| DILETTANTISME, subst. masc. A.− [Correspond à dilettante A] 1. Goût très prononcé pour les arts en général, ou pour un art, et spéc. pour la musique (vx). Il faut un grand calme et beaucoup de dilettantisme désintéressé à un libraire pour entreprendre une œuvre, qui, aux points de vue intellectuel et matériel, lui paraît purement de luxe (Mallarmé, Corresp.,1877, p. 154).Le jeune marquis de Pierrepont, dont le dilettantisme s'intéressait presque également aux choses du sport et aux choses de l'art (Feuillet, Honn. d'artiste,1890, p. 16).Le duc d'Orléans, dont les goûts musicaux dépassaient la limite du dilettantisme (La Laurencie, Éc. fr. violon,1922, p. 132). 2. Dans un domaine autre que celui de l'art (et désigné par un compl. du n.).Amour très vif, goût très prononcé. Son père l'aide à donner des dîners et des soirées (...). Très galant homme sans doute, mais poussant assez loin le dilettantisme de la paternité (France, Vie littér.,1892p. 13).Je n'ai pas le dilettantisme du chaos (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. XIX). B.− [Correspond à dilettante B] 1. Attitude d'une personne exerçant une activité comme un passe-temps, généralement de façon fantaisiste. L'architecture de [l'église du Mont-Cassin] est l'œuvre d'un paganisme mondain et montre un dilettantisme de décorateur (Taine, Voy. Ital.,t. 1, 1865, p. 115).Tout le monde ne peut pas écrire des livres de dilettantisme philosophique (Léautaud, Journal littér.,2, 1907-09, p. 83): « Il s'enferre, le malheureux », pensa le magistrat : et par une sorte de pitié, peut-être un dilettantisme professionnel, il s'efforçait, trouvant la partie trop facile, de lui ouvrir les yeux sur son imprudence...
A. Daudet, La Petite paroisse,1895, p. 281. 2. Mode, style de vie d'une personne qui ne se soumet à aucune norme d'ordre intellectuel ou spirituel, vit au gré de sa fantaisie, cultive une sorte de plaisir exclusivement esthétique. Un dilettantisme à moitié ironique; le dilettantisme de la jeunesse parisienne. Le dilettantisme est la systématisation d'une avidité de vie incapable de fixation et pauvre de générosité (Mounier, Traité caract.,1946, p. 612).Ils [les Machiavels] subtilisent trop, ils aiment trop la combinaison, l'art pour l'art, ils se complaisent dans leurs raffinements infinis, leur dilettantisme (Arnoux, Crimes innoc.,1952, p. 157). Prononc. et Orth. : [dilεtɑ
̃tism̥] ou [dile-], cf. dilettante. Admis ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. 1821 « goût prononcé pour la musique italienne » (Fr. H. J. Castil-Blaze, Dict. de musique moderne ds Lar. 19e); 1838 « attitude d'esprit qui consiste à s'intéresser à quelque chose en amateur » (Barb. d'Aurev., Memor. 2, p. 329). Dér. de dilettante*; suff. -isme*. Fréq. abs. littér. : 115. |