| DICTION, subst. fém. Manière de dire. A.− Vx. [L'accent est mis sur le choix et l'arrangement des mots] S'il m'étoit permis d'exprimer mon opinion sur le style de ce grand homme [Buffon], j'avouerois franchement que de tous ses ouvrages celui dont la diction m'a paru la plus convenable au sujet, c'est son traité sur les minéraux (Delille, Trois règnes nature,1808, p. XVI): 1. En 1694, il [Racine] composa ses quatre cantiques spirituels que le roi lui avait demandés pour Saint-Cyr. Une lettre de lui à Boileau (de Fontainebleau, 3 octobre 1694), qui roule tout entière sur la correction de quelques strophes, nous montre jusqu'à quel point il était minutieux dans ses scrupules de diction poétique.
Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 5, 1859, p. 507. B.− Usuel. [L'accent est mis sur la qualité de l'articulation, de la prononciation de mots, de vers, etc.] Diction admirable, charmante, poétique; leçon, professeur de diction. Premier prix de diction au conservatoire (Gide, Si le grain,1924, p. 476).Ce charmant vieil homme a gardé les innocentes petites manies de l'ancien professeur de lettres, et soigne sa diction comme ses mains (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1033): 2. ... chose étrange, cette femme, si peuple de langue et de ton, eut dans tout ce récit non seulement une langue orthographiée, mais encore la diction d'une admirable comédienne.
Goncourt, Journal,1859, p. 628. 3. Je ne pouvais même pas, comme pour ses camarades, distinguer dans sa diction et dans son jeu des intonations intelligentes, de beaux gestes. Je l'écoutais comme j'aurais lu Phèdre, ou comme si Phèdre elle-même avait dit en ce moment les choses que j'entendais...
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 449. − P. anal. [En parlant d'une partition musicale] Qualité de la manière d'interpréter. Un seul d'entre eux [les instruments à vent] se fait entendre aisément au milieu de la masse des cordes : d'abord en raison de la différence d'émission et de timbre, ensuite par l'accent plus senti que l'exécutant chargé d'une partie chantante donne instinctivement à la diction musicale (Gevaert, Orchestr.,1885, p. 111): 4. De la diction noble et passionnée de la main droite, de la vérité de ses accents, dépendent la beauté et l'émotion de cette étude.
Cortot, Douze études pour piano op. 25, de Frédéric Chopin,1917, p. 81. Prononc. et Orth. : [diksjɔ
̃]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1176-84 dictïon « mot, expression » (Gautier d'Arras, Eracle, 6287 ds T.-L.); 2. 1549 « manière de dire » (Du Bellay, Deffence, I, 5 ds Hug.). Empr. au lat. class.dictio « action de dire; propos » et « mode d'expression » en lat. impérial, dér. du rad. du supin dictum de dicere « dire ». Fréq. abs. littér. : 136. Bbg. Gohin 1903, p. 295. |