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DILUER, verbe trans.
A.−
1. Mélanger (un liquide ou une substance) avec un autre liquide, pour en atténuer le principe actif ou en réduire la concentration. Diluer une pâte (dans l'eau). Synon. allonger, délayer, étendre, mouiller.Le liquide obtenu est dilué dans dix fois son volume d'eau phéniquée (Nocard, Tubercul. bovine,1903, p. 22).Peut-être la rosée intervient-elle pour fixer ou pour diluer le pollen (Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 190).
[Le suj. désigne un liquide] Pourquoi prenez-vous de l'eau de Vichy? qui, ayant la propriété de diluer le sang, doit vous rendre encore plus anémique (Flaub., Corresp.,1879, p. 308).
Emploi pronom. à sens passif. J'ai tenté un cacao qui a mal tourné. La poudre ne s'est pas diluée et c'est resté « à grumeaux » (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1908, p. 18).
2. P. ext. Décomposer, faire fondre ou disparaître. Un de ces lavis du jour qu'une goutte d'eau suffit à diluer (Mallarmé, Corresp.,1879, p. 194).
3. P. anal. Faire disparaître progressivement, fondre dans un ensemble. La rivière bientôt dilue en son eau triste Le reflet balancé des heureux peupliers (Rodenbach, Règne silence,1891, p. 168).
Emploi pronom. à sens passif. Les toits des maisons et les dômes gris se diluaient dans le brouillard (Rolland, J. Chr.,Foire, 1908, p. 802).Une fusée blafarde, dont la lumière se diluait dans la pluie (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 254).Son parfum [d'une femme] se dilue, son contour s'estompe, son étreinte devient plus lâche (Arnoux, Visite Mathus.,1961, p. 131):
1. Aussi, quelque distincts que puissent être les phénomènes auditifs ou visuels dont Lamartine commence par faire la description minutieuse, les voyons-nous perdre presque aussitôt leur individualité propre, pour participer à un mouvement sonore ou lumineux infiniment plus vaste et plus imprécis qu'eux-mêmes, où bientôt ils se diluent comme une goutte de vin dans la mer. Poulet, Les Métamorphoses du cercle,1961, p. 182.
B.− Au fig. Amoindrir, diminuer la force de (quelqu'un ou quelque chose). Synon. affaiblir, atténuer, noyer.Ces méthodes diluent les responsabilités (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr.,1967, p. 173).
P. compar. ou p. métaph. On ne cherche plus à diluer les doctrines dans un fleuve de commentaires embrouillés (Sorel, Réflex. violence,1908, p. 173).Cf. aussi cœur ex. 48 :
2. Le lendemain matin, au réveil, il sentait à la même place la même douleur dont, la veille pendant la journée, il avait comme dilué la sensation dans le torrent des impressions différentes. Proust, Du côté de chez Swann,1913, p. 317.
Emploi pronom. à sens passif. Synon. s'évanouir, se perdre.J'avais passé ma courte vie à m'inventer des goûts et des partis pris qui se diluaient aussitôt (Sartre, Mots,1964, p. 142).
Prononc. et Orth. : [dilɥe], (je) dilue [dily]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. 1. xves. « délayer une substance dans un liquide » (Chron. et hist. saint. et prof., Ars. 3515, fo7 vods Gdf.); rare jusqu'au xixes. 1824 (ds Pt Rob.); 1834 « étendre d'eau un liquide » (Land.), en partic. 1864 « opérer la dilution homéopatique » (Littré); 1924 un diluant part. prés. subst. (Coffignier, supra diluant III); 2. 1885 au fig. (Lemaitre, Contemp., p. 346 : Ce sont des Grandets, des Nucingen dilués). Empr. au lat. class.diluere « détremper, délayer, dissoudre ». Fréq. abs. littér. : 114.