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DIFFICILE, adj.
A.− [En parlant d'un inanimé] Qui n'est pas facile, se fait avec effort, peine.
1. Employé seul
a) [En parlant d'actes, de faits] Qui exige un effort, de l'habileté ou une autre qualité particulière. Entreprise, mission, tâche difficile. Synon. ardu, compliqué, délicat, malaisé; anton. simple.Exercices difficiles [au violon] (cf. acrobatique ex. 5).Réussir au billard un coup difficile (cf. Arland, Ordre, 1929, p. 484):
1. ... je me suis promis, toute petite fille encore que j'accomplirais une chose grande et difficile, que je me consacrerais à une de ces entreprises qui demandent une vie entière, que je ferais le sacrifice de ma vie, oui, que je donnerais toute ma vie à une œuvre de charité. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Combat contre les ombres, 1939, p. 186.
2. ... le sujet doit répartir en deux parts, dont l'une est destinée à l'éventuel partenaire, un travail composé d'éléments plus ou moins difficiles. Le paresseux donne au partenaire toutes les pièces difficiles. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 18.
SYNT. Maniement, manœuvre, travail difficile.
Spéc. [En parlant d'actes naturels] Qui se fait avec peine. Accouchement difficile; digestion, grossesse difficile. Synon. laborieux, lent, pénible.Mon sommeil est difficile, interrompu (Maine de Biran, Journal,1816, p. 249).
[En parlant d'un franchissement, d'un passage] Qui présente des obstacles, des dangers. Abord, accès, passage difficile. Synon. dangereux, périlleux.Périlleuse et difficile navigation sur les côtes d'Asie (Voy. La Pérouse,t. 4, 1797, p. 198).
Au fig. Le passage de l'amour à l'amitié est toujours difficile (Staël, Lettres jeun.,1791, p. 442).
P. ext. Route difficile. Nous étions dans un chemin très difficile, fort étroit, à la file les uns des autres (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 327).
b) P. anal. ou au fig.
[En parlant d'époques, de circonstances] Qui donne de la peine, des tourments. Circonstance, conjoncture, position, situation difficile; âge difficile; temps difficiles; avoir des débuts difficiles. Synon. embarrassant, délicat, pénible, périlleux, sombre.Des moments difficiles, des moments durs, des moments de misère (Goncourt, Journal,1879, p. 48):
3. Le mal est que, des deux côtés, nous avons eu, tous deux, bien des années difficiles. Nous avons eu à lutter, à nous défendre; les ongles nous ont poussé comme à deux lionceaux qui, mis ensemble, réunis en bonne amitié, s'aiment et se griffent pourtant. Michelet, Journal,1849, p. 638.
[En parlant d'œuvres de l'esprit] Dont la compréhension, l'interprétation, la solution exige une tension d'esprit, des qualités intellectuelles. Étude, problème, texte difficile. Synon. complexe, épineux.La langue chinoise, l'une des plus difficiles du monde (Chateaubr., Génie,t. 2, 1703, p. 419):
4. ... l'examen n'était pas bien difficile; son cousin l'avait passé sans peine : on exigeait croyait-il, un peu de calcul, la connaissance du français et une bonne écriture. France, La Vie en fleur,1922, p. 439.
SYNT. Ouvrage, question, science difficile; sujet vaste et difficile. P. méton. auteur difficile. Celui dont les œuvres sont difficiles à comprendre.
P. ext. [En parlant d'obligations morales] Qu'on a du mal à assumer. Devoirs, vertus difficiles; morale difficile. Joies difficiles de l'amour et de la maternité (Du Camp, Mém. suic.,1853, p. 123).
2. Difficile + prép. ou que, conj.
a) [Dans des tournures impersonnelles]
Il est difficile (à qqn) de + inf. Il est difficile pour ne pas dire impossible de; il semble, il devient de plus en plus difficile de; il m'est difficile d'accepter. « Le bonheur, disait M. n'est pas chose aisée. Il est très difficile de le trouver en nous, et impossible de le trouver ailleurs » (Chamfort, Caract. et anecd.,1794, p. 158).La conversation tomba tellement bas qu'il était difficile de la ramasser (Champfl., Souffr. profess. Delteil,1855, p. 104):
5. ... vous l'avez juré, vous vivrez pour moi. Y a-t-il rien de plus misérable, que de songer sans cesse à quitter la vie? Pour un homme de votre caractère, il est si aisé de mourir! croyez-en votre sœur, il est plus difficile de vivre. Chateaubriand, Génie du Christianisme,t. 1, 1803, p. 442.
