Et il était distant de ces milieux, oui, à coup sûr (Montherl., Filles,1936, p. 1062).Certains jours (...) je me sens aussi distant de mes livres que s'ils étaient l'œuvre d'autrui (Gide, Journal,1940, p. 25). b) [En parlant d'une pers.] Qui garde ses distances, décourage les rapports familiers. Personne distante. Je ne trouve pas que vous soyez assez fière, assez distante (Renard,
Œil clair,1910, p. 10).Le général restait très digne et même un peu sur la réserve, me semblait-il, comme distant (Gide, Journal,1943, p. 247): 1. On n'aimait pas Villars, au collège. On lui reprochait d'être distant, de « faire des manières ». C'était le meilleur élève de l'école. Mais ses airs toujours hautains, son isolement pendant les jeux, dans un coin, avec un livre, énervaient...
Arland, L'Ordre,1929, p. 10. − P. méton. Air, regard, salut distant; dignité, discrétion, élégance, ironie, politesse, supériorité distante. PARAD. Adj. souvent associés. Dédaigneux, fermé, fier, froid, glacé, hautain, réservé, retenu. ♦ Distant en[+ subst. exprimant le domaine où se manifeste la réserve de la pers.] Le mari qui était froid comme un symbole, muet en famille comme le seraient les symboles, distant en affection comme eux (Giraudoux, Bella,1926, p. 62).Quel est le type de femme d'ici? Pâris. − Le tien, chère sœur. Un type effroyablement peu distant. Cassandre. − Ta Grecque est distante en amour? (GiraudouxGuerre Troie,1935, I, 4, p. 31). B.− [Concerne le temps] Qui est éloigné dans le temps. Une époque à la fois assez distante et assez vague pour que je fusse tenté de m'en exagérer l'éloignement (Proust, Sodome,1922, p. 866): 2. ... la distante postérité reconnaîtra que la restauration a été, historiquement parlant, une des plus heureuses phases de notre cycle révolutionnaire.
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 4, 1848, p. 261. − [Suivi d'un compl. précisant la durée] Ces hautes pierres (...) intactes (...) depuis le jour, distant de huit siècles, où elles avaient quitté leurs échafaudages médiévaux (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 12). Prononc. et Orth. : [distɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1370 « éloigné » (Oresme, Ethiques, 53 ds Littré); 2. 1829 « qui prévient la familiarité » (Stendhal, Prom. ds Rome, t. 2, p. 100). Empr. au lat. class.distans, part. prés. de distare « être éloigné, être différent ». Le sens 2 est dû à l'angl. distant (même sens, 1709 ds NED). Fréq. abs. littér. : 380. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 294, b) 214; xxes. : a) 494, b) 952. Bbg. Bonn. 1920, p. 47. |