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DICTER, verbe trans.
A.− Prononcer mot à mot un texte de longueur variable pour qu'il soit transcrit sous une forme écrite par une ou plusieurs personnes. Dicter la correspondance, un testament, un journal. Deux généraux s'étaient assis sur la botte de paille, une plume à la main, une feuille de papier sur le genou, et l'empereur leur avait dicté l'ordre de bataille (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 388).
En partic. [En vue d'une épreuve destinée à vérifier l'orthographe des élèves] :
1. On sursaute, Roubaud a parlé dans le silence : « Épreuve d'orthographe, Mesdemoiselles, veuillez écrire : je ne répète qu'une seule fois la phrase que je dicte. » Il commence la dictée en se promenant dans la classe. Grand silence recueilli. Dame! Les cinq sixièmes de ces petites jouent leur avenir. Colette, Claudine à l'école,1900, p. 195.
B.− Au fig. Suggérer ou plus généralement imposer autoritairement à quelqu'un le détail, donné pour ainsi dire mot à mot, de ce qu'il doit dire ou faire. Dicter sa volonté; dicter des ordres.
1. [Le suj. désigne une pers.] Monsieur le comte, interrompit sir Arthur d'un ton impertinent, nous ne sommes venus ici que pour vous dicter nos conditions (Ponson du Terr., Rocambole,t. 1, 1859, p. 341).Offensé par cette figure [d'un comte italien], Antoine se dictait de ne point adresser la parole au comte et de le mépriser dans son âme (Noailles, Domination,1905, p. 96):
2. Avant six mois, on aurait conquis la terre, on dicterait des lois aux patrons, s'ils faisaient les méchants. Zola, Germinal,1885, p. 1255.
Rare, en emploi abs. Ah! s'il y consentait lui, elle pourrait lui dicter! Il n'est bon, l'animal, qu'à servir de récepteur, d'écho (Arnoux, Roi,1956, p. 39).
2. [Le suj. désigne un inanimé abstr. (sentiment, désir, etc.)] Dicter un arrêt, la conduite, des aveux. Le sentiment le plus bas avait dicté ce choix (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 16).Mmede Rénal trouvait des raisons pour faire ce que son cœur lui dictait (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 421):
3. Il prit Suzanne par la taille, avec cette liberté de mouvement qui lui dictait toutes ses attitudes et tous ses gestes, et il entraîna la jeune femme vers le fond du jardin. Duhamel, Chronique des Pasquier,Suzanne et les jeunes hommes, 1941, p. 189.
Rem. On rencontre ds la docum. a) Dictable, adj., rare. Digne d'être dicté. J'ai tenté de dicter et aucune matière dictable ne jaillissait de mon esprit (Arnoux, Chiffre, 1926, p. 149). b) Dicteur, subst. masc. Personne dont l'occupation ordinaire est de dicter. Dicteurs de rapports (Id., Paris, 1939, p. 279). Dicteur des lois (G. d'Esparbès, Demi-solde, 1899, p. 181).
Prononc. et Orth. : [dikte], (je) dicte [dikt]. Ds Ac. dep. 1694. Homon. (de dictons) : dicton. Étymol. et Hist. 1. Av. 1483 « rédiger » lettre dictée (Louis XI, Nouv. XXXVII ds Littré); 2. 1580 « prescrire » (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, I, LVI, p. 354); 3. 1606 « prononcer à haute voix » (Nicot). Empr. au lat. class.dictare « dicter, prescrire », fréquentatif de dicere « dire ». A remplacé l'a. fr. ditier [1. 1174-76 « rédiger, composer une lettre » (Guernes de Pont-Sainte-Maxence, Vie de St Thomas, éd. E. Walberg, 3183), 2. ca 1200 [il] apelat son escrivain se li deitat dizanz (Dialogue Gregoire, 126, 15 ds T.-L.), 3. ca 1200 « prescrire, ordonner » (Dialogue Gregoire, 256, 11, ibid.)]. Fréq. abs. littér. : 1 690. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 879, b) 1 332; xxes. : a) 1 271, b) 3 249.