| DISSOCIER, verbe trans. A.− CHIM. Décomposer partiellement une substance par une réaction chimique réversible. Solution saline plus ou moins dissociée en ions (C. Duval, Verre,1966, p. 35): 1. Le génie artistique agit à la façon de ces températures extrêmement élevées qui ont le pouvoir de dissocier les combinaisons d'atomes et de grouper ceux-ci suivant un ordre absolument contraire, répondant à un autre type.
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 861. − Emploi pronom. à sens passif. Molécules qui ne se dissocient pas en ions (Champetier, Chim. macromol.,1957, p. 20). ♦ P. métaph. : 2. ... le moi finit par douter de sa propre cohérence intérieure, par ne plus se connaître que divisé en une série d'instants sans unité profonde. La personnalité se dissocie et se morcelle à l'infini.
Béguin, L'Âme romantique et le rêve,1939, p. 353. B.− Au fig. 1. [En parlant de pers. qui forment un groupe uni] Séparer en éloignant ou en opposant. Les groupes, formés, dissociés, reformés sans cesse (R. Bazin, Blé,1907, p. 320).Les familles dissociées, le sont par les querelles et les conflits, les séparations volontaires, le divorce (Sauvegarde de l'enfance, janv.-févr.-mars 1958, p. 70). − Emploi pronom. réfl. Le « ménage » se dissociait (Guéhenno, Jean-Jacques,1952, p. 246).Si, par malheur, les démocraties devaient une fois encore se dissocier dans la paix (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 560). 2. [En parlant de choses qui se présentent habituellement comme liées] Considérer séparément. Dissocier deux questions, deux causes. L'œil recompose [dans les toiles de Monet] ce que le pinceau a dissocié (Mauclair, Maîtres impressionn.,1904, p. 71).Mais dans les cas où on pouvait dissocier l'amour du mariage, cela me semblait à présent bien préférable (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 325). Prononc. et Orth. : [disɔsje], (je) dissocie [disɔsi]. Mais [ss] double ds Littré, DG et, facultativement, ds Warn. 1968. Le verbe est admis ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1495 (d'apr. Bl.-W.1-5); 1579 (P. de Lostal, Disc. philos. ds Delb. Rec. d'apr. DG); 1611 dissocié (Cotgr.), rare av. le xixes. Empr. au lat. class.dissociare « séparer, désunir », dér. de sociare « associer, unir »; préf. dis-. Fréq. abs. littér. : 181. DÉR. Dissociateur, trice, adj.Qui dissocie. Un acte de foi qui restitue à sa pensée dissociatrice une vague notion d'identité (Massis, Jugements,1923, p. 75).Emploi subst. Le vieil esprit talmudique (...), éternel dissociateur, épurateur impitoyable (Morand, Route Indes,1936, p. 297).Rem. On rencontre, avec le même sens, dissociant, ante, part. prés. de dissocier, employé comme adj. Cf. Mounier, Traité caract., 1946, p. 669.− [disɔsjatœ:ʀ], fém. [-tʀis]. Seule transcr. ds Lar. Lang. fr. avec [s] simple. Pour [ss] double : [dissɔ-], cf. dissocier. − 1reattest. 1921 un dissociateur néo-impressionniste (Faure, Hist. art, p. 234); du rad. de dissocier, suff. -(at)eur2*. − Fréq. abs. littér. : 2. |