| DISCORDANCE, subst. fém. Fait de manquer d'accord, d'unité, d'harmonie. A.− Domaine intellectuel, moral.[Gén. à propos d'une pers. considérée dans ses rapports avec autrui ou avec elle-même] La gravité a besoin d'uniformité et d'harmonie, tandis que la gaîté se compose de saillies et de discordances (Joubert, Pensées,t. 2, 1824, p. 109).Elle a le souvenir indécis d'une existence de labeurs, de combats, de querelles infinies, de discordances dramatiques (Duhamel, Suzanne,1941, p. 194): 1. Je ne veux qu'établir les rapports et les discordances, analyser la fusion et conter les démêlés, les antagonismes internes s'il peut s'en produire, du couple Guiscardon-Guiscard.
Arnoux, Royaume des ombres,1954, p. 39. − Spéc., PSYCH. [À propos d'une pers. gén. atteinte de schizophrénie] Manque d'unité et de cohérence entre les différents éléments de la personnalité ou les symptômes de la maladie, en partic., l'activité mentale et le comportement. On constate une discordance entre l'activité, les idées exprimées, le ton émotionnel et la mimique (Codet, Psych.,1926, p. 39). B.− Domaine physique.[À propos de qqc. gén. considéré par rapport à un ensemble de choses de même nature ou, p. réf. à une échelle de valeurs explicitement exprimée ou non] La Beauté d'un art plastique ne peut consister dans la discordance des proportions, dans l'exagération des formes, ni surtout dans leur suppression (Barlet, Lejay, Art de demain,1897, p. 139).Discordance grotesque entre le spectacle et la musique (Duhamel, Journal Salav.,1927, p. 139). − Spécialement 1. Domaine mus.Dissonance : 2. L'oreille pouvant percevoir plusieurs sons à la fois, il y a des ensembles de sons qui lui sont désagréables, et d'autres (...) qui lui plaisent; les premiers se nomment discordances, et les derniers accords...
Huberson,Nouv. Manuel compl. de l'accordeur et du réparateur de pianos,1926,p. 134. ♦ P. métaph. Ces vers d'airain retentissant comme des tonnerres lointains, sans jamais éclater, par cette suprême loi de l'art que tout éclat est une discordance (Verlaine,
Œuvres posth.,t. 2, Crit. et conf., 1896, p. 310). ♦ P. ext. [À propos d'un bruit quelconque] Baisse et discordance des cris, éparpillement du nombre (Frapié, Maternelle,1904, p. 27). 2. GÉOL. [À propos d'un terrain stratifié] Discordance de stratification. État d'un terrain qui ne présente pas de couches en successions parallèles et régulières. Les géologues doivent observer avec soin les superpositions et les discordances stratigraphiques, car elles leur servent à déterminer l'âge relatif des divers mouvements du sol (Boule, Conf. géol.,1907, p. 45). 3. PHYS. [À propos de vibrations sinusoïdales] Fait de ne pas être en relation de concordance. Lois déduites de la théorie des accords et des discordances des vibrations lumineuses (Fresnel, Diffraction lumière,1816, p. 260).Les rayons qui ont été obscurcis par la discordance de leurs vibrations redeviennent lumineux ensuite dans la partie du trajet où les ondulations sont d'accord (Fresnel, Diffraction lumière,1816p. 268). Prononc. et Orth. : [diskɔ
ʀdɑ
̃:s]. Ds Ac. 1798-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1165 descordance « désaccord, différend » (B. de Ste-Maure, Troie, 441 ds T.-L.); 2. début xives. discordance spéc. mus. [graphie Ms. A. xives.] « dissonance » (Ovide moralisé, éd. C. de Boer, livre X, 2586). Dér. du rad. du part. prés. de descorder, discorder*; suff. -ance*; formé comme anton. de accordance*. Fréq. abs. littér. : 142. |