| DISSIMULATION, subst. fém. A.− Fait de cacher ou d'être caché, de dissimuler (un objet, un sentiment, une action). Un acte, une œuvre de dissimulation; perfide, savante dissimulation. Et qui dit art dit arrangement, dissimulation, mensonge (France, Vie fleur,1922, p. 563).Peu de chose surnagea : peut-être des verdures sous des tapisseries, l'habile dissimulation d'un ascenseur (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 362). − P. méton. Chose dissimulée. C'est [la statue de M. Pradier] un mélange prodigieux de dissimulations (Baudel., Curios. esthét.,1867, p. 52).Depuis la vie dans les plus matérielles coquilles jusqu'aux plus subtiles dissimulations dans le simple mimétisme des surfaces (Bachelard, Poét. espace,1957, p. 127). − P. métaph. Elle [Karelina] éprouvait d'instinct l'amour de la pleine lumière. Gomar T' Joens voulait l'ombre et la dissimulation (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 39). − Spéc., péj., FIN. Ce commerçant a eu une amende pour dissimulation de bénéfices (Ac.1932). B.− [En parlant du caractère d'une pers.] Tendance à dissimuler; disposition au mensonge par omission. Un esprit de dissimulation; être capable de dissimulation; les armes, les artifices de la dissimulation; l'habitude, l'horreur de la dissimulation. Il était apte à tout, à la guerre comme aux négociations, merveilleusement adroit, et d'une dissimulation consommée (France, Vie de Jeanne d'Arc, t. 1, 1908, p. 149).Il y a de la dissimulation en tout caractère, et toujours une teinte de tristesse (Alain, Propos,1931, p. 1032).Elle avait agi avec la dissimulation d'une jeune fille élevée dans la plus rigide dépendance (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 666): Malgré la vaine réputation de haute habileté politique qu'on a si étrangement tenté de faire à la dissimulation et même à l'hypocrisie, il est heureusement incontestable (...) qu'un homme vraiment supérieur n'a jamais pu exercer aucune grande action sur ses semblables sans être (...) lui-même entièrement convaincu.
Comte, Cours de philos. positive,t. 5, 1839-42, p. 61. − PSYCHOL. ,,Action par laquelle un individu cherche à cacher par le mensonge ou par des moyens frauduleux un fait gênant (état pathologique) ou compromettant (crime)`` (Méd. Flamm. 1975). Le goût du secret exprime tantôt (registre inférieur) la dissimulation, la dissonance, la protection maniérée du vide intérieur, tantôt (registre supérieur) la réserve qui dénote un sens aigu de l'intériorité (Mounier, Traité caract.,1946, p. 65). Prononc. et Orth. : [disimylasjɔ
̃]. Mais [ss] double ds Land. 1834, Littré, DG et, facultativement, ds Barbeau-Rodhe 1930. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Fin xiies. « action de dissimuler » (Sermons de St Bernard, 42, 37 ds T.-L.); ca 1270 (Pierre de Pekham, Rom. de Lumere, Brit. Mus. Harl. 4390, fo19bds Gdf. Compl.). Empr. au lat. class.dissimulatio « dissimulation, feinte ». Fréq. abs. littér. : 239. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 428, b) 166; xxes. : a) 233, b) 421. |