6. ... s'il est difficile de définir la vie, il ne l'est pas moins de définir la mort. Rien n'est plus embarrassant, pour le biologiste, que de déterminer avec précision le moment où la vie abandonne un organisme. J. Rostand, La Vie et ses problèmes,1939, p. 107.
C'est difficile de + inf. Comme c'est difficile, d'être bon! et j'espère bien ne jamais y arriver (Renard, Journal,1905, p. 970):
7. « Vous plaisantez sans doute, monsieur, mais il est vrai que tous les hommes ont droit à notre admiration. C'est difficile, monsieur, très difficile d'être un homme. » Sartre, La Nausée,1938, p. 154.
P. ell. [Dans la conversation] C'est difficile; pas difficile! Raconte, ça ne sera pas difficile. Mais ce n'est pas tout de l'avoir [l'argent]. Il reste à le garder. Ça, c'est le plus difficile. C'est énormément difficile (Duhamel, Terre promise,1934, p. 27).
C'est difficile à + inf. en emploi abs. C'est, ce n'est pas difficile à dire; cela est difficile à faire, à réussir, à savoir. C'est difficile à faire comprendre (Soulié, Mém. diable,t. 1, 1837, p. 119).Rien n'est plus difficile à connaître que la constitution d'un individu donné (Carrel, L'Homme,1935, p. 293).
Il est difficile que + verbe au subj. (rare). Il est bien difficile que vous vous trompiez (Tocqueville, Corresp. [avec Gobineau], 1858, p. 295).
SYNT. (pour l'ensemble des constr.) Difficile à/de comprendre, concevoir, croire, dire, expliquer, imaginer, penser, reconnaître, résister, trouver, etc.
b) Difficile à + inf. d'un verbe trans. (gén. sans expr. de l'agent).[Qualifiant un mot fonctionnant à la manière d'un compl. d'obj. dir. de cet inf.]
[Se rapporte à un subst. concr.] Métal difficile à travailler, à manier; mot difficile à prononcer (Ac. 1798-1878). Pilule difficile à avaler; chemin, route difficile à suivre. Appétit plus difficile à apaiser qu'à satisfaire (Jouy, L'Hermite,t. 2, 1812, p. 59).Revues difficiles à se procurer (Du Bos, Journal,1924, p. 137).
[Se rapporte à un subst. abstr.] La chose est difficile à croire; sujet délicat difficile à traiter; terminologie difficile à comprendre. Texte difficile à expliquer (Ac. 1878-1932) Cf. abstrus ex. 9.La vérité d'abord est fort difficile à connaître, et il y a très peu d'hommes qui veuillent l'entendre (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 308):
8. La civilisation, messieurs, est un de ces faits-là; fait général, caché, complexe, très difficile, j'en conviens, à décrire, à raconter, mais qui n'en existe pas moins, qui n'en a pas moins droit à être décrit et raconté. Guizot, Hist. gén. de la civilisation en Europe,1releçon, 1828, p. 7.
P. ell. du verbe à l'inf. Demander l'orthographe des mots difficiles.
Proverbial et fig. Jeunesse est difficile à passer. ,,Dans la jeunesse, on a bien de la peine à modérer ses passions`` (Ac. 1835, 1878).
3. Emploi subst. masc. sing. avec valeur de neutre. Le difficile. Ce qui est difficile. Voilà le difficile à savoir; le difficile est de (cf. agacer ex. 9).Le difficile c'est de bouger d'ici; le plus difficile est fait, reste à faire :
9. En sortant du bureau du télégraphe, Leuwen eut l'idée de retourner chez M. l'abbé Disjonval. Le difficile était de retrouver la rue. Il se perdit en effet dans les rues de Caen et finit par entrer dans une église. Stendhal, Lucien Leuwen,t. 3, 1836, p. 159.
B.− [En parlant d'une pers., d'un animé]
1. Qu'on a peine à contenter. Critique, public difficile; se montrer difficile; n'avoir pas le droit d'être difficile. Eh bien! c'est fini [la guerre] Les chefs sont contents, nous n'avons pas besoin d'être plus difficiles qu'eux (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t. 2, 1870, p. 131):
10. ... il rioit des remarques que je faisois sur leur caractère, m'accusoit d'être trop difficile, et me prédisoit gaîment que je finirois comme la fille dont parle le bon La Fontaine. Fiévée, La Dot de Suzette,1798, p. 25.
