| DISPARITION, subst. fém. A.− [Correspond à disparaître A] Action de disparaître; fait de cesser momentanément d'être visible. La disparition d'une comète (Ac.1798-1932).Ennui qui saisit l'âme à la disparition du jour (Hugo, Rhin,1842, p. 282). − En partic. 1. [À propos d'une pers.] Action de s'éloigner ou de s'absenter d'un lieu d'une manière brusque ou inexplicable; p. méton. temps de cet éloignement, de cette absence. Après une disparition de dix ans, son retour [à Christophe] avait fait sensation (Rolland, J.-Chr.,Nouv. journée, 1912, p. 1483): 1. Six mois après la disparition du père, si la mère était décédée lors de cette disparition, ou si elle vient à décéder avant que l'absence du père ait été déclarée...
Code civil,1804, art. 142, p. 30. 2. [À propos d'un inanimé concr.] Fait d'être égaré ou volé. (Quasi-)synon. perte, vol.La disparition d'une certaine petite cassette (Goncourt, Journal,1865, p. 161).Je constate la disparition d'un livre rare (Bloy, Journal,1894, p. 147): 2. « C'était le garçon du papetier, pas le patron. Il m'a volé quinze francs. Il manque quinze francs à la monnaie. Il a dit qu'il me les avait donnés. Ah! s'il y avait eu un agent! » Costals n'avait jamais surpris de friponnerie chez son fils. Mais la disparition des quinze francs lui parut suspecte.
Montherlant, Le Démon du bien,1937, p. 1354. B.− [Correspond à disparaître B] Action ou fait de disparaître en cessant d'exister. Synon. destruction, élimination, suppression. 1. [À propos d'une pers. ou d'un être vivant] La disparition d'un libertin qui se noie dans une mare (Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 554).J'appartiens à une race en voie de disparition (Green, Journal,1942, p. 235): 3. Peu après, un oncle de Swann, sur la tête duquel la disparition successive de nombreux parents avait accumulé un énorme héritage, mourut, laissant toute cette fortune à Gilberte qui devenait ainsi une des plus riches héritières de France.
Proust, La Fugitive,1922, p. 574. 4. C'est le mazout qui empoisonne les eaux de la mer. D'où l'appauvrissement, la disparition progressive de l'admirable flore-faune marine. La plus impondérable trace d'un élément chimiquement étranger suffit à les flétrir. Ces colonies de madrépores sont comparables à des populations anéanties par les gaz asphyxiants des guerres futures.
Gide, Journal,1931, p. 1075. 2. [À propos d'un inanimé concr.] La lettre dont la disparition sauvait son mari (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 375). 3. [À propos d'un inanimé abstr.] Sa suprême angoisse, c'était la disparition de la certitude (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 581).La disparition des causes d'hostilité qui existent dans la société moderne (Sorel, Réflex. violence,1908, p. 81). − En partic. [À propos d'une maladie] Synon. dissipation.La disparition subite, mystérieure, de la névralgie de Thérèse (Barrès, Colline insp.,1913, p. 167). SYNT. Disparition brusque, complète, définitive, prochaine, soudaine, totale; s'apercevoir de la disparition de; apparition et disparition. Rem. On rencontre ds la docum. la forme rare et vieillie disparution, subst. fém. La disparution de quelques anciennes langues de l'Inde (Destutt de Tr., Idéol. 2, 1803, p. 312). Il [l'Empereur] traversa l'Allemagne caché sous le nom de son compagnon de fuite. À sa disparution, tout s'abîma (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 461). Prononc. et Orth. : [dispaʀisjɔ
̃]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1. 1559 « action de disparaître, d'être enlevé à la vue » (Amyot, Rom. ds Littré), ex. isolé; 1611 disparution (Cotgr.), à nouv. en 1725 en parlant d'une chose (ds Trév. Suppl.); spéc. 1848 en parlant d'êtres vivants, « fait de ne plus exister » (Chateaubr., loc. cit.); 1823 « (d'une chose) anéantissement » (Las Cases, loc. cit.); 2. 1880 « dissipation » (Flaub., Bouvard, t. 2, p. 191). Dér. du rad. de disparaître*; suff. -(i)tion*, la forme disparution d'apr. disparu. Fréq. abs. littér. : 737. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 503, b) 1 071; xxes. : a) 1 314, b) 1 340. |