| DISERT, ERTE, adj. Littér. [En parlant d'une pers., d'un groupe de pers., d'écrits, de paroles] Qui s'exprime, parle facilement et avec élégance. Il [le comte Beugnot] a, même dans ses ironies, le soin de la phrase, une certaine élégance fleurie et diserte (Sainte-Beuve, Nouveaux lundis,t. 11, 1863-69, p. 7).L'Église russe, qui parle en termes si magnifiques du prince des apôtres [saint Pierre] n'est pas moins diserte sur le compte de ses successeurs (J. de Maistre, Du Pape,1819, p. 62).[Les lettrés et érudits du temps] guettaient sur les lèvres disertes l'apparition de belles sentences antiques (Febvre, Combats pour hist.,L'Homme, la légende, l'œuvre, 1931, p. 253):La maison première et oniriquement définitive doit garder sa pénombre. Elle relève de la littérature en profondeur, c'est-à-dire de la poésie, et non pas de la littérature diserte qui a besoin du roman des autres pour analyser l'intimité.
Bachelard, La Poétique de l'espace,1957, p. 31. − Emploi subst. Cet Hanotaux des affaires étrangères, quel bavard, quel disert, quel parolier, mais aux paroles parfois intelligentes (Goncourt, Journal,1892, p. 330). − P. anal. [En parlant d'un animal] La calandre diserte (Moréas, Poèmes et sylves, Pèlerin pass., 1891, p. 11), cf. calandre2, ex. Rem. L'adv. correspondant disertement « d'une manière diserte » est d'un emploi rare. Cependant M. le garde des Sceaux a soutenu, sinon disertement, du moins vaillamment, la discussion sur la liberté de la presse (Chateaubr., Polém., 1818-27, p. 172). Prononc. et Orth. : [dizε:ʀ], fém. [-ε
ʀt]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1321 (Geoffroy de Picquigny, Trad. Bible ds S. Berger, La Bible fr. au Moyen Âge, p. 267). Empr. au lat. class.disertus, a, um « clair, bien exposé; qui est habile à parler, qui s'exprime facilement ». Fréq. abs. littér. : 56. |