11. Après cela, j'ai été voir M. Fourcy. L'école polytechnique, les rhumatismes, et l'ode à un savant ont employé toute la visite. Ce qui m'a semblé plaisant, c'est que sa bégueule de femme n'était que médiocrement contente de certains vers et m'avouait qu'elle était fort difficile. Michelet, Journal,1820, p. 121.
Difficile + prép. sur, dans (marquant l'obj. du contentement impossible) + subst.Être difficile sur le choix des mots (Ac. 1835-1932), dans le choix de ses relations.
Être difficile sur la nourriture. Souvent p. ell. gens difficiles; vous êtes difficiles! :
12. Emma devenait difficile, capricieuse. Elle se commandait des plats pour elle, n'y touchait point, un jour ne buvait que du lait, pur, et, le lendemain, des tasses de thé à la douzaine. Flaubert, MmeBovary,t. 1, 1857, p. 75.
[Avec l'art. déf.] Emploi subst. Faire le/la difficile. Se montrer dégoûté, délicat, dédaigneux. Mariez-vous. Ne faites pas la difficile (Balzac, Mais. Nucingen,1838, p. 630).
Spéc. [Sur la nourriture] Quoi? vous faites les difficiles? cette soupe est excellente (Bazin, Vipère,1948, p. 182).
2. Qui, par tempérament est peu agréable à ou pour son entourage. Quel ami quinteux et difficile! il a toujours quelque murmure sous la lèvre (M. de Guérin, Corresp.,1837, p. 297).
[P. méton. du subst.] Caractère, humeur, naturel difficile. C'était un homme simple et bienfaisant mais d'humeur changeante et difficile (Guéhenno, Jean-Jacques,1950, p. 42).
Spécialement
Enfant difficile. Enfant qu'on n'élève pas facilement (cf. aussi Lafon 1963). Synon. indocile, insubordonné; anton. facile, obéissant :
13. Daniel se plaint que cet enfant soit difficile, désobéissant. Mais si ce petit a du caractère, comment s'en étonner? et puis, il faut qu'un garçon ait de l'énergie, de la volonté... Martin du Gard, Les Thibault,Épilogue, 1940, p. 856.
[En parlant d'un animal, surtout d'un cheval] Dont les réactions sont imprévisibles, qui obéit mal. Cheval difficile. Taureau difficile (cf. Montherl., Bestiaires, 1926, p. 537). Si on pouvait me donner un animal un peu difficile, je serais enchanté (Maupass., Contes et nouv., t. 1, À cheval, 1883, p. 399).
3. Difficile à + inf. (gén. sans expr. de l'agent).Personne difficile à contenter, malade difficile à soigner; cheval difficile à ferrer, à monter. Je suis si difficile à connaître que je ne me connais même pas moi-même (Flaub., Souv.,1841, p. 100).
Loc. [Avec l'inf. d'un verbe intrans.] Personne difficile à vivre. Personne peu sociable, peu disposée aux arrangements :
14. ... elle est difficile à vivre (...); elle ne se payera pas de cela. − Eh bien! mon cher, qu'elle nous fasse un procès! voilà qui arrangera tout le monde! un procès, deux procès, vingt procès! que les tribunaux retentissent de ses plaintes! Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 261.
15. Le Français a passé par bien des choses, par la révolution, par la guerre. Un tel homme à coup sûr est difficile à conduire, difficile à associer. Pourquoi? Précisément parce que, comme individu, il a beaucoup de valeur. Michelet, Le Peuple,1846, p. 302.
En partic. Femme difficile à conquérir. [P. ell. de l'inf.] :
16. C'est pour cela que les femmes un peu difficiles, qu'on ne possède pas tout de suite, dont on ne sait même pas tout de suite qu'on pourra jamais les posséder, sont les seules intéressantes. Proust, Le Côté de Guermantes 1,1920, p. 362.
Prononc. et Orth. : [difisil]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Av. 1380 « qui n'est pas facile » (Bersuire, Tite Live, ms. St Geneviève, fo333 vods Gdf. Compl.); p. ext. id. « difficile d'accès » (Id., ibid., fo331a, ibid. : Lieus estroiz et difficilz); 2. 1587 « exigent, qui n'est pas aisé à contenter, à fréquenter » (Lanoue, Discours politiques et militaires ds Littré : Ceste superbe nation ferait la difficile à entrer en alliance avec les chrestiens); 1661 « qui donne de la peine » (Corneille, Sertorius, 817 : De si hautes leçons, Seigneur, sont difficiles). Empr. au lat. class.difficilis « malaisé, pénible »; « chagrin, morose ». Fréq. abs. littér. : 9 250. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 12 358, b) 11 296; xxes. : a) 9 838, b) 16 825.