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DISSOLU, UE, adj.
Péj. [Correspond à dissoudre II B]
A.− [En parlant d'une pers.] Qui vit dans un excès de plaisir, sans contrainte morale. Synon. corrompu, débauché, dépravé, impudique.Brave soldat dans le bled et amant dissolu à Rabat où je sais qu'il tortura la femme d'un général (Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1939, p. 349).Connaître sur elle ce que je n'avais connu que sur des femmes dissolues : la pureté, sur des femmes rouées, la candeur (Giraudoux, Lucrèce,1944, p. 91).
P. méton. :
1. ... lequel est le pire? Jeune, de se refuser aux plaisirs, ou vieux, de les chercher encore? Il est certaines félicités de la chair que poursuit (...) le corps vieillissant, s'il n'en a pas été soûlé dans sa jeunesse. Les adolescences trop chastes font les vieillesses dissolues. Sans doute est-il plus facile de renoncer à ce que l'on a connu qu'à ce que l'on imagine. Gide, Journal,1929, p. 909.
Emploi subst. On a dit que les dissolus sont compatissants (Sainte-Beuve, Volupté,t. 2, 1834, p. 144).
B.− P. méton. Qui témoigne d'un dérèglement moral.
1. Vieilli. [En parlant d'un inanimé concr.] Chansons, paroles dissolues (Ac. 1798-1878).
2. [En parlant d'un inanimé abstr. (aspect du comportement)] Conduite dissolue. Ces existences dissolues, que termine une mort précoce et misérable, inspirent de tristes réflexions (Gautier, Guide Louvre,1872, p. 147).Il continua, s'emportant contre la vie dissolue de la jeunesse, revenant à la nécessité de la vertu (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 137):
2. Il ne commet jamais une indiscrétion, lui, l'homme de cour qui connaît tous les détours du sérail. Ce sont plutôt propos de table que propos à scandale. Sauf quand il vitupère les mœurs dissolues et la décadence des Portugais aux Indes et de certains prêtres. Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 18.
C.− P. ext. [En parlant d'un inanimé abstr.] Qui manque de cohésion, de règles précises. Synon. incertain.Pendant ce dernier demi-siècle, une succession de formules ou de modes poétiques se sont prononcés, depuis le type strict et facilement définissable du Parnasse, jusqu'aux productions les plus dissolues et aux tentatives les plus véritablement libres (Valéry, Variété III,1936, p. 33).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Dissolu employé pour dissous. Une fois la prise d'essai (ou prélèvement du métal) dissolue par le bain d'acide nitrique (Grandjean, Orfèvr. XIXes., 1962, p. 34). b) Un emploi littér. de dissolu où le sens de dissous est encore perceptible, en raison du cont. La couleur délavée, liquide, mauve et dissolue des violettes de Parme (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 594).
Prononc. et Orth. : [disɔly]. Mais [ss] double ds Land. 1834, Fél. 1851, Littré, DG et, facultativement, ds Barbeau-Rodhe 1930. L'adj. est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Fin xiies. dissolue vie (Sermons St Bernard, 113, 6 ds T.-L.). Empr. au lat. class.dissolutus « relâché, dépravé », part. passé de dissolvere, v. dissoudre. Fréq. abs. littér. : 55.
DÉR.
Dissolument, adv.,vx. D'une manière dissolue. Vivre dissolument (Ac. 1798-1878). Attesté en outre ds Besch. 1845, Lar. 19e-20e, Littré, Guérin 1892, DG et Quillet 1965. Dernière transcr. ds DG : dis'-so-lu-man. [ss] double également ds Land. 1834 et Littré, mais non ds Fér. Crit. t. 1 1787, ni Gattel 1841, ni Nod. 1844. L'adv. est admis ds Ac. 1694-1878. 1reattest. ca 1265 dessoluement (Brunet Latin, Trésor, éd. F.-J. Carnody, II, 48, 1); de dissolu, suff. -ment2*.