| DINDE, subst. fém. A.− ALIM. [Sans distinction de sexe] Dindon (cf. ce mot A) domestiqué. Chair grasse, fine et tendre de la dinde; dinde rôtie, truffée, farcie, aux marrons; mettre une dinde à la broche. La dinde froide, ce n'est pas mauvais, mais c'est quand même un peu sec (Duhamel, Passion J. Pasquier,1945, p. 135): 1. Je revois la dinde de Noël faisant la roue (...) Nous lui faisions, Marcel et moi, de cérémonieuses visites. Puis le soir du réveillon, la bonne allait la tuer et l'emportait nue...
H. Bazin, Lève-toi et marche,1952, p. 231. B.− Surtout au sing. 1. ÉLEV. Femelle du dindon (cf. ce mot A).
Œufs blancs et tachetés de dinde; la dinde est une excellente couveuse. Synon. poule d'Inde : 2. Les petites gens ne nourrissent que des dindes. Ils les mènent, à intervalles réguliers, au dindon du riche.
Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 250. Rem. 1. On rencontre ds la docum. des emplois littér. de dinde pour désigner le genre dindon dans son ensemble, y compris les oiseaux sauvages d'Amérique. J'ai aperçu un troupeau de dindes occupées à manger des baies de fougères et des fruits d'aliziers (Chateaubr., Voyage en Amérique, en France, et en Italie, 1827, p. 70). 2. Le genre masc. est régional. Manger du dinde. − C'est, m'a-t-on dit, demanda Josépha, une femme du monde qui t'a mis dans cet état? Les farceuses s'entendent mieux que nous à la plumaison du dinde! (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 320). Il n'y a que le gros dinde qui n'a pas pu passer par le trou (Pourrat, Gaspard, 1930, p. 37). 2. P. anal., fam., péj. [En parlant de pers. du sexe féminin, et p. réf. au caractère lourd et stupide attribué au gallinacé] Femme, fille, prétentieuse et sotte. Le premier sot et la première dinde venus; se complaire dans les bras de quelque dinde. (Quasi-)synon. oie.Elle, une dinde, lui, un abruti (Montherl., Lépreuses,1939, p. 1417). − En interj. Quelle dinde! Grande dinde! Espèce de dinde! − En emploi d'attribut avec valeur d'adj. Mais les celles qui, comme ça, dans cette gazette, se plaignaient, il [Charles] les trouvait toujours soit trop dindes, soit trop tartes (Queneau, Zazie dans le métro,1959, p. 15). − Loc. fig. et fam. Plumer la dinde. Extorquer de l'argent ou des biens à une personne facile à tromper et à dépouiller. Rem. Attesté ds Lar. 19e-Lar. Lang. fr. Prononc. et Orth. : [dε
̃:d]. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. 1600 [éd.] « femelle du dindon » (O. de Serres, V, III, p. 365 ds Gdf. Compl.); 1752 fig. et fam. en parlant d'une femme niaise une grande dinde (Trév. Suppl.). Issu des syntagmes poulle d'Inde (désignant très probablement la dinde ds Rabelais, Gargantua, éd. 1542, Marty-Laveaux, XXXVII, p. 140), cocq, poulle, poullet d'Inde « dindon, dinde, dindonneau » (Id., Quart Livre, éd. 1552, R. Marichal, LX, p. 240; cf. 1560 Bruyerin Champier, De re cibaria, p. 831 ds Sain. Lang. Rab. t. 1, p. 29 : venere in Gallias, annos ab hinc paucos, aves quaedam externae quas Gallinas Indicas appellant), termes servant primitivement à désigner la pintade (1380 poulle d'Ynde ds Comptes de l'Hôtel des Rois de France aux XIVes. et XVes., éd. M. L. Douët d'Arcq, p. 109; 1508 poule dainde (Comptes de Gaillon, p. 329 ds IGLF), 1385 geline d'Inde, 1465 coq d'Inde (ds FEW t. 4, p. 639b), lat. médiév. gallina de India (xiiies. Fréd. II, De Arte venandi d'apr. FEW, loc. cit, 639a), Inde désignant l'Abyssinie où la pintade vivait à l'état sauvage. Lorsque les Espagnols, ayant conquis le Mexique (1erquart xvies.), introduisirent le dindon en Europe et en France, les termes coq, poule d'Inde servirent à désigner cet oiseau). Fréq. abs. littér. : 181. Bbg. Curiosités étymol. : noms d'animaux. Vie Lang. 1969, pp. 274-278. − Dauzat Ling. fr. 1976, p. 45. − Gottsch. Redens. 1930, pp. 99-100. − Rog. 1965, p. 42. |