| DIFFORME, adj. A.− 1. [En parlant notamment du corps hum. ou d'une partie du corps hum.] Qui s'écarte de la norme en ne possédant pas les formes et les proportions habituelles. Un être, une jambe difforme; ce sont des nains difformes. Il a une grande lèvre épaisse et difforme, comme un poivron rouge (Giono, Regain,1930, p. 24).Quoique petit et difforme, il acquit une résistance et une force encore légendaires (Carrel, L'Homme,1935, p. 277).Cette tête aiguë entre les hautes épaules difformes (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 185). 2. P. ext. [En parlant d'une chose] Dont les formes sont irrégulières et présentent un aspect désagréable. Un bâtiment difforme; des ombres difformes sur les murs; les ruines difformes du château. Une pinède dont les derniers incendies avaient fait une espèce de lande difforme hérissée de troncs noirs (Bernanos, Crime,1935, p. 868).D'où partent des cours et des ruelles difformes et fangeuses, des sentiers de maisons puantes (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 105). B.− P. métaph. ou au fig. Monstrueux ou susceptible d'accomplir des actes monstrueux. Une âme, une œuvre, une ambition difforme. Une nuit lourde, à odeur de goudron, avec des rêves difformes (J. Bousquet, Trad. du silence,1935-36, p. 152).Notre couple est difforme, et son ombre même monstrueuse (Giraudoux, Sodome,1943, I, 3, p. 75).La part demi-morte et croupissante de l'âme, où veille une pitié difforme, élémentaire, aussi vorace que la haine (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1370). − Emploi subst. masc. sing. avec valeur de neutre. Le contact du difforme a donné au sublime moderne quelque chose de plus pur (...) que le beau antique (Hugo, Préf. Cromw.,1827, p. 12). Prononc. et Orth. : [difɔ
ʀm]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. xiiies. d'apr. Bl.-W.1-5; 1495 (J. de Vignay, Miroir hist. ds Delb. Rec. ds DG). Empr. au lat. médiév.difformis (1267 ds Latham issu par changement de préf. du class. deformis « laid, difforme »). Fréq. abs. littér. : 335. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 418, b) 1 008; xxes. : a) 530, b) 208. Bbg. Quem. 2es. t. 2 1971. |