| DILATATION, subst. fém. A.− PHYS. [Correspond à dilater A] Augmentation du volume d'un corps, notamment sous l'effet de la chaleur. La dilatation de l'air (Ac. 1798-1878). La dilatation d'un gaz (Ac. 1932). Coefficient*, joint de dilatation; dilatation thermique. La couleur, qui ne pouvait suivre les dilatations et les rétrécissements du bois, s'est peu à peu crevassée et écaillée (Moreau-Vauthier, Peint.,1933, p. 139). B.− P. anal., PHYSIOL. [Correspond à dilater B] Augmentation, généralement pathologique, du calibre d'un organe; accroissement du volume d'une partie du corps. Dilatation des bronches, de l'estomac, de l'œsophage; contraction et dilatation. La rougeur de la face, la contraction ou la dilatation des pupilles, la protrusion de l'œil, la décharge d'adrénaline dans la circulation (Carrel, L'Homme,1935, p. 118).Elle découvrit des jambes enflées que la dilatation des veines marquait de taches sombres et de boursouflures (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 431): 1. ... sa poitrine huma l'air de la mer avec cette dilatation que Beethoven a si bien marquée dans Fidelio quand ses prisonniers respirent enfin « cet air qui vivifie ».
Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, II, 2, p. 817. − CHIR. Fait d'écarter des surfaces accolées ou rétrécies, fait d'augmenter le calibre d'un canal. Pratiquer la dilatation de l'uretère (Ac.1932). C.− P. ext. [Correspond à dilater C] Développement, extension d'une sensation auditive ou visuelle. Il [Lucas] regarde le ciel, bleu sur bleu, à chaque seconde plus bleu; ça inonde l'infini, cette avalanche, cette dilatation du bleu (Larbaud, Amants,1923, p. 176). D.− P. métaph. et/ou au fig. 1. Fait d'épanouir ou de s'épanouir, d'être comblé de plénitude. Quasi-synon. épanouissement, expansion.La joie n'a pas de nuances : ce n'est qu'une dilatation du cœur (Renard, Journal,1897, p. 400).Une dilatation progressive du sentiment (Bergson, Deux sources,1932, p. 27): 2. Un soir, Gwynplaine, ayant en lui cette surcharge de félicité (...) rôdait (...) dans le pré (...). On a de ces heures de dilatation où l'on dégorge le trop plein de son cœur.
Hugo, L'Homme qui rit,t. 2, 1869, p. 154. − Domaine de la mystique.La dilatation du cœur. ,,L'élargissement de la capacité d'aimer`` (Ac. 1932). L'effervescence, l'expansion, la dilatation de la charité (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 188). 2. Fait de s'étendre, de s'élargir. Dans maintes névroses et intoxications, la notion du temps subit des dilatations ou des contractions singulières (J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p. 124).Une simple dilatation ou condensation des moments de leur existence temporelle [aux êtres et aux choses] suffisent à contredire, à bouleverser, notre sentiment à leur égard (Arnoux, Visite Mathus.,1961, p. 35). Prononc. et Orth. : [dilatasjɔ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1314 chir. (H. de Mondeville, Chirurgie, éd. A. Bos, § 1520); b) mil. xviiies. phys. (Buffon, Hist. nat., éd. Lanessan, t. 2, p. 419); 2. 1352-56 « fait de s'agrandir (d'un empire) » (P. Bersuire, T. Live, ms. Ste Geneviève, fo368ads Gdf. Compl.). Empr. au b. lat.dilatatio, -onis « largeur, espace; extension (au propre et au fig.); exultation ». Fréq. abs. littér. : 255. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 692, b) 214; xxes. : a) 197, b) 259. Bbg. Gohin 1903, p. 361. |